Il y a quelques jours, Mauricio Macri, l’ancien président argentin, s’est envolé pour Miami (ce qui est interdit, les frontières étant fermées et les voyages à l’étranger restreints aux motifs professionnels impératifs quand le télétravail est impossible et aux motifs familiaux de force majeure). Là-bas, il était attendu pour prendre la parole lors d’un séminaire intitulé « Pour défendre la démocratie ». A Miami, on "défend" souvent la démocratie en crachant sur Joe Biden et en portant aux nues Donald Trump. C’est une façon particulière de le faire !
Une fois au micro, il ne s’est pas privé de dire tout le mal qu’il pense du gouvernement démocratiquement élu dans son pays et qui lui a succédé. Pour le moins un manque d’élégance. José de San Martín, le Père de la Patrie, aurait été outré qu’un chef d’État de son pays de naissance tente ainsi de discréditer son successeur. Mais bon ! Macri ne connaît rien de San Martín et de son sens de l’honneur. Il vient encore de le prouver en tweetant il y a quelques heures qu’il venait de se faire vacciner dans une pharmacie de Miami avec l’unidose de Johnson & Johnson. Son tweet est pour lui une nouvelle occasion de s’efforcer de ridiculiser son successeur et les difficultés monstrueuses qu’il rencontre dans la campagne de vaccination dans un pays dont la politique de Macri a détruit une nouvelle fois l’économie et les finances publiques.
Cette
fanfaronnade n’a pas échappé aux journalistes toutes couleurs
politiques confondues (hors La Prensa) car en février, le
même Mauricio Macri avait promis qu’il se ferait vacciner que
lorsqu’en Argentine, tous les soignants et toutes les personnes à
risque auraient reçu leurs doses, ce qui est loin d’être le cas.
Il est probable qu’il a oublié sa promesse qui n’était qu’une
réaction démagogique au « scandale » des vaccinés VIP
(quelques dizaines de copains de l’ancien ministre de la Santé qui
avaient bénéficié d’un passe-droit, dont j’ai parlé dans ce
blog).
"Une rose noire", titre l'édition de Rosario du quotidien Página/12 Cliquez sur l'image pour une haute résolution |
Le jour même, l’Argentine apprend la disparition d’un ténor de la politique après deux semaines en soins intensifs pour lutter contre le covid. L’homme, Miguel Lifschitz, était actuellement le président de la Legislatura de la province de Santa Fe dont il avait été un excellent gouverneur après avoir été le maire de la ville de Rosario. Miguel Lifschitz était un des leaders du socialisme argentin, qui n’a jamais fait son unité et se répartit toujours en une multitude de partis. Il avait 65 ans et ne souffrait d’aucune comorbidité notable.
Pour
aller plus loin :
lire l’article de Página/12
lire l’article de Clarín
lire l’article de La Nación