L'information est traitée à travers la photo principale qui montre le condamné dans la rue du tribunal Cliquez sur l'image pour une haute résolution |
On attendait le verdict dans le procès attenté à Luis Chocobar, ce policier qui, se trouvant en repos et en dehors de sa juridiction, a tué un délinquant qui lui tournait le dos et s’enfuyait et qui, en outre, en récompense de son acte qui brillait par sa lâcheté, avait été reçu en 2017 avec tous les honneurs au palais présidentiel par le président Mauricio Macri, aujourd’hui dans l’opposition.
En première
instance, la sentence se révèle très légère eu égard à la
gravité des faits. Il est reconnu coupable (c’est déjà ça) mais
il n’écope que de deux ans de prison avec sursis assortis de cinq
ans d’interdiction d’exercer une fonction publique (il ne pourra
plus être employé par l’État pendant ce temps, que ce soit au
niveau fédéral, provincial ou municipal).
Photo centrale à la une de La Nación "Chocobar condamné mais il n'ira pas en prison" Cliquez sur l'image pour une haute résolution |
L’homme est ressorti du tribunal et dehors il a été accueilli par une assez grosse foule de sympathisants qui l’ont chaleureusement acclamé. Il ne regrette rien de l’affaire qui a coûté la vie à un jeune qui n’avait pas encore 18 ans, mort d’une balle dans le dos, après avoir agressé à l’arme blanche un touriste à qui la médecine argentine a rendu toute sa santé.
Jamais en
retard d’un propos provocateur alors que la campagne électorale de
mi-mandat bat déjà son plein, l’ancien président Mauricio Macri
et la présidente de son parti, Patricia Bullrich, se sont précipités
pour dire tout le mal qu’ils pensaient de cette décision de
justice et regretter qu’un homme « qui a fait son devoir en
protégeant les honnêtes gens » ait été condamné par un
tribunal argentin. Pourtant, l’ancien policier a bel et bien été
reconnu coupable d’avoir précisément fait dans ces circonstances
un usage abusif de la notion de devoir professionnel.
Article secondaire à la une de Página/12 "Faites attention parce qu'il est libre" Une citation de Chorra, un grand classique du tango, que l'on doit au génie de Enrique Santos Discépolo (Je l'ai traduit dans Barrio de Tango, recueil bilingue de tangos argentins) L'image montre l'étreinte que Patricia Bullrich est allée donner à l'ex-policier et oubliez les gestes barrières |
Elle aussi
mécontente de cette décision, la défense du condamné a déjà
fait savoir qu’elle entendait faire appel pour obtenir la relaxe
pure et simple et que cette affaire irait, si besoin était, jusqu’à
la Cour suprême. Stupéfiante et consternante impudence !
Les organismes de droits de l’homme sont vent debout contre ce blanc-seing donné à la violence policière dans un État de droit. Les journaux quant à eux sont surpris et même à droite, on ne cautionne pas vraiment ce laxisme, sauf La Prensa, qui avait titré hier, avant que le verdict ne soit connu, que Chocobar était tout à fait innocent (« reinocente »). Et c’est un journal catholique !
Pour aller
plus loin :
lire l’article de La Prensa aujourd’hui
lire l’article de Clarín qui essaye tant bien que mal de ne fâcher personne
lire l’article de La Nación qui se demande ce qu’il faut faire lorsqu’un malfaiteur armé prend la fuite.