Dimanche
dernier, les Argentins ont clairement exprimé un vote dégagiste.
Aujourd’hui, moins d’une semaine plus tard, les principaux
ministres de Macri sont déjà de retour sur leurs postes d’il y a
quatre ou cinq ans !
"Adieu au dogmatisme", dit La Prensa sans doute un peu soulagée de retrouver une droite classique Cliquez sur l'image pour une haute résolution |
Comme on pouvait le deviner dès le lendemain du premier tour, c’est bien Mauricio Macri qui tirera les ficelles depuis la coulisse au cours de ce mandat et le type est très fort : il vient d’obtenir cette marche arrière de sa future marionnette échevelée alors qu’il n’est même pas présent en Argentine. Il a tout géré par téléphone depuis l’Arabie Saoudite où il est en voyage.
Mileí a certes beaucoup résisté
à ces tentatives cousues de fil blanc de l’ancien président
appuyé par ses affidés, eux-mêmes balayés sans ménagement au
premier tour. A présent, le pot aux roses apparaît en plein jour
d’autant que Mileí a dû renoncer à plusieurs de ses premières
nominations alors qu’elles étaient déjà publiques depuis lundi
ou mardi. Ses plus fidèles n’obtiendront pas les postes auxquels
ils avaient déjà été nommés très officiellement ! Quelle
humiliation !
"Virage de Mileí : il donne l'Economie à Luis Caputo et Bullrich va à la Sécurité", dit le gros titre Cliquez sur l'image pour une haute résolution |
Il est difficile de douter du fait que Macri ait pu tordre le bras à Mileí car celui-ci devait s’envoler hier pour New York où il voulait, paraît-il, se recueillir sur la tombe d’un rabbin loubavitch (et puis quoi encore !). Or il a annulé son déplacement et il reste en Argentine.
Caputo est celui sous le
ministère de qui a été contractée l’effarante dette de 45
milliards de dollars auprès du FMI en juin 2018. Une dette qui pèse
toujours sur le pays et que la crise du Covid n’a fait qu’aggraver.
"Caputo se voit offrir l'Economie et Bullrich prendra ses fonctions à la Sécurité", dit La Nación Cliquez sur l'image pour une haute résolution |
Bullrich a toujours soutenu la
politique « del gatillo fácil » (en français, la
gâchette facile) et elle pose comme principe qu’un policier qui
fait usage de son arme est réputé en légitime défense (la loi
actuelle dit l’inverse) tant que le contraire n’a pas été
prouvé, voire sans même que qui que ce soit ait le droit de prouver
le contraire.
A court terme (pour les deux ans à venir), cette nouvelle est un tout petit peu rassurante : ce n’est plus le saut dans l’inconnu que cela semblait être. On va revenir au mandat de Mauricio Macri. Grosso modo on sait de quoi il retourne. On sait sur quoi il faut être vigilant.
A plus long terme, c’est très inquiétant car ce sera la énième fois que les puissants, comme Macri, qui appartient à une famille richissime, propriétaire d’une très grosse holding multi-sectorielle, s’arrangent pour contourner la volonté populaire qui s’est exprimée dans les urnes dimanche dernier. Or c’est probablement cette absence de respect de la souveraineté populaire que ce vote a fini par sanctionner de la façon la plus violente et la plus rageuse.
Pour aller plus loin :