Depuis le début du mois,
la Biblioteca Nacional Mariano Moreno propose une exposition sur
l'apport africain à la culture populaire portègne où le
commissaire d'exposition a intégré le manifeste que Juan Carlos
Cáceres avait publié chez Planeta Argentina en 2010 sur cet apport
dans l'histoire musicale et chorégraphique du tango : Tango Negro.
Il aurait été sans doute
très flatté de voir cela (1).
La présentation de la manifestation sur le site Internet de la BNA vous en propose une
courte description rédigée et un rapide survol vidéo qui permet de
se faire une idée. Juste assez pour vous donner l'envie de vous
précipiter sur place si vous êtes à Buenos Aires en ce moment.
L'exposition se tient dans
le musée que la BNA consacre aux livres et à la langue : elle
a surtout pour objectif de relever l'empreinte linguistique de ce
passé négrier et esclavagiste, longtemps nié en Argentine mais qui
revient peu à peu en mémoire au fur et à mesure que la démocratie
se renforce dans le pays.
Depuis quelques années,
peu à peu, la Biblioteca Nacional Mariano Moreno met en ligne et en
accès libre l'ensemble de son fonds. L'arborescence, organisée en
différentes collections, est maintenant presque complète et la
plupart des collections, mise à part celle des dessins et
caricatures, proposent un vrai choix sans répéter le matériel que
la BNE a déjà rendu accessible à Madrid (il y a bien entendu des
doublons entre les différentes bibliothèques nationales et d'autres
fonds documentaires présents sur le Web, avec quelques ouvrages imprimés
que l'on retrouve un peu partout, avec des reliures et des exlibris
pour seules variantes) : livres, relevés cartographiques
anciens, cartes scolaires, photographies, périodiques, brochures,
manuscrits, partitions, enregistrements audio, vidéos...
L'internaute
commence à pouvoir se faire une belle idée de ce que sera cette
source documentaire d'ici quelques années lorsque la digitalisation
aura progressé en quantité (la qualité est, quand à elle, très
élevée). D'ores et déjà, le fonds de cartes anciennes est
passionnant, il est même assez émouvant puisqu'on y trouve
plusieurs magnifiques cartes d'Amérique dues à un cartographe
français qui vivait à la fin du XVIIIème
siècle et sous l'Empire.
Le site Web de la BNA
donne également accès à ses propres publications ainsi qu'à des
archives sonores mêlant conférences, discours et interviews. Dans
cette catégorie, il faut souligner entre autres une série de
conférences et de lectures données par des spécialistes dans le
cadre d'une exposition de 2013, San Martín y los libros, que je vous
invite à aller écouter. C'est accessible en ligne facilement sur la
plate-forme Trapalanda pour autant bien entendu que vous parliez
l'espagnol, mais c'est là une condition sine qua non, pour presque
tout Internet en Argentine. Bien entendu, le travail de
digitalisation ayant été lancé par Horacio González, il existe
d'ores et déjà un important fonds documentaire concernant Juan
Domingo Perón et Evita (mieux servis pour le moment que les révolutionnaires majeurs que sont José de San Martín et Manuel Belgrano) mais on ne trouve encore que peu de choses
sur le tango ou le folklore, encore que le peu en question soit
vraiment passionnant (des arrangements de Horacio Salgán par
exemple).
De leur côté, les archives nationales (Archivo General de la Nación) font elles aussi ce travail de digitalisation qu'elles diffusent sur leur site Internet et sur leur page Facebook.
(1) J'ai eu la chance de
publier en France une version de ce livre dans notre langue, dans une
édition entièrement en français, comprenant la traduction du livre
presque sans modification et une importante collection de
commentaires, pour éclairer les nombreux sous-entendus et non-dits
dont a usé Cáceres lorsqu'il s'adressait au public argentin (Tango Negro, Editions du Jasmin). Le livre est disponible en commande dans
toutes les librairies françaises et au-delà des frontières de
l'Hexagone ainsi que ce week-end, au salon du livre du Festival del'Histoire de l'Art du Château de Fontainebleau, sur le stand de
l'éditeur.