Même pas besoin de traduire ! |
L’annonce en a été faite hier très officiellement en presque direct à la télévision publique argentine : l’Argentine et le Mexique ont réussi à sortir les premières doses latino-américaines du vaccin Astra-Zeneca. L’Argentine a produit le principe actif, l’a expédié au Mexique qui est en charge des excipients et assure le conditionnement en flacons.
A peine les dernières notes du Te Deum national expédiées en direct depuis une cathédrale de Buenos Aires réservée au maigre clergé résident, TV Pública a enchaîné sur un flash spécial : la retransmission en très léger différé d’une annonce faite ensemble par visioconférence par le président Alberto Fernández depuis sa résidence de Olivos (dans la banlieue nord-ouest de Buenos Aires) et le président Andrés Manuel López Obrador à Mexico.
Le pays de
l’hémisphère nord expédie actuellement les 80 000 premières doses, qui
vont compléter la panoplie vaccinale de son partenaire de
l’hémisphère sud et assurer aux deux pays et à leurs voisins un
début d’autonomie en la matière dans la présente crise.
"Assez de mesquineries", a demandé l'archevêque de Buenos Aires, primat d'Argentine Cliquez sur l'image pour une haute résolution |
Si Página/12
claironne la nouvelle et en fait sa une, il va sans dire que les
autres titres de la presse quotidienne sont bien en peine d’y faire
écho. C’est d’ailleurs le signe indubitable qu’il s’agit
bien là d’un grand succès du gouvernement. Ou plus exactement de l'alliance de deux pays gouvernés à gauche. Difficile d’y faire
allusion en pleine campagne électorale lorsque les quotidiens sont
ouvertement partisans (tout prétendant être objectifs, bien entendu).
Les autres journaux préfèrent donc tenter de convaincre leurs lecteurs que le gouvernement rate tout ce qu’il fait, même quand le dernier grossier mensonge de cette opération va de faire flop : des accusations grossières portées par Patricia Bullrich, la très trumpienne présidente du PRO (le parti néolibéral constitué par et autour de Mauricio Macri), contre le gouvernement prétendant que celui-ci tâchait d’obtenir des dessous-de-table de Pfizer et que c’était là la raison pour laquelle le vaccin de ce laboratoire se faisait attendre en Argentine. Tout s’est dégonflé, le laboratoire lui-même s'empressant de démentir fermement ces propos et leur auteure étant obligée de se rétracter récemment devant la menace d’un procès en diffamation. La presse mainstream s’est donc mise en quête d’autres motifs pour discréditer la majorité en place.
Elle fait donc
son beurre aujourd’hui avec l’homélie d’hier du cardinal Mario Poli
qui a appelé tous les responsables politiques à taire leurs
différends stériles et à mettre un peu de bonne volonté dans la
résolution de la crise, le tout en citant Manuel Belgrano (mais
cause toujours, tu m’intéresses : la sagesse du
révolutionnaire est complètement instrumentalisée par l’opposition
au profit des intérêts à court terme de la droite). Elle se repaît
aussi de quelques marches qui se sont produites ici ou là, très peu
massives à en croire les photos et les vidéos qui sont publiées :
non contents de violer le confinement et de hurler sans masque dans
l’espace public mais avec des grands drapeaux (dont on ne voit pas
bien quel rapport ils ont avec la diffusion massive d’un virus),
les manifestants répandaient leurs théories conspirationnistes,
anti-vaccin, anti-distanciation. Délire sévère répandu par la
branche argentine d’une association de médecins complotistes
fondée en Espagne contre Bill Gates et répandue dans toute l’ère
hispanophone (médicos
para la verdad Argentina).
Mêmes choix rédactionnels que Clarín Avec un plus : les manifestations sont qualifiées de "larges" Il suffit de regarder la photo pour s'en convaincre ! Cliquez sur l'image pour une haute résolution |
Les hommes sont donc les mêmes sous toutes les latitudes et ils n’ont guère progressé en sagesse depuis les grandes épidémies du Moyen-Age. Les mêmes paniques, les mêmes défaites de la raison, la même agressivité contre tout ce qui ressemble à de la diversité intellectuelle et culturelle parmi leurs semblables. Il a fort à parier que ces gens vont reprendre leur cirque le 20 juin prochain (pour la fête du drapeau) et le 9 juillet (pour la fête de l’Indépendance).
Pour aller
plus loin :
lire l’article de Página/12