mardi 6 juillet 2021

Premier portrait de femme au Congrès [Actu]


Aujourd’hui, à 15 h (heure locale), dans l’enceinte du Congrès national argentin, pour la première fois, les députés vont faire accrocher dans une des salles où ils conduisent leurs travaux parlementaires, le portrait d’un personnage historique féminin. Une héroïne de la guerre d’indépendance. La première officier supérieure de l’armée argentine, élevée au grade de capitaine par Manuel Belgrano au cours de sa campagne dite du Haut-Pérou.

María Remedios del Valle (entre 1766 et 1768 - 1847) était une afro-américaine. On ne sait pas si elle était né en Espagne ou à Salta. Sa naissance aurait pu se produire entre 1766 et 1768. Elle est décédée à Buenos Aires au printemps 1847, entre le 28 octobre et le 8 novembre. Elle appartenait donc à une classe sociale des plus méprisées dans la société coloniale sud-américaine et ces préjugés ont longtemps survécu à la fin de l’Ancien Régime, d’où le flou qui entoure la date de sa mort. Légèrement plus âgée que Belgrano, elle lui survécut plus d’un quart de siècle. Son courage sur le champ de bataille avait impressionné le général en chef à la bataille de Ayuhoma en Bolivie, en 1813.

C’est le gouverneur Juan Manuel de Rosas (1793-1877) qui la tira de la misère dans laquelle elle vivait lorsqu’il arriva au pouvoir en 1835. Grand partisan de la considération pour la culture afro-argentine, il l’éleva au grade de sargento-mayor, un grade d’officier supérieur, avec la pension militaire correspondante. Elle était encore vivante le 28 octobre 1847 puisqu’une partie de sa pension lui a été remise ce jour-là. A la date du 8 novembre, son nom figure sur la liste des décès récents de personnalités portègnes. Elle porte aujourd’hui le beau titre de « Madre de la Patria ».

En son honneur, on célèbre déjà le 8 novembre la fête nationale des Afro-descendants et de la culture afro » en Argentine. On a déjà accroché un premier portrait d’elle au Museo Malvinas y Islas del Atlántico Sur, à Buenos Aires.

Inutile d’ajouter que nous ne disposons d’aucun portrait d’elle exécuté de son vivant. Le tableau qui sera accroché tout à l’heure à la Chambre dépend entièrement de l’imagination de l’artiste auquel le portrait a été commandé. L’intérêt est donc symbolique et n’a rien d’historique.

La cérémonie d’accrochage sera retransmise en direct sur la chaîne Youtube de la Chambre des députés.

Comme on peut s’y attendre, il n’y a qu’un seul journal qui fasse mention ce matin. Vous avez déjà deviné son titre.

© Denise Anne Clavilier

Pour aller plus loin :