Le plan Precios Cuidados (prix
protégés) est un accord négocié par le Gouvernement de
Cristina Kirchner avec la grande distribution et l'industrie
agro-alimentaire en vue de contrôler une partie des prix à la
consommation et de limiter les effets de l'inflation sur le panier de la
ménagère. Il était plus ou moins respecté dans les points de
vente des enseignes participantes (pratiquement tous les grands groupes du secteur). Personnellement, en faisant mes courses à Buenos Aires (et aussi à Mendoza l'hiver dernier), j'ai pu constater que les produits étaient souvent en rupture de stock ou en réassortiment hasardeux dans les magasins. On a du mal à savoir
s'il s'agissait de difficultés de gestion de stock sur les points de
vente (les Argentins ne sont pas très efficaces en matière de
gestion prévisionnelle, ils le sont en revanche beaucoup dans
l'improvisation) ou si ces ruptures résultaient d'une politique
délibérée des fournisseurs (l'industrie agro-alimentaire, avec des
gros groupes comme Sancor ou Mastellone, étant notoirement hostile à
ce type de mesures qui rognent sur ses bénéfices et d'autant plus
hostiles qu'ils sont des filiales de géants internationaux qui veulent
dégager de la rentabilité à tout crin).
Au niveau des points de vente, ce plan
devait attirer sensiblement la clientèle car il avait grossi au fil
des années et les petits supermarchés indépendants, les chinos,
avaient fini par le rejoindre... Ces derniers mois, tout au long du
printemps, les Precios Cuidados avaient presque disparu des
linéaires, selon les relevés effectués par une association de
défense des consommateurs. Les acteurs du secteur auraient attendu
le résultat des élections en pariant sur une victoire de Mauricio
Macri, celle-ci signifiant une dérégulation du marché (qui ne se
produit pas avec la brutalité redoutée par les organisations de
consommateurs... et annoncée par le candidat pendant la campagne).
Aujourd'hui même, la dernière
négociation menée par le gouvernement sortant arrivait à échéance. Le plan
a donc été renouvelé pour quatre mois mais sur un panier réduit à
308 produits dont l'éventuelle augmentation devra se situer entre 4
et 9% sur l'ensemble de la période. Jusqu'à aujourd'hui, le panier comptait 512 produits. En ont été exclus les produits non alimentaires, la parfumerie, l'hygiène corporelle et la propreté domestique. Ce
sera donc la dernière prolongation du plan, quatre mois pendant lesquels,
prudent, le Gouvernement se donne le temps de se retourner et de
préparer une autre stratégie de contrôle de l'inflation. D'après
Página/12, pour remplacer Precios Cuidados, le ministère songerait
à créer un taux de TVA (IVA) réduit sur les produits alimentaires
de consommation courante (tel que cela se pratique dans l'Union
Européenne).
En revanche, le plan de financement
Ahora 12, un crédit remboursable en douze mois sans intérêt,
devrait être maintenu cette année.
Pour en savoir plus :
lire l'article de Página/12
Ajout du 8 janvier 2016 :
lire aussi l'article de ce jour dans La Nación qui remarque que la viande et les légumes ont eux aussi été exclus du plan Precios Cuidados (personnellement, je n'ai jamais vu ni viande ni légumes signalés par le logo de l'opération dans les supermarchés, je n'ai jamais vu que des produits d'épicerie et des laitages).
Ajout du 10 janvier 2016 :
lire l'article de Clarín, très critique, voire ironique et mordant, sur la composition du nouveau panier de Precios Cuidados. Sous prétexte d'enlever tout ce qui n'était pas strictement indispensable, on a donc enlevé les fruits et les légumes, y compris les pommes de terre dont les Argentins sont aussi friands que les Irlandais, la viande, les légumineuses et la polenta, trois éléments de base de la diète argentine, mais on a conservé quatre marques de vin et un de Fernet Branca, le composant italien du sacro-saint apéritif national, le Fernet-Coca...
Ajout du 8 janvier 2016 :
lire aussi l'article de ce jour dans La Nación qui remarque que la viande et les légumes ont eux aussi été exclus du plan Precios Cuidados (personnellement, je n'ai jamais vu ni viande ni légumes signalés par le logo de l'opération dans les supermarchés, je n'ai jamais vu que des produits d'épicerie et des laitages).
Ajout du 10 janvier 2016 :
lire l'article de Clarín, très critique, voire ironique et mordant, sur la composition du nouveau panier de Precios Cuidados. Sous prétexte d'enlever tout ce qui n'était pas strictement indispensable, on a donc enlevé les fruits et les légumes, y compris les pommes de terre dont les Argentins sont aussi friands que les Irlandais, la viande, les légumineuses et la polenta, trois éléments de base de la diète argentine, mais on a conservé quatre marques de vin et un de Fernet Branca, le composant italien du sacro-saint apéritif national, le Fernet-Coca...