La carte de la corruption en 2015 par Transparency International On voit clairement la tache de l'Uruguay et le filet du Chili en orange clair comme la France et les Etats-Unis |
On entre maintenant dans le dur :
Mauricio Macri avait promis une lutte sans merci contre la
corruption, un mal endémique qui ronge la vie institutionnelle
argentine depuis l'époque coloniale. Il est probable qu'il doive son
élection à cet engagement. Un mois et demi après sa prestation de
serment, les promesses électorales aboutissent à des décisions
concrètes et originales. Et celle qu'a annoncée hier Laura Alonso,
directrice du Bureau anti-corruption, en fait partie. En profitant de
la publication du rapport de Transparency International sur la
perception de la corruption dans 168 pays de l'ONU (1), elle a
annoncé que, dès le 1er mars, lors de la rentrée parlementaire, le
Gouvernement soumettrait au Congrès un projet de loi accordant un
régime judiciaire spécial aux repentis en matière de corruption.
Ce régime fera partie de la révision du code pénal envisagé par
le ministère de la Justice, pour remplacer la réforme kirchneriste
qui avait été très critiqué par l'opposition en son temps.
Et sans doute est-ce ce qu'il faut
faire car en Argentine, la corruption est un système délibéré,
généralisé, très complexe et particulièrement verrouillé, qui
touche toutes les formations politiques dites de gouvernement et à
peu près tous les organismes politiques : gouvernements
nationaux, provinciaux, municipaux, assemblées législatives sur ces
trois mêmes niveaux et toutes les institutions qui en découlent,
justice, musées, universités, écoles, hôpitaux, travaux publics,
etc. Le Brésil dispose lui aussi de semblables dispositifs dans son
actuelle et encore partielle opération Mains Propres.
Accorder aux repentis un régime
privilégié est en effet la seule manière de s'attaquer au problème
avec quelque chance de réussir, comme cela s'est pratiqué en Europe
pour l'évasion fiscale et en Italie pour le crime organisé.
Simultanément, deux autres projets de
loi seront présentés, l'un concerne la publicité de l'information
et la confiscation des biens mal acquis par les titulaires de charges
politiques qui auront été convaincus de corruption.
Il n'en reste pas moins qu'il va être
très difficile d'obtenir un vote favorable au Congrès puisque le
FpV (Frente para la Victoria) est majoritaire au Sénat et que c'est
dans ses rangs qu'on risque de trouver le plus grand nombre de
scandales, puisque ce sont eux qui étaient au pouvoir depuis
l'élection de Néstor Kirchner en 2003...
Il est à noter que Página/12, qui a
toujours soutenu le FpV depuis l'accession au pouvoir de Néstor
Kirchner, n'en dit pas un mot dans son édition de ce jour.
Pour aller plus loin :
lire l'article de Clarín
lire l'article de La Prensa sur le
dernier rapport de Transparency International qui met l'Argentine
très bas dans son indice de perception de la corruption
lire le communiqué de la section française de Transparency International.
(1) Ce rapport 2015 classe l'Argentine
au 107e rang des pays par ordre croissant de perception
de la corruption, le Danemark occupant la première place. Ce rang n°
107 est aussi celui du Togo, de la Côte d'Ivoire, de l'Equateur et
du Belarus. L'Uruguay et le Chili occupent quant à eux la première
place pour le continent sud-américain. L'Argentine a perdu deux
points au cours de la dernière année, ce qui correspond assez bien
avec la perception des gens qui ont voté pour Cambiemos, l'alliance électorale de centre-droit conduite par Macri.