Photo Télam |
La crise économique aggravée par la
politique de rigueur pratiquée par le nouveau gouvernement a mis
dans la rue un collectif de coopérateurs qui ont investi hier soir
la Plaza de Mayo, empêchant le Président Mauricio Macri d'y tenir
sa première fête nationale en qualité de chef d'Etat. Le Président
se contente d'aller à la cathédrale pour le Te Deum national
traditionnel, où le primat d'Argentine prononce une homélie et
bénit la patrie, puis il quittera cette place qui lui est si peu
acquise pour offrir une garden-party à quelques 400 invités à la
résidence de Olivos. Empanadas et locro sont au menu, comme il se
doit.
C'est néanmoins un cruel camouflet que
l'opposition inflige au chef de l'Etat après l'humiliation qu'il lui
a réservée en posant son veto à une loi-moratoire sur les
licenciements qui avait obtenu une majorité dans les deux Chambres
et en l'annonçant, avec un sens aigu de la provocation politique,
pendant une visite au siège d'une entreprise de viande (un abattoir
qui plus est) qui avait fermé ses portes cet été, licencié tout
son personnel pour réembaucher quelques semaines plus tard à
hauteur d'un tiers des effectifs antérieurs, une entreprise dont le
personnel en grève après l'annonce des licenciements s'était fait
tirer dessus par la police avec des balles en caoutchouc qui avaient
fait plusieurs blessés (certes légers, mais blessés tout de même).
Página/12 y voit une certaine victoire
des classes laborieuses contre un patronat inflexible au pouvoir.
La Nación est plus mesurée, qui
rappelle de son côté, alors qu'il s'agit d'un journal de droite,
que ce premier Te Deum présidentiel pour Macri se célèbre au
milieu des recommandations de l'Eglise pour une politique plus
soucieuse des plus pauvres.
Pour aller plus loin :
lire l'article de Página/12 (qui parle comme Clarín du dîner de Mirtha Legrand à la Casa Rosada)
lire l'article de Clarín, qui souligne
que même la très droitière et très mondaine présentatrice
de télévision Mirtha Legrand a profité de son dîner hier avec le Président pour lui faire la leçon sur la hausse des tarifs de
l'énergie (1)
lire l'article de La Nación sur
l'occupation de Plaza de Mayo
lire l'article de La Nación sur les
positions de l'Eglise par rapport aux résultats désastreux (à
court terme en tout cas) de la politique de rigueur imposée par le
Gouvernement depuis six mois.
(1) Mirtha Legrand est une vedette de
longue date (de très longue date même) du petit écran et l'une des
reines du show pailleté et clinquant. A longueur d'année, elle émet
des jugements abrupts, très réactionnaires, de type café du
commerce, sur des sujets sur lesquels elle est notoirement
incompétente mais qui alimentent pendant une semaine les
conversations autour de la machine à café... Lamentable. Mais sa
longévité à l'écran et son grand âge en font un personnage
presque intouchable et que les politiques de droite de tous poils
courtisent car ils ont besoin d'être dans ses bons papiers. Elle
peut donc se permettre, alors qu'elle n'y connaît rien, de faire la
leçon à ce garnement de Macri comme si elle l'avait connu en
culottes courtes !