Signe que la situation socio-économique
s'est détériorée ces derniers temps en Argentine, la Cáritas
(l'ONG internationale catholique dont la branche française est
connue comme Secours Catholique) a ouvert ces derniers mois 25
nouvelles salles de restauration collective solidaire pour les plus
pauvres, enfants comme adultes (1). Ces nouvelles salles, qui servent
des repas principaux (comida), parfois des petits-déjeuners
(desayuno) ou de plus modestes collations, le goûter de la
mi-matinée vers 11h et celui de la mi-après-midi, vers 18h
(merienda), sont répartis sur l'ensemble du territoire national, en
lien avec les diocèses qui recensent les besoins.
C'est le président national de Cáritas
qui a fait cette annonce, qu'accompagne un rapport alarmant de l'UCA,
l'université catholique de Buenos Aires, sur cette détérioration
de la situation qui aurait commencé il y a environ un an, quand le gouvernement de Cristina Kirchner a commencé à ne plus s'intéresser qu'à
la campagne électorale, et s'est aggravée depuis cet été avec la
cascade de pertes d'emploi en chaîne (la baisse de la consommation
entraînant des difficultés pour toutes sortes de PME, elles-mêmes
contraintes de débaucher) et la hausse démentielle des prix de
services de première nécessité (eau, gaz, électricité et
carburant). Selon le quotidien (de droite) de Mendoza, Los Andes, Cáritas aurait
assisté 3 500 familles supplémentaires cette année dans la
seule Province de Mendoza, passée d'un gouvernement provincial
kirchneriste (mais anti-cristiniste, ça existe !) à Cambiemos, du
côté des radicaux (UCR, très implantée à Mendoza) et non pas du
Pro.
En ce jour de la fête nationale, la
plupart des quotidiens traitent cette info, y compris lorsqu'ils
soutiennent le gouvernement en place.
Pour aller plus loin :
lire l'article de Página/12 qui croise
plusieurs sources d'information (l'année dernière, lorsque la UCA
dénonçait la pauvreté et les inégalités dans le pays, cette
rédaction traitait l'université pontificale comme s'il s'agissait
d'un ramassis de réactionnaires pratiquant la désinformation par
hostilité au gouvernement de Cristina. Aujourd'hui, cette université
est devenue une source digne de foi, pour les mêmes journalistes.
Comme on change, n'est-ce pas ?)
lire l'article de Clarín, moins
approfondi comme d'habitude
lire l'article de La Prensa qui se
contente de répéter les propos du responsable confessionnel sans
ajouter la moindre analyse.
Cáritas Argentina dispose d'un site Internet et d'une page Facebook (plus tous les autres réseaux
sociaux).
(1) En France et dans un certain nombre
de pays européens, on a préféré à ce système la mise en place
de lieux de distribution de nourriture à consommer, voire à
cuisiner chez soi, dans une optique visant à rendre la pauvreté
invisible ou à tout le mois beaucoup moins visible. Les Argentins
n'ont pas ces pudibonderies et leurs salles de restauration
collective permettent aux personnes aidées de conserver une
socialisation ouverte, dans laquelle elles puissent une plus grande
capacité à rebondir dans le travail et les échanges sociaux et
économiques. Bref, c'est une société beaucoup plus généreuse et
dynamique que la nôtre où malheur à celui qui tombe dans
l'indigence...