mardi 11 décembre 2018

Et à la fin, c’est River qui gagne [Actu]

J'aime décidément beaucoup les unes très inventives de ce journal
mais elles sont souvent difficilement compréhensibles à l'étranger
Le tableau représente la fondation de Buenos Aires en juin 1580
par Juan de Garay et son petit corps expéditionnaire.
Tableau de la fin du 19e siècle auquel on a ajoué la bannière du River Plate
En gros titre : la conquête millionnaire
La conquête est une allusion aux conquistadors, l'inverse des Libertadores,
puisque cette rencontre s'est jouée à Madrid
Quant aux millionnaires, ce sont les joueurs du River Plate
Chaque équipe a son surnom en Argentine

Dimanche soir, à Madrid, c’est River Plate, le club des riches et snobs patriciens du nord (qui parlent anglais), qui a remporté la Copa Libertadores par 3 buts à 1 pour Boca Juniors, le club des prolos du sud.

Clarín a fait beaucoup plus simple !
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En haut, River Plate sur la pelouse après le match
En bas, spectacle évoquant une Espagne en toc à Buenos Aires
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Le président argentin, Mauricio Macri, riche homme d’affaires de droite et néanmoins supporter encarté depuis toujours à Boca Juniors (1), s’est fendu d’un tweet fair-play aux vainqueurs mais a tout de même exprimé son amertume par la suite, devant les élèves d’une école qu’il est allé visiter lundi pour marquer le Jour des Droits de l’homme.

Dessin de Rudy et Paz hier sur la une de Página/12
Le ministre : L’important, c’est qu’on ait pu disputer la finale de la coupe….
Ils ont été très bien, les Espagnols.
Macri (qui semble accablé par la défaite) :
Et si on leur demandait de s’occuper de l’inflation ?
Traduction © Denise Anne Clavilier

Les unes d’hier parlent d’elles-mêmes et deux articles de La Prensa valent leur pesant d’or : méditations sur une finale jouée à l’étranger, dans la capitale de l’ancien colonisateur, parce que les pouvoirs publics se sont avérés incapables de faire respecter l’ordre et la sécurité dans les rues de Buenos Aires, il y a deux semaines.

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Et bien sûr, les dessinateurs de Página/12 n’ont pas manqué l’occasion de commenter le résultat avec le sens de l’absurde et de la critique politique qu’on leur connaît.

Miguel Rep, hier, dans Página/12
Alors maintenant oui, j’ai pris position (2).
Du côté du vaincu, toujours (3)
Traduction © Denise Anne Clavilier

Pour aller plus loin :
lire l’éditorial de La Prensa d’aujourd’hui
lire l’article de La Prensa sur les réactions du président Mauricio Macri.



(1) Il en a même été le président pendant une dizaine d'années avant de se lancer dans une carrière politique, avec l'appui de cette classe sociale laborieuse qu'il avait pu séduire dans cette fonction. Il était inutile qu'il fasse cela auprès des habitants des quartiers du nord, déjà sérieusement acquis aux idées de droite, qu'elle soit libérale ou catholique.
(2) Allusion au grand jeu de tous les Argentins pendant les quatre dernières semaines : "Et toi, tu soutiens qui ? Boca ou River ?"
(3) Lukas est un éternel déprimé. Ici, il porte les couleurs de Boca Juniors.