La photo de groupe dans le Museo del Bicentenario En rouge, on reconnaît la ministre de la Santé Photo Casa Rosada |
Hier, le président argentin, Alberto Fernández, a convié au Museo del Bicentenario (1) des représentants des soignants du secteur public et leur a annoncé l’institution d’une prime mensuelle qui leur sera versée pendant un trimestre, à hauteur de 6 500 pesos/mois, sans distinction hiérarchique, pour les remercier de leur labeur depuis plus d’un an. Cette prime sera versée à 740 000 salariés du secteur public. Après avoir consulté plusieurs gouverneurs qui ont accepté la réunion par Zoom, il a également annoncé 10 150 millions d’investissements dans le réseau d’urgence sanitaire fédéral, ce qui devrait aboutir à la création de 1 415 lits d’hôpital dans tout le pays. Avec cette nouvelle injection de fonds, ce sont 262 chantiers qui auront été entrepris depuis le début de la crise sanitaire dans un secteur public, la santé, qui aura été délaissé par le gouvernement antérieur (qui préférait encourager et renforcer le privé dans ce domaine comme dans les autres).
Le président a profité de l’occasion pour décocher quelques flèches contre l’opposition, en particulier contre le chef de gouvernement de la Ville Autonome de Buenos Aires qui a obtenu de la justice portègne un référé l’autorisant à maintenir les écoles ouvertes, malgré le décret présidentiel qui impose l’inverse (2).
Par ces
annonces publiques, le président, qui participe à la campagne
électorale puisqu’il a été élu président du parti
justicialiste (les péronistes) il y a quelques semaines, espère
aussi étouffer les critiques émanant des soignants qui avaient très
mal interprété une phrase de son discours de jeudi soir.
En jaune : "la Cour va se prononcer"
En bas : "une réparation en trois mensualités"
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A deux endroits distants de son allocution, Alberto Fernández avait en effet commis l’erreur d’utiliser le même verbe (se relâcher, relajarse) pour désigner deux choses différentes : d’une part l’attitude négligente et donc critiquable d’une partie du public qui abandonne peu à peu les gestes barrières et d’autre part la baisse de la tension ressentie (avec soulagement) dans les services hospitaliers quand, cet été, la situation sanitaire a paru s’améliorer (mais c’était temporaire puisque la nouvelle vague épidémique n’a pas tardé à tendre tout le secteur à nouveau peu avant la Semaine sainte). Or depuis la rentrée, en mars, plusieurs soignants sont morts du covid et leurs familles et collègues avaient cru comprendre que le président les rendait responsables de ces tragédies. Ce malentendu a soulevé une grogne que les réseaux sociaux et la presse ont montée en épingle et renforcée, comme d’habitude.
Quelques mois avant les élections de mi-mandat qui devraient intervenir en octobre, alors que la campagne de vaccination est si difficile à organiser parce que la production de vaccins est insuffisante au niveau mondial et que l’opposition ne recule devant rien pour discréditer le gouvernement, il était urgent de réparer cette brèche. C’est peut-être fait. L’avenir nous le dira.
Pour aller
plus loin :
(1) Il s’agit
du musée de la Casa Rosada, installé dans les vestiges de l’ancien
fort colonial de Buenos Aires, qui fut le lieu où vivaient les
vice-rois avant 1810 puis les différentes autorités politiques
révolutionnaires puis post-coloniales jusqu’à sa destruction et
son remplacement par le palais actuel. Sous Mauricio Macri, le musée
a été débaptisé. Il a retrouvé l’ancien nom de musée de la
Casa Rosada, qui correspondait à une petite partie du palais où
était présentée une exposition permanente de documents et d’objets
liés aux chefs d’État argentins depuis le premier président,
Bernardino Rivadavia (1780-1842) jusqu’à l’accession au pouvoir
de Néstor Kirchner en 2003. Alberto Fernández lui a redonné son
nom, celui qui lui avait été attribué en 2010, l’année de
l’inauguration de ces lieux découverts grâce à des fouilles
archéologiques et mis en valeur par la suite par une équipe
muséographique de grand talent.