vendredi 7 décembre 2018

Corps constitués et ONG : même refus [Actu]

"N'apprenons pas à nos policiers à tuer dans le dos" dit le gros titre
en citant ce responsable de la police de la Province de La Pampa

Peu à peu, des voix s’élèvent contre la modification du code d’utilisation des armes à feu imposé au début de la semaine à la police fédérale et qui élargit la notion de légitime défense au tir sur des fuyards.

Aujourd'hui à la une de Página/12
Patricia Bullrich : Ici, nous n'avons besoin d'aucun Bolsonaro pour faire des bolsonarises
Traduction © Denise Anne Clavilier

Le directeur de la police provinciale de La Pampa et le secrétaire d’État en charge des droits de l’homme au gouvernement de la province de Buenos Aires condamnent la mesure. María Eugenia Vidal, la gouverneure de la province de Buenos Aires, alliée du président Mauricio Macri, dont elle était la seconde lorsqu’il était chef du Gouvernement de la Ville Autonome de Buenos Aires, a annoncé qu’elle refusait de faire appliquer la nouvelle mesure à la police bonaerense (les forces de l’ordre provinciales, dont provient Luis Chocobar, le sous-officier passablement bas de plafond, qui a tué un mineur en abusant de sa fonction et dont les ennuis judiciaires sont à l’origine de cette déplorable décision). Par prudence politique, elle se garde bien de condamner la ministre Patricia Bullrich mais on sent bien qu’avec l’intelligence qui la caractérise, María Eugenia Vidal a compris que cette mesure risque fort d’ajouter de la violence à la violence, au lieu d’y apporter un remède.

On est néanmoins surpris par l’inertie de la population générale. Les Argentins ne descendent pas dans la rue pour exprimer leur désapprobation. Il est probable que les soucis économiques sont en train d’amoindrir leur capacité de prise de conscience. Il y a dix mois, quand cette mesure a commencé à pointer son nez dans l’actualité, le rejet était beaucoup plus manifeste. Mais ceci se passait avant la brutale aggravation de la crise économique et avant que le pays ait recours au FMI.

Dans l'édition de ce jour de Página/12
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Les années du crabe. « En arrière toute, youh-ouh ! (1)
... L’avantage de marcher toujours à reculons
… c’est qu’on tourne pas le dos. Et donc tu ne cours pas le risque qu’on te tire dessus »
Traduction © Denise Anne Clavilier

Peut-être lundi 10 décembre verra-t-il le thème envahir les pancartes et les slogans des citoyens qui marcheront pour honorer la journée des Droits de l’homme.

Pour aller plus loin :
lire l’article de une de Página/12 qui a interviewé le commandant de la police de La Pampa

Ajout du 8 décembre 2010 :
lire cet article de Página/12 sur la demande faite par l'opposition parlementaire nationale à la Procuraduría Contra la Violencia Institucional (Procuvin) pour qu'elle s'oppose juridiquement à la nouvelle norme policière.



(1) En fait, le crabe marche sur le côté, pas à reculons. Mais la BD marche quand même !