Lundi prochain, qui n'est pas férié en Argentine, le Museo Nacional del
Bicentenario fermera temporairement ses portes pour que soit restructurée son exposition permanente.
Ce musée, très beau,
très moderne, très lumineux, aménagé dans les vestiges de la
forteresse coloniale qui dominait le Río de la Plata et de
l'ancienne Douane dite Taylor (du nom de son concepteur), faisait la
part belle à Néstor Kirchner et présentait une lecture très
partisane de l'histoire générale du pays et surtout de celle des
chefs de l'Etat. Parmi les pièces exposées, on pouvait admirer des
vêtements ayant appartenu à Néstor Kirchner, qui ne présentent
que fort peu d'intérêt muséographique mais participaient du culte
du cher disparu de la part de sa veuve, alors elle-même présidente
(le musée avait été inauguré en mai 2011 alors que Néstor est
décédé à la fin du mois d'octobre 2010).
Forteresse de Buenos Aires en 1839, avant qu'elle ne soit démolie pour faire place à l'actuelle Casa Rosada Gravure du Français Jules Daufresne Collection du Museo Nacional del Bicentenario |
Ces vêtements et cette paire de
chaussures vont disparaître des vitrines et il est prévu de
modifier un certain nombre de panneaux explicatifs, fixes ou
interactifs. Cette restructuration a été confiée à une commission
d'historiens et de muséographes que l'actuel gouvernement dit
pluraliste et sans a priori. On verra en visitant le lieu une fois
qu'il aura rouvert ses portes, sur l'arrière de la Casa Rosada, dont
il est un prolongement.
La Aduana Taylor, construite en 1855 (époque probable de cette représentation) Collection Museo Nacional del Bicentenario |
Dans le même ordre d'idées, le buste
de Néstor Kirchner, assez hideux il faut bien l'avouer, a été
retiré de l'entrée solennelle du palais présidentiel où Cristina
l'avait fait placer en présence de Evo Morales, le président
bolivien (!). Il en avait été de même du buste de Perón mis en
avant par Cristina pour des raisons partisanes évidentes. Il a été
réinstallé dans une galerie des présidents où les bustes sont
installés dans l'ordre chronologique de leur mandat.
Il y a pire comme réalignement
idéologique !
Pour aller plus loin :
lire l'article de La Nación sur la
dékirchnerisation du musée, présentée comme un ordre personnel du président Macri (il est peu probable qu'il descende à ce degré d'interventionisme, même s'il est peut-être personnellement celui qui a décidé de transformer le musée)
lire l'article de La Nación sur la
nouvelle galerie des présidents
lire l'article de La Nación sur la
politique muséographique du ministère de la Culture qui entend
moderniser les institutions et les mettre à la portée du grand
public (il reste encore à faire dans ce domaine mais une bonne
partie du travail a été réalisée sous la présidence de Cristina
Kirchner – rendons à César ce qui appartient à César)
consulter le site Internet du musée
(il se pourrait qu'il soit remodelé prochainement pour laisser la
place aux nouvelles dispositions). Quant à la page Facebook du musée, elle semble n'être pas accessible aujourd'hui.
Ajout du 18 mai 2016 :
lire l'article de Página/12, déjà persuadé que la nouvelle muséographique se fait sous l'axe d'une relecture libérale et mitriste de l'histoire, comme si la seule lecture légitime était le revisionismo si cher à ce quotidien (mais tout aussi faux sur le plan historique que le mitrismo vers lequel penche sans doute la nouvelle majorité).
Ajout du 18 mai 2016 :
lire l'article de Página/12, déjà persuadé que la nouvelle muséographique se fait sous l'axe d'une relecture libérale et mitriste de l'histoire, comme si la seule lecture légitime était le revisionismo si cher à ce quotidien (mais tout aussi faux sur le plan historique que le mitrismo vers lequel penche sans doute la nouvelle majorité).