La couverture du document reprend la silhouette très reconnaissable de la Casa Histórica le musée du Congrès de Tucumán à San Miguel avec, à gauche, celle de la Vierge de Luján |
Après avoir été reçu par le
Président Mauricio Macri où les prélats ont intercédé pour une
politique sociale plus attentive aux pauvres, conforme aux promesses
électorales de Pobreza Cero (0 pauvreté) (1), le bureau de la
Conférence épiscopale argentine (CEA) a publié ses médiations
pastorales pour le bicentenaire de l'indépendance du pays, répondant
ainsi à celui publié en 2008 en préparation du bicentenaire de la
Révolution de Mai (1810).
Le document de 2008 portait sur la
justice et la solidarité, dont les évêques argentins souhaitaient
qu'elles soient au centre des projets sociaux et politiques du pays.
Le document de cette année est
intitulé Tiempo para el encuentro fraterno de los argentinos (temps
pour la rencontre fraternelle des Argentins) et se compose de cinq
chapitres sur la mémoire historique des événements de San Miguel
de Tucumán, lorsque les députés constituants travaillaient
ensemble, laïcs et clercs, à la construction d'un pays libre dans
une simple maison qui leur avait été prêtée pour la durée des
sessions, sur l'organisation de la maison commune (le pays lui-même),
sur une sélection de problèmes dont souffre actuellement cette
maison commune (corruption généralisée, trafic de drogue en plein
développement et dégradation du milieu naturel), sur le lien entre
indépendance et éducation (une problématique déjà soulevée dans
les années révolutionnaires par des hommes comme Mariano Moreno,
Manuel Belgrano et José de San Martín) et sur les Maisons de
rencontre, autrement dits les différents sanctuaires d'importance
nationale dans le pays, Luján et Villa Cura Brochero en premier
lieu, l'un qui abrite la sainte patronne du pays, la Vierge de Luján,
et l'autre, qui est le centre de la mémoire de José Gabriel del
Rosario Brochero qui sera canonisé à Rome le 16 octobre prochain
(2), sans oublier la figure de Mama Antula (3), María Antonia de la
Paz y Figueroa (1730-1799) qui sera proclamée
bienheureuse le 27 août prochain, dans son diocèse d'origine, l'un des plus anciens d'Argentine, Santiago del Estero.
La délégation de la CEA avec le président Macri (à droite), dans une salle de la résidence de Olivos de face, au fond, de gauche à droite : Mgr Malfa, Mgr Poli, Mge Arancedo Photo Casa Rosada |
Par cette contribution, les évêques
entendent apporter leur pierre aux manifestations du Bicentenaire et
aux réflexions qu'elle suscite dans cette étape où l'Argentine
connaît une alternance radicale qui marque probablement une étape
forte de sa construction comme Nation.
Le document est disponible sur le site Internet de la CEA sous format pdf ainsi qu'un résumé de six pages
et un guide de lecture très bien faits. Sa sortie a donné lieu à une
conférence de presse en cette semaine qui précède la Pentecôte (la fête du Saint-Esprit). Y participaient le président de la
CEA, Monseigneur Arancedo (Sante Fe), Monseigneur Poli (Buenos Aires
ville) son vice-président, et son secrétaire, Monseigneur Malfa
(Chascomús, Prov. de Buenos Aires).
Dans un deuxième temps, l'Eglise
catholique argentine marquera le bicentenaire en tenant
symboliquement à Tucumán son Congrès eucharistique, du 16 au 19
juin prochain. A Tucumán, la ville où a été proclamée
l'indépendance du pays le 9 juillet 1816 dans une maison patricienne
devenue un musée, dont la silhouette caractéristique se dessine sur
la couverture du document publié avant-hier.
Pour aller plus loin :
accéder au documents et aux textes
accompagnateurs sur le site Internet de la CEA
lire l'article de Página/12 sur la
conférence de presse
lire l'article de Clarín
lire la dépêche de AICA concernant
l'audience accordée au bureau de la CEA par Mauricio Macri
lire le communiqué de presse de la CEA
sur cette audience
accéder au site Internet du Congrès eucharistique national de Tucumán
(1) Ce qui est certes une belle formule
particulièrement creuse puisque la pauvreté est et restera toujours
une valeur relative, comme la richesse d'ailleurs. Quelque soit le
niveau de développement d'une économie nationale, celle-ci comptera
toujours des pauvres, mais si les pauvres de tel ou tel pays pourront
apparaître comme riches à l'échelle du niveau de vie d'un autre
pays, moins favorisé...
(2) Ce sera le premier saint argentin
né et ayant vécu dans l'Argentine indépendante d'après 1816.
(3) Mama Antula avait été élevée
dans la spiritualité ignacienne, celle de saint Ignace de Loyola,
fondateur de la Compagnie de Jésus. Lorsqu'en 1767, les jésuites
furent chassés des terres du roi d'Espagne par décret de Carlos
III, violemment hostile à la spiritualité ignacienne et à ses
fruits socio-économique dans le monde, l'Amérique latine vécut une
véritable catastrophe pastorale, sociale et culturelle. Une
chrétienne née à Santiago del Estero, dans le nord-ouest fondateur
de l'Argentine, aujourd'hui surnommée Mama Antula, prit alors son
bâton de pèlerin et, avec un grand courage physique et politique,
avec une foi qui soulève les montagnes, elle se mit à parcourir le
pays d'alors pour diffuser les exercices spirituels de saint Ignace,
un patrimoine de la plus haute importance pour les croyants
jusqu'alors donné au peuple par les pères jésuites seuls, dont la
compagnie ne tarda pas à être dissoute par le pape sous la pression
du Roi Catholique (si peu catholique) – avant d'être restaurée en
1815. Cette femme est une des facettes de la sainteté féminine à
laquelle l'actuel pape est si fort attachée et en l'absence de
laquelle, notamment en temps de détresse spirituelle ou d'adversité
anticatholique, l'Eglise disparaîtrait.