samedi 14 mai 2016

Contribution de la CEA au Bicentenaire [Actu]

La couverture du document reprend la silhouette très reconnaissable de la Casa Histórica
le musée du Congrès de Tucumán à San Miguel
avec, à gauche, celle de la Vierge de Luján

Après avoir été reçu par le Président Mauricio Macri où les prélats ont intercédé pour une politique sociale plus attentive aux pauvres, conforme aux promesses électorales de Pobreza Cero (0 pauvreté) (1), le bureau de la Conférence épiscopale argentine (CEA) a publié ses médiations pastorales pour le bicentenaire de l'indépendance du pays, répondant ainsi à celui publié en 2008 en préparation du bicentenaire de la Révolution de Mai (1810).

Le document de 2008 portait sur la justice et la solidarité, dont les évêques argentins souhaitaient qu'elles soient au centre des projets sociaux et politiques du pays.

Le document de cette année est intitulé Tiempo para el encuentro fraterno de los argentinos (temps pour la rencontre fraternelle des Argentins) et se compose de cinq chapitres sur la mémoire historique des événements de San Miguel de Tucumán, lorsque les députés constituants travaillaient ensemble, laïcs et clercs, à la construction d'un pays libre dans une simple maison qui leur avait été prêtée pour la durée des sessions, sur l'organisation de la maison commune (le pays lui-même), sur une sélection de problèmes dont souffre actuellement cette maison commune (corruption généralisée, trafic de drogue en plein développement et dégradation du milieu naturel), sur le lien entre indépendance et éducation (une problématique déjà soulevée dans les années révolutionnaires par des hommes comme Mariano Moreno, Manuel Belgrano et José de San Martín) et sur les Maisons de rencontre, autrement dits les différents sanctuaires d'importance nationale dans le pays, Luján et Villa Cura Brochero en premier lieu, l'un qui abrite la sainte patronne du pays, la Vierge de Luján, et l'autre, qui est le centre de la mémoire de José Gabriel del Rosario Brochero qui sera canonisé à Rome le 16 octobre prochain (2), sans oublier la figure de Mama Antula (3), María Antonia de la Paz y Figueroa (1730-1799) qui sera proclamée bienheureuse le 27 août prochain, dans son diocèse d'origine, l'un des plus anciens d'Argentine, Santiago del Estero.

La délégation de la CEA avec le président Macri (à droite), dans une salle de la résidence de Olivos
de face, au fond, de gauche à droite : Mgr Malfa, Mgr Poli, Mge Arancedo
Photo Casa Rosada

Par cette contribution, les évêques entendent apporter leur pierre aux manifestations du Bicentenaire et aux réflexions qu'elle suscite dans cette étape où l'Argentine connaît une alternance radicale qui marque probablement une étape forte de sa construction comme Nation.

Le document est disponible sur le site Internet de la CEA sous format pdf ainsi qu'un résumé de six pages et un guide de lecture très bien faits. Sa sortie a donné lieu à une conférence de presse en cette semaine qui précède la Pentecôte (la fête du Saint-Esprit). Y participaient le président de la CEA, Monseigneur Arancedo (Sante Fe), Monseigneur Poli (Buenos Aires ville) son vice-président, et son secrétaire, Monseigneur Malfa (Chascomús, Prov. de Buenos Aires).

Dans un deuxième temps, l'Eglise catholique argentine marquera le bicentenaire en tenant symboliquement à Tucumán son Congrès eucharistique, du 16 au 19 juin prochain. A Tucumán, la ville où a été proclamée l'indépendance du pays le 9 juillet 1816 dans une maison patricienne devenue un musée, dont la silhouette caractéristique se dessine sur la couverture du document publié avant-hier.

Pour aller plus loin :
accéder au documents et aux textes accompagnateurs sur le site Internet de la CEA
lire l'article de Página/12 sur la conférence de presse
lire la dépêche de AICA concernant l'audience accordée au bureau de la CEA par Mauricio Macri
lire le communiqué de presse de la CEA sur cette audience
accéder au site Internet du Congrès eucharistique national de Tucumán



(1) Ce qui est certes une belle formule particulièrement creuse puisque la pauvreté est et restera toujours une valeur relative, comme la richesse d'ailleurs. Quelque soit le niveau de développement d'une économie nationale, celle-ci comptera toujours des pauvres, mais si les pauvres de tel ou tel pays pourront apparaître comme riches à l'échelle du niveau de vie d'un autre pays, moins favorisé...
(2) Ce sera le premier saint argentin né et ayant vécu dans l'Argentine indépendante d'après 1816.
(3) Mama Antula avait été élevée dans la spiritualité ignacienne, celle de saint Ignace de Loyola, fondateur de la Compagnie de Jésus. Lorsqu'en 1767, les jésuites furent chassés des terres du roi d'Espagne par décret de Carlos III, violemment hostile à la spiritualité ignacienne et à ses fruits socio-économique dans le monde, l'Amérique latine vécut une véritable catastrophe pastorale, sociale et culturelle. Une chrétienne née à Santiago del Estero, dans le nord-ouest fondateur de l'Argentine, aujourd'hui surnommée Mama Antula, prit alors son bâton de pèlerin et, avec un grand courage physique et politique, avec une foi qui soulève les montagnes, elle se mit à parcourir le pays d'alors pour diffuser les exercices spirituels de saint Ignace, un patrimoine de la plus haute importance pour les croyants jusqu'alors donné au peuple par les pères jésuites seuls, dont la compagnie ne tarda pas à être dissoute par le pape sous la pression du Roi Catholique (si peu catholique) – avant d'être restaurée en 1815. Cette femme est une des facettes de la sainteté féminine à laquelle l'actuel pape est si fort attachée et en l'absence de laquelle, notamment en temps de détresse spirituelle ou d'adversité anticatholique, l'Eglise disparaîtrait.