Le Congrès argentin débat actuellement d’un projet de loi gouvernemental qui établirait une contribution exceptionnelle dont devront s’acquitter les détenteurs de grandes fortunes. Il s’agit, en temps de cirse, d’augmenter les recettes de l’État en faisant participer un peu plus les plus hauts revenus à la solidarité nationale. Cette contribution doit établi pour un an.
Même en ces circonstances tout à fait exceptionnelles, qui mêlent une crise sanitaire planétaire et un endettement national record (provoqué par un gouvernement de droite pro-business qui n’a pas consulté le Congrès pour contracter ces emprunts excessifs), c’est trop demander : l’Association des Entrepreneurs Argentins est déjà montée sur ses grands chevaux pour dénoncer « une atteinte à la propriété privée » et avec elle d’autres organismes patronaux (chambres de commerce, fédération de l’industrie, etc.)
Et les quotidiens mainstream de leur emboîter le pas comme un seul homme pour contester le bien-fondé d’une telle mesure fiscale. Comment voulez-vous construire un pays et une démocratie qui fasse autre chose que du yoyo avec une élite sociale et économique qui refuse à ce point de s’associer aux destinées de son propre pays et ne cherche qu’une chose : exploiter ses richesses pour s’enrichir sans jamais rien redistribuer ? On est vraiment très loin du comportement de Belgrano et de San Martín dont ces gens se réclament si facilement et qu’ils trahissent presque toujours.
Dans la vignette du jour, à la une de Página/12, Daniel Paz et Rudy n’ont pas résisté au plaisir de se payer la tête de cette oligarchie et moquer son impudence sans limite en mêlant dans un même dessin ses deux positions rétrogrades du moment : le rejet de l’impôt solidaire sur la fortune et celui de la légalisation de l’avortement (1), examiné depuis peu en commission.
© Denise Anne Clavilier
(1) Comme toujours en l’absence de législation encadrant l’avortement, ce sont les femmes pauvres qui payent le prix fort et doivent, le cas échéant, passer par l’avortement clandestin. Elles y laissent trop souvent la vie. Les autres s’envolent pour le Canada ou l’Europe où elles avortent dans des cliniques avant de rentrer au pays ni vu ni connu je t’embrouille sans jamais prendre le risque de passer en jugement. En revanche, les femmes pauvres encourent beaucoup plus ce risque puisqu’il arrive qu’elles soient dénoncées par le médecins qui les prend en charge lorsqu’elles arrivent à l’hôpital parce qu’elles sont en train de se vider de leur sang.