vendredi 9 juillet 2021

Venue du Nord, une méga-tempête s’est levée contre Macri ! [Actu]

"Macri a donné aux putschistes des munitions mortelles",
dit le gros titre sur un montage photographique :
le ministre pendant sa conférence et la copie du courrier du chef d'état-major


Certes, en Argentine, l’affaire sort à point nommé dans le cadre de la campagne électorale de mi(-mandat. De là à crier à un complot de la gauche internationale, il y a peut-être un temps de réflexion à respecter !

"Le Gouvernement accuse Macri d'avoir soutenu
la répression en 2019", dit le gros titre
au-dessus d'une photo de deux vaccinateurs sur le lac de Titicaca
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(le flou est voulu par ce quotidien bolivien)

Hier, en effet, dans une conférence de presse tout ce qu’il a de plus sérieux, le ministre des Affaires étrangères bolivien a révélé, preuves à l’appui, que Mauricio Macri, alors président argentin, aurait appuyé le coup d’État contre Evo Morales en envoyant des munitions militaires aux partisans de Jeanine Añez, actuellement incarcérée sous des chefs d’inculpation relatifs à sa prise de pouvoir anticonstitutionnelle en 2019. La Bolivie, gouvernée à nouveau par le Mouvement vers le Socialisme (MAS), envisage de porter plainte contre l’ancien président argentin devant la Commission internationale des Droits de l’homme (ONU) car la livraison de fournitures militaires pour aider à la répression de manifestants dans un autre pays est contraire aux règles de bonne conduite entre États souverains membres de l’organisation. Il est donc peu probable qu’il s’agisse d’une accusation opportune.

Pas un mot sur l'affaire en une.
En haut, le petit jeu politicien au sein du Mercosur
En bas, les jeux à Tokyo
En colonne de gauche, deux titres concernant l'anniversaire de l'Indépendance
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Il est probable que les dirigeants (et les militants) de gauche sud-américains, dont une partie retrouve démocratiquement le pouvoir ici et là sur le continent, soient désormais résolus à lutter contre les pratiques douteuses d’une certaine droite, assez peu regardante sur les exigences démocratiques : au Brésil, Lula est en tête des sondages pour les élections présidentielles qui s’approchent et où Bolsonaro entend se représenter, alors qu’il est à présent dans le viseur de la justice dans son pays (corruption en tout genre et mise en danger de la vie d’autrui par inertie devant la pandémie, etc.) ; au Chili, c’est une militante mapuche doublée d’une linguiste surdiplômée, Elisa Loncón, qui vient d’être élue, à la surprise générale, à la tête de l’Assemblée constituante obtenue de haute lutte par la contestation de la politique menée depuis la Moneda par Sebastián Piñera ; au Pérou, c’est Pedro Castillo, un instituteur de campagne et un militant populaire qui ne cache aucune de ses orientations, qui vient d’emporter le siège présidentiel - d’un cheveu, certes, mais c’est bien lui qui a gagné (1) ; en Uruguay, le Frente Amplio, qui structure l’opposition, vient d’obtenir assez de signatures de soutiens citoyens pour lancer un référendum contre un dispositif législatif voté par la majorité ultra-libérale et qu’il estime liberticide.

Pas un mot sur l'affaire bolivienne !
"La Justice a décidé que les vaccinés par privilège
n'ont pas commis de délit", dit le gros titre en référence
à la fin du procès des "Vaccinés VIP"
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Voilà, sur ces entrefaites, voilà cette affaire bolivienne, qui tombe au moment où la Justice argentine étale au grand jour d’autres affaires peu reluisantes et qui ne datent pas d’hier : système d’évasion fiscale et d’enrichissement personnel de la part de l’ex-président et pillage en règle d’une entreprise de service public, Correo Argentino, accordée en concession il y a 20 ans à la holding dirigée par sa famille.

Le courrier à l'ambassadeur argentin
qui constitue la preuve du complot anticonstitutionnel de 2019
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Le président argentin, Alberto Fernández, a sur-le-champ envoyé une lettre d’excuse à son homologue bolivien, Luis Arce, dont il avait salué l’élection en octobre de l’année dernière et son ministre des Affaires étrangères, Felipe Solá, est allé titiller son prédécesseur, Jorge Faurie, un très fin diplomate de carrière, qui a immédiatement nié avoir été au courant (ce qui pose un problème pour la bonne marche du ministère sous sa direction). Hélas pour lui, le ministre bolivien a fait état hier d’un courrier de remerciement que le chef d’état-major bolivien en poste en novembre 2019 a adressé à l’ambassadeur argentin après la réception d’une liste très précise d’armes chimiques (dont des bombes de différents gaz lacrymogènes).

Un seul mot sur l'affaire : ce petit encart
à l'intérieur du pavé portant sur le Mercosur...
En gros titre principal : l'assouplissement des règles sanitaires
à Buenos Aires à partir de demain
En gros titre secondaire (au-dessus de la photo) :
la guéguerre au sein du Mercosur
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Alors que de nombreux quotidiens boliviens font leur une de ces révélations, la presse argentine se montre beaucoup plus discrète et préfère, à droite, mettre l’accent sur la crise politique au sein du Mercosur, l’alliance commerciale régionale, actuellement présidée par l’Argentine, qui taxe à 12 % les marchandises qui entrent sur son territoire (hors Mercosur) alors que l’Uruguay et le Brésil contestent cette politique « protectionniste ». Une pression des deux présidents de droite qui veulent peut-être faire oublier les revers qu’ils essuient dans leurs pays respectifs.

"Macri a envoyé en 2019 du matériel de guerre chez nous
et Fernández présente ses excuses", dit le gros titre
En-dessous : la situation à Haïti
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Pendant ce temps, Mauricio Macri se trouve toujours en Espagne où il participait hier à une rencontre du Partido Popular, la droite issue du franquisme et convertie à la démocratie à la fin des années 1970 (d’où est sorti il y a peu le parti d’extrême-droite Vox, franquiste tout court). De là, l’ancien président argentin a de nouveau contesté les mesures sanitaires et attaqué en illégitimité le « populisme » qui se serait emparé de son pays.

© Denise Anne Clavilier

Pour aller plus loin :



(1) Les résultats devraient être proclamés officiellement au milieu de la semaine prochaine alors que le deuxième tour a eu lieu le 6 juin et que la candidate battue a fait tout un cirque à la Trump pour contester les résultats et retarder le moment où elle-même devra aussi faire à nouveau face à la justice pour corruption et infraction à son régime de liberté conditionnelle, parce qu’elle s’est présentée alors qu’elle était sous le coup d’une instruction !