mardi 1 juillet 2025

El Tango pide pista de retour à Pista Urbana [à l’affiche]


El Tango pide pista (le tango demande la piste) est un festival alternatif qui se tient tous les ans, depuis dix ans, dans un très sympa et très typique modeste café du quartier de San Telmo, dans la rue Chacabuco, dénommé Pista Urbana. Pista Urbana est une institution sans but lucratif, gérée par une association, et qui s’est donné pour mission d’accueillir tous les musiciens et tout le public, indépendamment de la taille du portefeuille.

Pendant tout le mois de juillet, en plein hiver austral, Pista Urbana proposera trente spectacles différents dans à peu près toutes les disciplines du tango, avec des chanteurs, des compositeurs, des instrumentistes, des danseurs, du cinéma. Le café ouvre sa piste et sa scène à des artistes authentiques qui ont bien souvent beaucoup de mal à se produire, en particulier depuis l’arrivée de Javier Mileí au pouvoir.

L’entrée est libre. La participation aussi et le programme est somptueux, même s’il est très difficile maintenant de rassembler du public en soirée, notamment dans cette petite rue secondaire, qui ne bénéficie pas de l’éclairage public abondant qui existe dans les avenues du voisinage. Sans parler des difficultés pour se garer si vous venez d’un peu loin... Les gens ont peu d’argent à consacrer aux loisirs et ils ont très peur de la violence qui monte très concrètement dans les quartiers même les plus paisibles depuis que le gouvernement a fait le choix de bannir toute politique sociale et de lui préférer la violence institutionnelle et économique. Et en plus, il fait un froid de canard en ce moment sur toute l’Argentine !

© Denise Anne Clavilier


Pour aller plus loin :

lire l’article de Página/12, qui donne la parole aux organisateurs du festival
lire l’article de Fractura Expuesta, le média spécialisé dans le tango alternatif, qui détaille le programme jour après jour
visiter le site Internet de Pista Urbana

YPF ferait l’union sacrée ? On rêve ! [Actu]

"Ordre est donné de livrer 51% de YPF
à cause de l'expropriation kirchneriste", dit le gros titre
La Nación jette sur la Une ce ce qui ressemble à
une authentique colère et donne aussi un petit coup
de griffe pour faire bonne mesure !
Il ne faudrait pas que le lecteur les croit acquis à Cristina...
En-dessous : une image rare, la neige
sur la plage de Miramar, dans la Province de Buenos Aires
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YPF est la société pétrolière nationale argentine qui exploite les gisements (yacimientos) de pétrole découverts en Patagonie en 1907, depuis l’extraction jusqu’à la distribution aux clients finaux des produits raffinés. Sa création comme société nationale date de 1922, sous la première présidence de gauche de l’histoire du pays, celle de Hipólito Yirigoyen (1852-1933).

En 1991, dans la grande et catastrophique vague de privatisation voulue par Carlos Menem, le président préféré de Javier Mileí, son modèle vénéré, YPF a été livré au marché et tous les profits de cette part considérable du sous-sol argentin ont fini par partir en Espagne, dans les caisses de Repsol, qui avait intégré l’entreprise argentine dans le périmètre de sa holding. En 2012, la présidente Cristina Kirchner a renationalisé l’entreprise. Axel Kiciloff, qui est aujourd’hui le très combatif gouverneur de la Province de Buenos Aires, était son ministre de l’Économie et c’est sous sa direction que l’opération technique a été menée de bout en bout, avec un vote conforme au Congrès. Depuis 2012, les anciens détenteurs privés du capital de YPF poursuivent l’Argentine sous toutes les formes possibles.

"L'héritage maudit du kirchnerisme", dit le gros titre
méchant, mais consterné lui aussi !
A gauche, le journal de l'extrême-droite catholique
choisit de clouer au pilori les socialistes espagnols.
Cela doit leur faire du bien de taper sur la gauche...
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Aujourd’hui, l’État argentin détient 51 % du capital de YPF et il n’y a plus de différent avec Repsol depuis longtemps. Le pétrolier espagnol a signé avec la République Argentine un accord qui n’a jamais été contesté depuis.

Cependant, deux sociétés d’investissement privé, qui ne réalisent en fait que des achats spéculatifs, notamment sur les titres de dette d’autres sociétés, sans aucun égard pour les enjeux industriels des entreprises dont ils se font les prédateurs, se sont tournées vers la justice de l’État de New York, aux États-Unis, où elles sont enregistrées, pour faire rendre gorge à l’Argentine, pays souverain, que les deux juges locaux successifs traitent comme n’importe quel acteur économique privé, déniant à ce pays étranger et démocratique sa liberté de disposer de son sous-sol selon les règles de sa constitution. La gauche argentine, alors encore au pouvoir, a surnommé ces deux sociétés les fonds vautours (fondos buitre), une expression qui a fait florès dans toute la gauche occidentale. Ce qui est intéressant, c’est de constater que ce terme s’est maintenant imposé dans toute la presse argentine, y compris très loin à droite.

"Aux Etats-Unis, on ordonne que YPF cède
51% de ses actions", dit le gros titre
au-dessus d'une autre photo de plage enneigée
au sud de Buenos Aires
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En première instance, il y a deux ans, la justice new-yorkaise a prétendu imposer à l’Argentine le paiement de compensations faramineuses aux « propriétaires lésés » par la nationalisation et hier, la juge a décidé que ces compensations seraient réglées sous la forme d’une cession de 51 % du capital aux deux sociétés plaignantes.

Et ô miracle !, Mileí, qui veut pourtant tout livré au marché, vient d’annoncer son intention de faire appel de ce jugement, tout en prenant soin de rejeter la faute, comme une partie de la presse de droite, sur Kiciloff, qu’il appelle le « soviétique de La Plata ». On est en campagne électorale et à La Plata, l’actuel président ne parvient pas à bien se placer pour le scrutin d’octobre, or la Province de Buenos Aires est la plus peuplée du pays.

Malgré ces tartarinades électoralistes, une certaine unanimité semble se dessiner dans la presse contre ce jugement grossier qui bafoue une nouvelle fois la souveraineté argentine. On n’en était vraiment pas là il y a un peu plus de dix ans lorsque cette bataille judiciaire interminable s’est engagée !

© Denise Anne Clavilier


Pour aller plus loin :
lire l’article principal de Página/12
lire l’article principal de La Prensa
lire l’article de Clarín qui réserve à ses abonnés son article de Une
lire l’article principal de La Nación