La Prensa a choisi de mettre en une une photo de la réception des partenaires sociaux par le bureau de la Conférence épiscopale Cliquez sur l'image pour une haute résolution |
En Argentine, la pauvreté s’est aggravée au
cours des dernières années. C’est bien ennuyeux pour le
gouvernement qui avait promis la pauvreté zéro à l’issue du
mandat qui s’achève en décembre 2019. Or c’est exactement
l’inverse qui s’est produit. Sans surprise aucune puisque dans un
pays émergent, une politique néolibérale provoque toujours la même
paupérisation des classes inférieures tout en enrichissant les
classes supérieures.
Clarín fait peser le poids de la paupérisation au dollar En vedette, si l'on ose dire, Juan Darthés, l'acteur accusé de viols par désormais 5 femmes et dont la défense est ignoble (c'est pas lui ! C'est la jeune Thelma, 16 ans à l'époque, qui lui a fait du gringue) sur ce scandale, voir mon article d'hier Cliquez sur l'image pour une haute résolution |
Cette
fois-ci, c’est l’Université Catholique Argentine (UCA) qui publie son
rapport, qui confirme et complète celui que l’Unicef vient de
publier (voir mon article du 5 décembre 2018). La pauvreté touche
13,6 millions d’Argentins (sur un total d’environ 44 millions
d’habitants) et l’indigence affecte 2,47 millions de personnes.
Le taux de pauvreté est donc de 33,6 % tandis que l’indigence
touche 6,1 % de la population totale. Le rapport de l’Unicef
annonçait que 48 % des enfants argentins étaient en situation
de pauvreté, par manque d’un des biens indispensables pour une
bonne éducation (nourriture, habitat correct, vêtement,
enseignement, soins de santé).
La
UCA est considérée de droite par la gauche, notamment par
Página/12, qui s’est toujours méfié de ses publications pendant
les trois mandats Kirchner (de 2003 à 2015). Pendant cette période,
la UCA publiait des études qui contredisaient les chiffres
officiels, ceux de l’INDEC, concernant la pauvreté endémique dont
la politique de gauche du couple n’arrivait pas à bout, tandis que
l’opposition de droite, à la tête de laquelle se trouvait
Mauricio Macri (1), l’actuel président, s’appuyait sur ces données
pour critiquer le gouvernement. La situation se trouve renversée
aujourd’hui : la droite et l’alliance aux affaires
(Cambiemos) se voit contrainte de reconnaître la triste réalité.
Cohérente
avec sa ligne générale depuis le retour de la démocratie, le
magistère catholique continue à dénoncer l’injustice des
situations sociales et cette fois-ci, les évêques s’allient aux
partenaires sociaux pour faire le point sur le phénomène : le
président de la conférence épiscopale a reçu hier une délégation
de syndicats ouvriers et d’organisations patronales qui lui ont
remis un travail commun intitulé Une patrie fondée sur la
Solidarité et le Travail – Base de dialogue pour le travail et la
vie dans la dignité. Ils y critiquent fermement la politique menée
par le gouvernement et énonce en 21 points des propositions et des
revendications pour améliorer la situation. Parmi les signataires,
l’UIA (union de l’industrie argentine), un organisme patronal
dominé par les PME, qui a longtemps hésité avant de sauter le
pas (elle craignait de se politiser). Les associations coopératives
étaient elles aussi représentées.
En gros titre : le rapport de l'UCA en photo : Juan Darthés, dans l'émission d'hier, comme à la une de Clarín En titre secondaire, en haut, à droite : les dénégations du frère du président Gianfranco Macri a nié devant le juge avoir payé des dessous-de-table en ajoutant avec courage : "mon père, ça je ne sais pas !" alors que la famille tente de protéger le père et de lui éviter la comparution parce que son état de santé ne le permettrait pas... C'est beau, la famille ! Voir mon article du 11 novembre sur cet autre scandale Cliquez sur l'image pour une haute résolution |
Même
le quotidien économique Ambito est obligé d’en faire mention, ce
qu’il fait avec une répugnance marquée, parlant de la présence
de grévistes (piqueteros) parmi les participants.
Le
même jour, sortent les chiffres de l’inflation mensuelle : à
la fin novembre, on arrive à une inflation sur l’année de 48 %,
soit le double de ce qu’elle était sous la présidence de Cristina
Kirchner (environ 25%).
Pour
en savoir plus :
sur
le rapport de la UCA
lire
l’article de La Prensa sur les déclarations du président Macri
(l’année prochaine, l’Argentine confirmera qu’elle a compris
que nous sommes sur le bon chemin, allusion à son espoir d’être
réélu en octobre prochain)
lire
l’article de Clarín
lire
l’article de Ambito
lire
la dépêche de la AICA (l’agence de presse de l’Église
catholique argentine)
sur
le document remis aux évêques
lire
l’article de Ambito
Ajout du 16 décembre 2018 :
lire cet article de Página/12 qui analyse un autre rapport d'une autre source, qui porte sur les comportements d'épargne et de restriction de leur consommations des Argentins, confrontés à la perspective d'une éventuelle perte d'emploi ou d'activité. Des graphiques très parlants sur les restrictions alimentaires et l'évaluation des revenus
lire cet article de La Prensa qui annonce que le bureau de la CEA devrait être reçu par Mauricio Macri jeudi prochain, comme le président l'avait fait à la fin de l'année dernière.
Ajout du 19 décembre 2018 :
lire cet article de Página/12 sur les déclarations pessimistes du président de l'UIA en conférence de presse. Il déclare que les patrons d'entreprises manufacturières que rassemble son organisation ont vécu une année très éprouvante et ne sont pas d'accord avec Mauricio Macri qui promet la reprise en 2019 (une année où il cherchera probablement sa réélection). Il y a quelques jours, l'ancien président de l'UIA, qui avait salué la victoire de Macri en 2015, avouait s'être trompé sur l'actuel gouvernement...
Ajout du 20 décembre 2018 :
lire cet article de Página/12 sur les déclarations de Mauricio Macri qui a concédé que les mois à venir allaient être durs à vivre.
Ajout du 22 décembre 2018 :
lire cet article de La Prensa sur les récentes déclarations de l'actuel président de l'UIA, très critique sur l'incapacité dont le pays fait preuve pour tirer un profit durable de ses richesses immenses.
(1) Mauricio Macri a fait ses études d'ingénieur à l'UCA avant d'aller les compléter aux Etats-Unis. C'est aussi le cas de plusieurs de ses ministres et conseillers.