Convoqué aujourd’hui au cabinet du juge d’instruction de la branche « ARA San Juan » du scandale des écoutes illégales, l’ex-président Mauricio Macri, suspecté d’avoir été le commanditaire de ces opérations, a décidé de rester aux États-Unis. Il se trouve à Miami où il est censé faire la promotion de son autobiographie, Primer Tiempo (Première manche), et vient d’annoncer qu’il allait rester un bon moment en Floride où il a accepté de donner des cours de leadership dans une université locale.
Ce n’est pas la première fois que Macri fait fi des convocations judiciaires. Il l’a fait à plusieurs reprises lorsqu’il était chef du Gouvernement de la Ville autonome de Buenos Aires. Mais cette fois-ci, les accusations qui pèsent sur lui sont infiniment plus graves qu’alors : président de la République, il aurait utilisé les moyens de l’État pour espionner certains membres des familles des sous-mariniers du « ARA San Juan », disparus dans le naufrage de leur bâtiment alors qu’il croisait, en manœuvre, dans les eaux du sud de la Patagonie.
Mauricio Macri a été inculpé la semaine dernière et interdit de sortie du territoire argentin, alors qu’il se trouvait déjà à l’étranger. Aujourd’hui, il a chargé la présidente de son parti, la très droitière et casi-trumpienne Patricia Bullrich, d’informer le magistrat instructeur qu’il ne se rendra pas à la convocation qu’il lui avait fixée pour ce 7 octobre. Puisque Macri ne rentre pas au pays alors qu’il est convoqué par la justice, il est techniquement en fuite. Reste à savoir si un juge va constater le fait et prendre les mesures de procédure qui s’imposent (ou qui s’imposeraient contre n’importe quel autre justiciable).
Quant à la
presse, elle est en majorité assez discrète sur ce nouveau scandale
qui se greffe sur le précédent. Il faut vraiment prendre le temps
de chercher sur les sites de Clarín
et de La
Nación
pour trouver quelque chose sur le sujet. Página/12,
en revanche, appuie de toutes ses forces là où ça devrait faire
mal à la droite (mais eu égard à la part hégémonique qu’elle a
dans le paysage médiatique argentin, il est fort probable que les
électeurs de droite ne sont pas informés de ce scandale qui affecte
leur ancien leader comme ils l’ont peu été, pour les mêmes
raisons, sur les Pandora Papers, où Macri est compromis une nouvelle
fois).
L'affaire de Miami est annoncé tout en bas à gauche Cliquez sur l'image pour une haute résolution |
Et pendant ce temps, à la Legislatura de Buenos Aires (chambre législative municipale), la majorité de droite tente de faire passer une loi qui ferait des tribunaux locaux de la Ville des instances d’appel contre des décisions prises par la justice fédérale, une tentative de sauver Macri des « griffes » de celle-ci dans divers procès qui lui sont intentés, à commencer par la faillite frauduleuse de Correo Argentino, service public confié en concession à la holding Macri, dirigée par la famille de l’ex-président.
Pour aller
plus loin :
lire l’article de Página/12 sur le refus de Macri de déférer à la convocation judiciaire dont il faisait l’objet aujourd’hui