mardi 31 mai 2016

Exposition sur les afro-porteños à la BNA Mariano Moreno [à l'affiche]


Depuis le début du mois, la Biblioteca Nacional Mariano Moreno propose une exposition sur l'apport africain à la culture populaire portègne où le commissaire d'exposition a intégré le manifeste que Juan Carlos Cáceres avait publié chez Planeta Argentina en 2010 sur cet apport dans l'histoire musicale et chorégraphique du tango : Tango Negro.

Il aurait été sans doute très flatté de voir cela (1).

La présentation de la manifestation sur le site Internet de la BNA vous en propose une courte description rédigée et un rapide survol vidéo qui permet de se faire une idée. Juste assez pour vous donner l'envie de vous précipiter sur place si vous êtes à Buenos Aires en ce moment.

L'exposition se tient dans le musée que la BNA consacre aux livres et à la langue : elle a surtout pour objectif de relever l'empreinte linguistique de ce passé négrier et esclavagiste, longtemps nié en Argentine mais qui revient peu à peu en mémoire au fur et à mesure que la démocratie se renforce dans le pays.

Depuis quelques années, peu à peu, la Biblioteca Nacional Mariano Moreno met en ligne et en accès libre l'ensemble de son fonds. L'arborescence, organisée en différentes collections, est maintenant presque complète et la plupart des collections, mise à part celle des dessins et caricatures, proposent un vrai choix sans répéter le matériel que la BNE a déjà rendu accessible à Madrid (il y a bien entendu des doublons entre les différentes bibliothèques nationales et d'autres fonds documentaires présents sur le Web, avec quelques ouvrages imprimés que l'on retrouve un peu partout, avec des reliures et des exlibris pour seules variantes) : livres, relevés cartographiques anciens, cartes scolaires, photographies, périodiques, brochures, manuscrits, partitions, enregistrements audio, vidéos...

L'internaute commence à pouvoir se faire une belle idée de ce que sera cette source documentaire d'ici quelques années lorsque la digitalisation aura progressé en quantité (la qualité est, quand à elle, très élevée). D'ores et déjà, le fonds de cartes anciennes est passionnant, il est même assez émouvant puisqu'on y trouve plusieurs magnifiques cartes d'Amérique dues à un cartographe français qui vivait à la fin du XVIIIème siècle et sous l'Empire.

Le site Web de la BNA donne également accès à ses propres publications ainsi qu'à des archives sonores mêlant conférences, discours et interviews. Dans cette catégorie, il faut souligner entre autres une série de conférences et de lectures données par des spécialistes dans le cadre d'une exposition de 2013, San Martín y los libros, que je vous invite à aller écouter. C'est accessible en ligne facilement sur la plate-forme Trapalanda pour autant bien entendu que vous parliez l'espagnol, mais c'est là une condition sine qua non, pour presque tout Internet en Argentine. Bien entendu, le travail de digitalisation ayant été lancé par Horacio González, il existe d'ores et déjà un important fonds documentaire concernant Juan Domingo Perón et Evita (mieux servis pour le moment que les révolutionnaires majeurs que sont José de San Martín et Manuel Belgrano) mais on ne trouve encore que peu de choses sur le tango ou le folklore, encore que le peu en question soit vraiment passionnant (des arrangements de Horacio Salgán par exemple).

De leur côté, les archives nationales (Archivo General de la Nación) font elles aussi ce travail de digitalisation qu'elles diffusent sur leur site Internet et sur leur page Facebook.



(1) J'ai eu la chance de publier en France une version de ce livre dans notre langue, dans une édition entièrement en français, comprenant la traduction du livre presque sans modification et une importante collection de commentaires, pour éclairer les nombreux sous-entendus et non-dits dont a usé Cáceres lorsqu'il s'adressait au public argentin (Tango Negro, Editions du Jasmin). Le livre est disponible en commande dans toutes les librairies françaises et au-delà des frontières de l'Hexagone ainsi que ce week-end, au salon du livre du Festival del'Histoire de l'Art du Château de Fontainebleau, sur le stand de l'éditeur.