Les associations des Droits de l'Homme
ont été reçues à la Casa Rosada, par le Premier ministre, le
ministre de la Justice et le secrétaire d'Etat aux Droits de
l'Homme. Cette réunion est une réponse à la demande d'audience
auprès du Président lui-même qui a délégué cette mission, pour
cause d'activités trop nombreuses (ce qui semble tout à fait exact)
et cette réponse est loin de satisfaire les militants et
sympathisants de ces causes, habitués qu'ils sont à être reçus
directement et de façon inconditionnelle par l'ancienne Présidente,
des mœurs auxquels ils ont pris goût et dont ils ont fini par
considérer qu'elles constituent une normalité démocratique.
Photo Service de presse de la Casa Rosada Présidant la réunion, le Premier ministre, Marcos Peña |
C'est donc déjà un premier changement
des us et coutumes de la Casa Rosada : il n'est plus question de
cette hyper-présidence mise en place par Cristina Kirchner, qui
occupait toujours le devant de la scène mais se détournait de
vastes secteurs de la société.
Les associations représentées
étaient Abuelas de Plaza de Mayo et Madres de Plaza de Mayo Linea
Fundadora, en la personne de leurs présidentes accompagnées d'une
bonne partie des deux bureaux d'administration.
Madres de Plaza de Mayo, sous la
conduite de Hebe de Bonafini, continue à boycotter le gouvernement
argentin, pourtant dûment élu. Hebe de Bonafini a profité de
l'occasion pour déclarer que la dictature s'était abattue sur le
pays et que Mauricio Macri était son "ennemi", un terme inacceptable qu'elle
lui applique systématiquement depuis les résultats du second tour.
Les deux associations exigeaient
l'arrêt de l'interruption des contrats de travail dans le secteur
public (des contrats de travail qui soit prenaient fin effectivement
le 31 décembre et n'ont pas été renouvelés, soit correspondaient
à des nominations effectuées par le Gouvernement sortant dans la
période de transition, sans coordination avec le Président élu,
donc du personnel dont Macri ne veut pas puisqu'il n'a été nommé
que pour entraver son action) et la libération de Milagro Sala, qui
est depuis dix jours dans le collimateur de la Justice de Jujuy, sous
l'inculpation de différents délits de corruption, abus de bien
public, abus de pouvoir. Or malheureusement, ces accusations ont
toutes les apparences de correspondre à une réalité objective,
même si les deux organisations ont beaucoup de mal à l'accepter,
parce qu'elles ont soutenu la politique de subvention publique dont
Milagro Sala et Tupac Amaru auraient ainsi abusé.
Elles ont été reçues avec toute la
courtoisie possible, leurs réclamations ont été écoutées mais
les associations n'ont pas obtenu gain de cause, ce à quoi, d'après
Página/12, elles réagissent assez mal, se disant inquiètes pour
l'avenir. Mais ni l'une ni l'autre n'a publié de communiqué à
l'heure qu'il est, ni sur leur site ni sur leur page Facebook. Si
Página/12 reporte fidèlement leurs positions, elles ont du mal à
entrer dans ce fonctionnement de la démocratie qui s'assimile e à un
désaccord pacifique, lorsque de bords différents, on peut se parler dans le respect mutuel sans pour
autant aboutir à un accord. Or depuis douze ans, ces deux
associations ont pris l'habitude de n'avoir qu'à
ouvrir la bouche pour que le pouvoir politique national se range à
leurs côtés, ce qui les a d'abord surprises et qu'elles auront
fini par trouver légitime en soi, ce qui correspond aussi au
sentiment d'une partie de la population qui estime qu'elles avaient
fini par prendre le pouvoir (1) au lieu de rester à leur place
d'ONG, de vigie de la démocratie, de contre-pouvoir...
Pour aller plus loin :
lire l'article de La Nación hier
après-midi, immédiatement après la rencontre
lire l'article de Clarín
lire la dépêche de Télam dont Clarín
s'inspire
voir les trois minutes de reportage
vidéo de Télam
lire le très factuel et très succinct communiqué de presse du Gouvernement
consulter le site Internet de Abuelas
consulter sa page Facebook
consulter le site Internet de Madres de Plaza de Mayo (Hebe de Bonafini)
consulter sa page Facebook.
Ajout du 29 janvier 2016 :
lire l'article de Página/12 sur la condamnation par Claudio Avruj, secrétaire d'Etat aux Droits de l'Homme (niveau fédéral), des propos négationnistes récemment tenus par Darío Lopérfido, nouveau ministre de la Culture du Gouvernement portègne, au sujet du nombre des disparus sous la dernière dictature militaire (estimés à trente mille, entre 1976 et 1983). La rédaction doit se rendre à l'évidence qu'il n'est pas question du côté du Président Macri de remettre en question cette réalité historique.
Sur le même sujet, lire aussi l'article de La Nación.
Ajout du 29 janvier 2016 :
lire l'article de Página/12 sur la condamnation par Claudio Avruj, secrétaire d'Etat aux Droits de l'Homme (niveau fédéral), des propos négationnistes récemment tenus par Darío Lopérfido, nouveau ministre de la Culture du Gouvernement portègne, au sujet du nombre des disparus sous la dernière dictature militaire (estimés à trente mille, entre 1976 et 1983). La rédaction doit se rendre à l'évidence qu'il n'est pas question du côté du Président Macri de remettre en question cette réalité historique.
Sur le même sujet, lire aussi l'article de La Nación.
(1) Il faut dire aussi qu'elles sont
mal perçues de manière injuste par cette même partie de la
population qui les trouve agressives et pleines de ressentiment sous
prétexte qu'elles ne sont pas les seules grands-mères à avoir
perdu des petits-enfants, puisqu'il y a aussi une forte mortalité
juvénile du fait de la violence, des accidents de la route et de la
drogue. C'est oublier deux choses : d'abord rien n'empêche les
grands-mères victimes des maux sociaux comme la violence crapuleuse,
l'alcoolisme et la drogue de militer comme l'ont fait les
Grands-Mères de la Place de Mai, ensuite il y a une grande
différence juridique entre les victimes des maux de la société et
les victimes de la violence d'un Etat qui a signé la Déclaration
universelle des Droits de l'homme. Mais là encore, la conscience
politique argentine est loin de faire cette distinction et la
campagne électorale de Mauricio Macri a bien participé à faire
régner la confusion dans ce domaine. Avec Massa, il a délibérément
confondu les deux plans, en rejetant Abuelas et Madres pour faire
rejaillir le grand échec de Cristina qu'est la croissance du trafic
de drogue dans le pays.