dimanche 23 mai 2021

Le prix de la viande et les mannes de Atahualpa Yupanqui [Actu]

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En ce dimanche matin, prélude à un long week-end de fête nationale, Página/12 consacre sa une au scandale du prix exorbitant de la viande et au boycott qu’ont entamé les producteurs pour ne plus livrer leur produit au marché intérieur jusqu’à ce que le gouvernement fasse marche arrière et leur rouvre le droit d’exporter et de récolter beaucoup de devises (voir mon article du 19 mai 2021 à ce suet).

Pour illustrer le propos, la rédaction a choisi un dessin de Daniel Paz qui met dans la bouche de sa caricature d’oligarque imbécile et obtus une surprenante version d’une très belle chanson du grand Atahualpa Yupanqui, l’un des plus grands auteurs-compositeurs interprète du folklore du nord-ouest argentin : El arriero va (Marche le bouvier). Cette chanson très triste, écrite en 1944, raconte la vie laborieuse et sans joie d’un bouvier à gages qui s’occupe du troupeau d’un patron qu’il ne connaît même pas.

Daniel Paz utilise ici le refrain :

Las penas y las vaquitas
se van por la misma senda
Las penas son de nosotros
las vaquitas son ajenas.

Les peines et les bêtes
suivent le même chemin
Les peines sont les nôtres
Les bêtes sont à d’autres.
Traduction © Denise Anne Clavilier


Sur la une du journal, on lit dans les bulles :
D’un côté, il y a les bêtes.
De l’autre côté, il y a les peines.
Devine lesquelles des deux sont pour la consommation intérieure !
Traduction © Denise Anne Clavilier

Atahualpa Yupanqui a dû quitter son pays sous la dictature militaire. Ses idées étaient beaucoup trop progressistes pour les nouveaux maîtres de l’Argentine. D’autant qu’il avait un temps été membre du parti communiste (ça n’avait pas duré longtemps !).


Le grand poète, qui avait choisi pour nom d’artiste celui du dernier Inca, assassiné par le conquistador du Pérou, Francisco Pizarro, était né dans la province de Buenos Aires, en 1908. Il est mort en France, à Nîmes, un jour comme aujourd'hui, le 23 mai 1992, il y aura trente ans l’année prochaine.

© Denise Anne Clavilier

Pour aller plus loin :