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Ils n’étaient qu’une poignée mais ils étaient particulièrement remontés : absence de masque, slogans négationnistes, hurlements. Ils se sont rassemblés à Buenos Aires d’abord devant l’Obélisque avant la tombée de la nuit puis de nuit sur Plaza de Mayo, à Olivos devant le portail de la résidence présidentielle, dans quelques grandes villes comme Mar del Plata (province de Buenos Aires) et Rosario (province de Santa Fe) mais également, à quelques uns seulement, au centre de diverses capitales provinciales. Les manifestations avaient pour origine des mots d’ordre diffusés à travers les réseaux sociaux dans la complosphère, eux-mêmes parfois relayés par des personnalités de droite visiblement désireuses d’en découdre avec la majorité nationale.
Cette fois-ci, les journaux y
compris d’opposition n’ont pas fait de zèle pour relayer les
théories délirantes des manifestants, dont six ont été brièvement
arrêtés au cours de cette nuit un peu agitée.
"La banlieue au niveau 2 du confinement et on envisage des restrictions supplémentaires", dit le gros titre rouge Cliquez sur l'image pour une haute résolution |
Tandis que Página/12
empile les arguments en faveur d’une fermeture très temporaire des
écoles pour casser la courbe du covid, sauver des vies et préserver
le système de santé, en faisant un point sur les solutions adoptées
par des pays gouvernés à droite et où le confinement n’est pas
une plaisanterie (Israël,
où tout a été fermé à double-tour malgré le rythme de
vaccination le plus rapide du monde, l’Uruguay,
où l’on s’apprête à faire voter une loi punissant de deux ans
de prison toute rupture du confinement, et même
l’Inde, où les contagions explosent après la fête
carnavalesque du Holi et la réouverture des écoles), les trois
autres quotidiens nationaux se font plus discrets : ils n’ont
guère d’arguments à faire valoir contre les mesures annoncées
par le gouvernement argentin jeudi soir, ils se contentent pour les
plus agressifs de publier des analyses politiques où leurs
éditorialistes écharpent les gouvernants en tâchant d’ignorer
que l’Argentine et les pays voisins ont affaire à un virus qui
n’obéit à aucun ordre et qu’on n’intimide pas en le menaçant
du doigt.
La Nación va jusqu’à
se faire l’écho des assurances que la rédaction a reçues des
cercles gouvernementaux selon lesquels le président fera rouvrir les
écoles dès que l’occupation des lits d’hôpital baissera. Ce
qui dépend un peu de la capacité des citoyens à se plier aux
mesures de semi-confinement contenues dans le décret présidentiel.
Ces questions dépendent maintenant d’un arrêt de la Cour suprême, ce que le président déplore : ce sont des questions politiques qui ne devraient pas être judiciarisées mais qui devraient pouvoir être réglées par la bonne volonté de tous en vue de l’intérêt général. Pour l’instant, il semble que les enjeux électoraux et partisans passent devant les enjeux sanitaires et concrets pour une bonne partie de la droite. On ignore quand la Cour se prononcera alors que les écoles doivent fermer demain pour 15 jours.
Pour aller plus loin :
lire l’éditorial du rédacteur en chef de La Prensa, le très droitier Sergio Crivelli