"Permis de tuer", titre Página/12, avec son habituel sens du détournement c'est bien la ministre Patricia Bullrich qui tient la pose de James Bond |
Pour porter atteinte à l'un des principes
fondamentaux des droits de l'homme, le droit à la vie, il aura suffi
au gouvernement argentin de publier une simple modification du
règlement de l’usage des armes pour les forces de l'ordre, parue
ce matin au bulletin officiel de la République mais signé par la
ministre concernée le 27 novembre dernier, alors qu'arrivaient à Buenos Aires les premières délégations du G20.
Cela
s’est donc fait sans débat public, sans débat parlementaire. En
catimini.
Clarín a choisi de consacrer le gros titre à cette information et la photo a un énième match de football |
Depuis
ce matin, les policiers fédéraux sont donc autorisés à faire feu
sur toute personne s'ils soupçonnent qu’elle représente un risque
de mort ou de blessure. Ce risque n’a pas besoin d’être
caractérisé par une agression ou un début d’agression de la part
de ce suspect. Les agents de la force publique peuvent lui tirer dans
le dos (comment y a-t-il danger imminent dans ce cas ?). Ils
n'ont même pas obligation de faire état de leur qualité de
policier ni même de faire les sommations.
La Nación fait un choix assez proche de Clarín avec les travaux dans l'avenue Corrientes en lieu et place du foot ! |
Cela
fait un an que la ministre de la Sécurité voulait modifier la loi
dans ce sens, après l’inculpation d’un policier de la province
de Buenos Aires qui avait tué un jeune hors-la-loi mineur en dehors
du cadre de la légitime défense, le sous-officier Luis Chocobar,
qui, malgré le soutien appuyé de l’exécutif, aura à répondre
de ses actes devant la justice du pays.
Dessin de Daniel Paz et Rudy, à la une de Página/12 ce matin |
Le porte-parole du gouvernement : Désormais,
la police va tirer dessus sur ceux qui prennent la fuite.
la
journaliste : Est-ce un avertissement de Cambiemos aux
radicaux ? (1)
Traduction
© Denise
Anne Clavilier
Toute
la presse commente cette nouveauté qui ressemble aux promesses
électorales de Jair Bolsonaro, promesses électorales qui a horrifié
l’opinion publique argentine.
Pour
aller plus loin :
lire
l’article principal de Página/12, vent debout contre la mesure (le
journal y consacre de nombreux billets, analyses, réactions de
militants de droits de l’homme et éditoriaux)
lire
l’article de Clarín
(1) Dans l’alliance gouvernementale actuelle qui
se compose d’une grosse majorité néolibérale (Mauricio Macri),
d’une minuscule portion de centre-gauche (socio-démocrates) et
d’une petite portion de l’UCR, les radicaux, le plus vieux parti
du pays, ces derniers sont en train de prendre leurs distances depuis
de nombreux mois, avec une tendance de plus en plus forte de se
démarquer des décisions du président Macri, auquel ils reprochent
surtout de ne pas tenir compte de leur avis, voire de gouverner sans
les consulter.