Hier, Mauricio Macri devait se présenter devant le juge qui instruit l’affaire des écoutes illégales réalisées contre certains membres des familles des sous-mariniers du ARA San Juan, disparu en mission dans les eaux territoriales argentines.
L’ancien président s’est
bien présenté mais pour aussitôt refuser de répondre au
magistrat : il s’est retranché derrière le secret d’État.
Le juge a immédiatement adressé à la Casa Rosada une demande de
levée de ce secret dans le chef de l’ancien président et l’actuel
occupant du palais, qui est professeur de droit pénal, a
immédiatement signé le décret de levée du secret, avant de
s’envoler pour Rome où Alberto Fernández doit assister au sommet
du G20 (sans audience pontificale, campagne électorale oblige) puis
se rendre à Glasgow pour la COP 26. Sans doute Macri a-t-il cru
que son objection de mauvaise foi et le départ imminent à
l’étranger du chef de l’État
allaient lui permettre de gagner encore du temps. Raté !
En haut, en jaune : "Comédie de pataquès" En bas : "L'extrême-gauche de plus en plus folle" La photo principale cache et le lieu et la foule clairsemée Cliquez sur l'image pour une haute résolution |
L’interrogatoire va donc
reprendre (la date est déjà fixée au 3 novembre) et Macri a
demandé qu’il se tienne par Zoom. Cela lui épargnerait la double
humiliation à laquelle il a été exposé hier : d’abord
celle de comparaître en justice comme prévenu et ensuite de faire
face au très peu de monde venu le soutenir à l’extérieur du
tribunal, alors qu’à la première comparution en justice de sa
rivale politique, Cristina Kirchner, en 2016, une foule compacte
était venue la soutenir et l’acclamer. Pourtant Macri et consorts
avaient fait ce qu’il fallait : au début de la semaine, ils avaient affrété 400 cars
de tourisme pour faire venir des partisans des quatre coins du pays.
Les photos en attestent : hier, il n’y avait pas grand monde.
Devant sa poignée de partisans,
au sortir du cabinet du juge, Mauricio Macri, qui cultive toutes
sortes de théories de la persécution pur justifier les nombreuses
enquêtes dont il fait l’objet, a prétendu que s’il y avait si
peu de monde, c’était à cause des contrôles routiers dont le
nombre inhabituel hier ralentissait partout la circulation. Ses
suiveurs se disent persuadés que tout cela est un dossier artificiel
monté par la majorité (on croirait relire les articles sur
l’affaire Fillon).
La presse de droite n’est pas loin d’embrayer sur cette thèse : sur ses unes, elle tente de faire passer le juge pour un incompétent après l’avoir décrit comme un militant kirchneriste acharné à perdre l’ancien leader de la droite ultra-libérale. Ce nouveau renvoi de ce premier interrogatoire serait dû selon eux à une erreur de procédure grossière de la part du juge. Comme si un magistrat pouvait connaître par avance le système de défense d’un prévenu et prendre des mesures préventives avant de l’avoir entendu. D’après les quotidiens de droite, le magistrat aurait dû demander la levée du secret avant de recevoir le prévenu. Un raisonnement par l’absurde qui ressemble à celui des complotistes : tout concourt à confirmer leurs convictions, y compris l’absence de preuve puisque le fait qu’aucune preuve ne soit disponible prouve qu’il y a bien eu complot.
Les parties civiles quant à elles ont fait savoir que tout ce cirque ne méritait de leur part que du mépris. Seul Página/12 rapporte leurs commentaires.
Pour en savoir plus :
lire l’article de Página/12
lire l’article de La Prensa
lire l’article de Clarín
lire l’article de La Nación
sur la levée du secret