vendredi 15 octobre 2021

A 3,5 %, l’inflation de septembre défie les pronostics [Actu]

Synthèse générale ouvrant le rapport
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Entre la crise économique propre au pays et préexistant à la pandémie d’une part et la crise que produit partout dans le monde la reprise simultanée de l’activité d’autre part, l’Argentine s’achemine tout droit vers une inflation annuelle qui dépassera le niveau (51 %) auquel elle était parvenue à la fin de 2019, la dernière année de la présidence ultra-libérale de Mauricio Macri, alors que jusqu’en mai, quand l’arrivée des doses de vaccins a commencé de s’améliorer, l’actuel gouvernement (de gauche) avait réussi à ralentir le phénomène et à le maintenir autour de 40 à 45 %.

Synthèse des variations dans le temps
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Ainsi donc les relevés de l’INDEC (institut national de statistiques) publiés hier donnent un taux d’inflation de 3,5 % pour le mois de septembre, soit un point de plus qu’en août, qui était le cinquième mois de ralentissement de cette hausse folle et continue des prix dans tout le pays.

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Curieusement, cette fois-ci, les journaux de droite reconnaissent l’existence de ces cinq mois d’amélioration, qu’ils se gardaient bien de souligner de mai à septembre, lorsqu’ils commentaient le rapport mensuel de l’INDEC…Comme le pays est en campagne électorale, l’occasion est trop belle et le gros titre de Clarín (1) le montre assez bien.

A la une de Página/12, le duo Daniel Paz (dessin) et Rudy (texte)
ont choisi d'en rire !
Lui : Jeff Bezos a atteint la stratosphère
Elle : Nos magnats, eux qui fixent les prix, aussi
Traduction © Denise Anne Clavilier
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La variation interannuelle, d’octobre 20 à septembre 21, grimpe à 52,5 tandis que l’inflation cumulée depuis janvier (soit 9 mois) atteint les 37 %.

Variations régionales
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En revanche, les écarts entre régions reviennent à la normale : c’est Buenos Aires et sa banlieue qui présentent le taux le plus élevé, avec 3,8 %. Quant à l’alimentation, elle n’est pas le poste qui a le plus augmenté : son taux correspond à la moyenne générale alors que septembre correspond au début du printemps et à l’arrivée d’une multitude de fruits et légumes frais. Au niveau des régions, c’est souvent le tabac, dont le prix est libre, qui mène la danse, ce qui n’est pas courant (sans doute un problème d’approvisionnement en grandes marques des États-Unis).

© Denise Anne Clavilier

Pour aller plus loin :



(1) C’est la deuxième fois pendant cette campagne que Clarín utilise en gros titre une expression qui pourrait lui revenir en boomerang. Si en effet l’inflation a échappé au gouvernement le mois dernier, c’est que depuis le changement de majorité, les pouvoirs publics parvenaient à contenir le phénomène. De même, il y a quelques semaines, à l’annonce de la démission de l’unique femme juge à la Cour suprême, le tabloïd a clamé que « le président [avait] perdu son seul juge à la Cour », ce qui laissait entendre que les quatre autres juges étaient acquis à l’opposition, ce que le président Alberto Fernández n’avait pas manqué de souligner puisque ce gros titre semblait un aveu de la partialité des magistrats.