jeudi 12 novembre 2020

Le « quarteron de généraux en retraite » a encore frappé [Actu]

En Argentine, les "dinosaures" désignent les réactionnaires
favorables à la dernière dictature militaire
dans le lexique qui règne à gauche


Alors que le président Alberto Fernández s’efforce de normaliser la place des forces armées dans la nation argentine, non sans courage eu égard au puissant antimilitarisme des militants de gauche, voilà un groupe d’officiers supérieurs en retraite qui sont sortis hier de leur naphtaline pour refaire surface en mode « gouvernement militaire en formation » pour « mettre au pas le pays » et en finir avec « la chienlit ». Ils ont monté un bureau de liaison et se « tiennent prêts » pour prendre en main la sécurité intérieure et extérieure du pays. Mais de quoi je me mêle !

Décidément, cette crise du covid rend fou ! En France, le général de Villiers, qui s’était atttiré beaucoup d’admiration de tous côtés pour la dignité avec laquelle il s’était retiré devant les manières odieuses du président de la République et les indiscrétions perfides de quelques députés enivrés de leur récente élection et manifestement incompétents, se répand en annonces fracassantes au Figaro. Au Pérou, un chef d’entreprise déguisé récemment en parlementaire pas franc du collier fait tomber un président de gauche très digne uniquement pour prendre sa place et en avançant des accusations pour le moins ténues et en Argentine, ces anciens chefs militaires et policiers revendiquent de prendre les rênes du pays, en répétant une opération très douteuse qu’ils avaient déjà menée en 2004 contre un précédent nouveau chef d’État, de gauche et péroniste, Néstor Kirchner, le président dont Alberto Fernández avait été premier ministre. On prend les mêmes et on recommence.

Mais n’est pas De Gaulle qui veut, surtout quand on essaie de se glisser dans le bel uniforme du svelte général José de San Martín et qu’on a pris trop de ventre pour y parvenir ! (1)

En démocratie, il s’agit de cultiver les libertés publiques et non pas de les abolir.

La principale association des anciens combattants des Malouines, que le groupe subversif a tenté d’impliquer dans ce coup méprisable, s’est désolidarisé de la manœuvre et a dénoncé par communiqué de presse le mensonge de ces tristes sires et l’illégalité de leur démarche.


© Denise Anne Clavilier

Pour en savoir plus :


Ajouts du 13 novembre 2020 :

Cinq des six associations liées à l’appel du quarteron l’ont déjà dénoncé. La presse relaie l’info de manière divergente selon les a priori idéologiques de chaque titre. Clarín et La Nación ont réglé le problème d’une manière simple : ils n’en disent rien. A ce propos,



(1) San Martín était profondément hostile aux gouvernements militaires, par-dessus tout en temps de paix et de stabilité institutionnelle. Il l’a écrit à plusieurs reprises, en particulier en 1829 lorsqu’on lui a proposé de prendre le pouvoir à Buenos Aires pour remettre la société au pas et qu’il a fermement refusé, comme le prouvent les sources que j’ai publiées dans San Martín par lui-même et par ses contemporains, Éditions du Jasmin. Le pauvre général doit se retourner une nouvelle fois dans sa très inconfortable tombe dans la cathédrale de Buenos Aires. En Argentine, tous les putschistes de l’ère constitutionnelle se sont toujours recommandés de San Martín. Tous ils ont ainsi sali sa mémoire et sa réputation.