mercredi 11 novembre 2015

Patrimoine jésuite au Museo Mitre [à l'affiche]

L'affiche de l'exposition :
un portrait du fondateur de la Compagnie de Jésus
saint Ignace de Loyola (1491-1556)

Du 12 novembre au 31 décembre 2015, le Museo Mitre, San Martín 336, dans le quartier de Monserrat, à un jet de pierre de Plaza de Mayo, propose une exposition sur son patrimoine jésuite qui témoignent de la présence de la Compagnie de Jésus en Argentine, lorsque les fils de saint Ignace occupaient le large territoire que le roi d'Espagne leur avait concédé dans le centre du continent, là où se trouvent aujourd'hui le nord de l'Uruguay, le nord de l'Argentine, tout le Paraguay et le sud de la Bolivie. Cette présence a commencé en 1607 et elle a cessé d'exister dans les années 1767-1773, après le décret royal de 1767 qui expulsa les jésuites de tous les territoires soumis à l'autorité du souverain espagnol. On leur reprochait essentiellement deux crimes : se montrer trop progressifs (encourager trop vivement l'autonomie de la pensée personnelle) et avoir connu une réussite économique qui provoquait la jalousie et l'avidité de la Couronne.

La Compagnie de Jésus a laissé en Argentine un souvenir excellent, qui éveille encore aujourd'hui l'affection et l'admiration. Tout le contraire de notre situation, à nous, en France, où l'appui apporté par les jésuites à ce que les révolutionnaires ont appelé "monarchie absolue" (1) leur a valu une très mauvaise réputation, largement soutenue par les méchancetés distillées avec esprit et cruauté par Voltaire (qui n'a jamais rien compris aux concepts spirituels et ecclésiologiques qui soutenaient les congrégations religieuses).

Bartolomé Mitre (1821-1909), l'intellectuel et homme politique dont ce musée est l'ancienne demeure, fut un grand collectionneur de documents historiques. Il se constitua une immense bibliothèque, qui est aujourd'hui à la disposition des chercheurs et des étudiants. Dans cette bibliothèque, se trouvent quelques incunables du dix-septième siècle. Ce sont ces documents, entre autres, qui seront exposés à partir de demain.

Une des deux mosaïques qui rappellent l'histoire des Missions à la station Independencia
Les caciques guaranis arrivent à la messe et baisent la main du prêtre, en signe de respect
(c'était l'usage du temps puisque les mains du prêtre sont consacrées lors de son  ordination)

Un ample programme de conférences, à 18h30, accompagnera cette exposition jusqu'au 19 décembre, avec les meilleurs spécialistes argentins en provenance de diverses universités argentines et uruguayennes, pour parler du rôle de la Compagnie à Mendoza, au Paraguay, en Uruguay, de l'influence morale et esthétique qui a été la sienne dans l'Empire colonial.

Pour en savoir plus :
lire l'article de La Nación dans son édition d'hier
lire le communiqué du musée sur son site Internet.


Le Museo Mitre est ouvert l'après-midi, du lundi au vendredi.
Il dépend du Ministère de la Culture national.


(1) Pourtant, au moment où ce régime se constitue, sous Louis XIII (avec le génie de Richelieu) et Louis XIV, il représente un progrès de la structuration de l'Etat et de la constitution d'une nation qui s'extrait peu à peu et difficilement d'un ordre politique féodal, où une foule de seigneurs locaux règnent chacun dans son coin au détriment des échanges économiques et culturels d'ensembles plus larges, qui forment aujourd'hui nos pays indépendants. Les notions de nationalité sont encore culturelles sous l'Ancien Régime, ce qui explique que des Français soient au service du roi d'Espagne, comme le marquis de Coupigny, qui fut le supérieur du jeune capitaine José de San Martín pendant la guerre d'indépendance de l'Espagne contre Napoléon, ou comme Santiago (Jacques) de Liniers, qui fut choisi par le Tribunal de Buenos Aires pour être l'antépénultième vice-roi du Río de la Plata entre 1807 et 1809. Ces notions sont devenues juridiques à partir de la Révolution qui distingue une fois pour toute entre Trésor public et fortune privée de celui qui détient le pouvoir exécutif.