jeudi 28 janvier 2016

Dans les Douze Travaux de Macri, voici les Ecuries d'Augias [Actu]

La carte de la corruption en 2015 par Transparency International
On voit clairement la tache de l'Uruguay et le filet du Chili en orange clair
comme la France et les Etats-Unis

On entre maintenant dans le dur : Mauricio Macri avait promis une lutte sans merci contre la corruption, un mal endémique qui ronge la vie institutionnelle argentine depuis l'époque coloniale. Il est probable qu'il doive son élection à cet engagement. Un mois et demi après sa prestation de serment, les promesses électorales aboutissent à des décisions concrètes et originales. Et celle qu'a annoncée hier Laura Alonso, directrice du Bureau anti-corruption, en fait partie. En profitant de la publication du rapport de Transparency International sur la perception de la corruption dans 168 pays de l'ONU (1), elle a annoncé que, dès le 1er mars, lors de la rentrée parlementaire, le Gouvernement soumettrait au Congrès un projet de loi accordant un régime judiciaire spécial aux repentis en matière de corruption. Ce régime fera partie de la révision du code pénal envisagé par le ministère de la Justice, pour remplacer la réforme kirchneriste qui avait été très critiqué par l'opposition en son temps.

Et sans doute est-ce ce qu'il faut faire car en Argentine, la corruption est un système délibéré, généralisé, très complexe et particulièrement verrouillé, qui touche toutes les formations politiques dites de gouvernement et à peu près tous les organismes politiques : gouvernements nationaux, provinciaux, municipaux, assemblées législatives sur ces trois mêmes niveaux et toutes les institutions qui en découlent, justice, musées, universités, écoles, hôpitaux, travaux publics, etc. Le Brésil dispose lui aussi de semblables dispositifs dans son actuelle et encore partielle opération Mains Propres.

Accorder aux repentis un régime privilégié est en effet la seule manière de s'attaquer au problème avec quelque chance de réussir, comme cela s'est pratiqué en Europe pour l'évasion fiscale et en Italie pour le crime organisé.

Simultanément, deux autres projets de loi seront présentés, l'un concerne la publicité de l'information et la confiscation des biens mal acquis par les titulaires de charges politiques qui auront été convaincus de corruption.

Il n'en reste pas moins qu'il va être très difficile d'obtenir un vote favorable au Congrès puisque le FpV (Frente para la Victoria) est majoritaire au Sénat et que c'est dans ses rangs qu'on risque de trouver le plus grand nombre de scandales, puisque ce sont eux qui étaient au pouvoir depuis l'élection de Néstor Kirchner en 2003...

Il est à noter que Página/12, qui a toujours soutenu le FpV depuis l'accession au pouvoir de Néstor Kirchner, n'en dit pas un mot dans son édition de ce jour.

Pour aller plus loin :
lire l'article de La Prensa sur le dernier rapport de Transparency International qui met l'Argentine très bas dans son indice de perception de la corruption
lire le communiqué de la section française de Transparency International.



(1) Ce rapport 2015 classe l'Argentine au 107e rang des pays par ordre croissant de perception de la corruption, le Danemark occupant la première place. Ce rang n° 107 est aussi celui du Togo, de la Côte d'Ivoire, de l'Equateur et du Belarus. L'Uruguay et le Chili occupent quant à eux la première place pour le continent sud-américain. L'Argentine a perdu deux points au cours de la dernière année, ce qui correspond assez bien avec la perception des gens qui ont voté pour Cambiemos, l'alliance électorale de centre-droit conduite par Macri.