Répondre du sang versé, clame le gros titre et cette fois-ci, c'est sans jeu de mot |
Les 19 et 20 décembre 2001, la
population a manifesté sur Plaza de Mayo et Plaza del Congreso, aux
deux extrémités de Avenida de Mayo, contre le Gouvernement de
Fernando De La Rúa, qui devait d'ailleurs prendre si peur qu'il
allait quitter la Casa Rosada en hélicoptère dans la soirée du 20,
après avoir piteusement présenté sa démission. Le pays sombrait
dans la faillite et tous les simples citoyens qui géraient leurs
économies en devise nationale y ont perdu tout leur argent...
Ces deux jours-là, la police s'est
lancée dans une répression très violente et elle a tiré sur la
foule à plusieurs reprises à balles réelles, laissant sur le
bitume cinq morts et des dizaines de blessés graves.
Le contraste entre les unes de Clarín et Página/12 les deux rivaux de la presse argentine L'info est traitée dans la colonne de droite, au centre Cliquez sur l'image pour une haute résolution |
L'audience de ce maxi-procès s'était
ouverte en février 2014, après treize années d'instruction, comme
le code de procédurale pénale argentin en a le secret.
Comparaissaient entre autres l'ex-Secrétaire d'Etat à la Sécurité
(c'est devenu un ministère de plein exercice depuis) et le chef de
la Police fédérale, contre lesquels le ministère public avait
requis cinq ans de prison. Pour la première fois dans l'histoire de
l'Argentine, des responsables politiques (1) sont condamnés des
peines de prison ferme pour des actes illégaux effectués dans le
cadre de leurs fonctions : le ministre a écopé de quatre ans
et neuf mois et le chef de la Federal de quatre ans. Par ailleurs,
sept policiers de différents grades ont eux aussi été reconnus
coupables des faits qui leur été reprochés et ont pris six ans de
prison, tandis six de leurs collègues ont été relaxés et deux
autres mis hors de cause pour prescription des actes commis.
L'information est traitée tout en bas, à gauche Cliquez sur l'image pour une haute résolution |
Toute la presse en parle ce matin. Il y
a six mois, Página/12 en aurait fait comme aujourd'hui sa une, mais
Clarín et La Nación auraient probablement passé l'information sous
silence tandis que La Prensa se serait sans doute contentée un court entrefilet, mais
ce n'est pas sûr.
Le président au moment des faits a
bénéficié d'un non lieu confirmé par la Cour Suprême l'année
dernière. Le ministre de l'Intérieur aurait dû se trouver dans le
box mais il est décédé en 2003 et la cause est donc éteinte en ce
qui le concerne.
Sur la une de La Nación, l'info est traitée dans la colonne de droite sous l'article consacré à la lettre du pape Cliquez sur l'image pour une haute résolution |
Ces condamnations sont loin d'être
définitives. Le 4 août, se tiendra une nouvelle audience, pour la
lecture des attendus du jugement. Les condamnés auront alors un
délai pour faire appel, et il est probable qu'un bon nombre d'entre
eux feront encore jouer les ressorts procéduraux.
Les deux principaux responsables sont
sous les verrous respectivement depuis mars et juin 2012.
Pour en savoir plus :
lire l'article de Clarín
lire la dépêche de Télam
(1) En Argentine, le chef de la Police
fédérale est un homme politique, c'est une personnalité nommée
par le Gouvernement, en dehors du cursus professionnel des forces de
police. Ce n'est donc pas un technicien.