jeudi 27 novembre 2025

Whirlpool s’en va aussi mais tout va bien dans le monde merveilleux de Mileí [Actu]

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A Pilar, dans la province de Buenos Aires, Whirlpool s’était installé en octobre 2022 pour produire des lave-linge dont 70 % étaient destinés à l’exportation dans la région. 52 millions de dollars d’investissement initial et 220 salariés au dernier décompte.

Le type assis : On ferme notre usine à Pilar et on met
300 travailleurs à la porte... On va tout importer.
L'autre : Comment ça ?
Le type assis : En Chine, on va acheter des réfrigérateurs.
A Trum, on va lui acheter sa manie de mettre les gens à la porte.
Vignette du jour sur Página/12, signée Daniel Paz et Rudy
Traduction © Denise Anne Clavilier

L’entreprise a fermé son usine argentine. Devant les perspectives économiques en berne, Whirlpool préfère plier bagage. Mileí y verra sûrement une preuve du « miracle argentin » que sa politique est censé avoir provoqué mais elle ne l’a fait que dans sa tête et dans la tête de quelques uns de ses pires courtisans.

© Denise Anne Clavilier


Pour en savoir plus :

mardi 25 novembre 2025

Le négationnisme avance à la Défense [Actu]

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Comme le ministre de la Défense Luis Petri vient d’être élu au Congrès et va prendre possession de son siège le 10 décembre prochain, Javier Mileí a nommé à sa place le chef d’état-major des forces armées argentines, un général dont le père, lui aussi officier, a été impliqué dans les crimes de la dictature de 1976-1983 et qui n’a jamais condamné ce régime putschiste, dictatorial et criminel. La vice-présidente, désormais brouillée avec le président, est dans la même situation : elle nie les crimes de la dictature dont son père a été le complice (non jugé). Constitutionnellement, elle préside le Sénat.

Plus de quarante ans après le retour à la démocratie et au gouvernement constitutionnel, c’est la première fois qu’un militaire occupe ce poste, toujours confié jusqu’à présent à un civil.

Or Petri avait déjà mis en place des programmes de formation qui avaient pour but d’installer dans l’esprit des militaires une équivalence de légitimité entre les victimes du régime dictatorial et celles des attentats commis par la lutte armée contre la Junte (ces attentats ont existé mais leurs victimes sont beaucoup, beaucoup moins nombreuses et la plupart du temps, il s’agissait de hauts responsables du régime). On craint que ces séminaires révisionnistes connaissent sous la conduite du nouveau ministre un développement plus dynamique encore, alors que le négationnisme du président est renforcé par celui de son protecteur, Donald Trump.

En Argentine, le discours officiel sur le sujet parle de rééquilibrage ou d’intégralité de la mémoire. En fait, il s’agit d’installer progressivement un nouveau récit officiel aboutissant à la négation pure et simple des crimes de la dictature, crimes contre l’humanité qui sont donc imprescriptibles et que Mileí et consorts veulent amnistier.

© Denise Anne Clavilier


Pour aller plus loin :

lire l’article de Página/12 sur les séminaires de « vérité intégrale »
lire l’article de Página/12 sur la condamnation formulée par le Mouvement Œcuménique des Droits de l’Homme (MEDH) tandis que celle formulée par Estela de Carlotto est réservée (en ligne) aux abonnés
lire l’article de La Prensa sur la réaction de Estela de Carlotto, la présidente de Abuelas de Plaza de Mayo (ce qui est très rare : la rédaction de ce quotidien de la droite réactionnaire ultra-catholique est plutôt hostile au mouvement de Abuelas)

Ajout du 27 novembre 2025 :

lire cet article de Página/12 sur l’instruction lancée contre un vice-amiral accusé d’avoir détruit des archives relatives aux crimes de la Dictature militaire de 1976-1983 (ces crimes sont imprescriptibles, la législation argentine interdit donc de détruire quelque archive que ce soit)

vendredi 21 novembre 2025

En Argentine, les enfants ont désormais le droit de jouer en bourse en ligne [Actu]

"Faites vos jeux, les enfants", dit le gros titre
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Désormais, à partir de 13 ans, les enfants pourront investir en ligne sur des produits financiers, c’est ce que vient d’annoncer la Comisión Nacional de Valores, le gendarme du monde financier argentin.

Heureusement, il ne s’agira que de produits réglementés (il en reste donc encore) et encadrés, donc censés être moins risqués que d’autres.

Les autorités expliquent qu’ainsi les enfants apprendront à gérer un portefeuille de valeurs. Comme s’ils n’avaient pas autre chose à découvrir à cet âge ! Pourquoi faudrait-il que gérer des sous, virtuels qui plus est, soit un apprentissage utile avant 16 ou 17 ans ? D’autant que rien n’empêche les parents fortunés d’initier leur progéniture à leurs activités lucratives...

Ils sont nombreux, ceux qui s’inquiètent des effets pervers inverses que pourra entraîner cette nouveauté imbécile. A savoir faire croire aux gamins que tout n’est qu’un jeu en ligne, créer une dépendance précoce aux jeux d’argent, les asservir encore un peu plus aux écrans et brouiller la frontière, déjà fragile pour de nombreux adultes, entre le virtuel et la réalité.

© Denise Anne Clavilier


Pour aller plus loin :

mercredi 19 novembre 2025

Affaires de gros sous : mis en cause, le président s’en sort encore [Actu]

Les deux scandales en Une
Jeux de dame, dit le gros titre
En haut : "un modus operandi délictueux"
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Le président Javier Mileí est publiquement impliqué dans deux scandales de corruption : le premier le concerne personnellement et concerne aussi sa sœur, Karina Mileí, dont il a fait la Première dame d’Argentine, la secrétaire-générale de la présidence ainsi que la dirigeante de fait de son parti, LLA (La Libertad Avanza). Le second concerne d’abord Karina et ensuite lui puisque leur proximité laisse peu de doute sur le fait qu’il était largement au courant des manœuvres de sa sœur.

La première affaire correspond à la promotion faite par le président sur ses comptes de réseaux sociaux d’une crypto-monnaie qui dans les quelques heures qui ont suivi le message présidentiel s’est révélée une formidable escroquerie. Ce scandale a fait l’objet d’une enquête parlementaire dont la commission vient de rendre son rapport qui met fortement en cause le comportement du chef de l’État et de la justice, qui a tardé à s’impliquer. Toutefois, l’opposition n’a pas obtenu les votes nécessaires au niveau de la commission pour que ce rapport soit transmis à la Chambre afin que celle-ci entame le cas échéant les procédures qui s’imposeraient contre les personnes impliquées. Mileí est donc procéduralement tranquille puisque la Chambre qui va prendre ses fonctions le 10 décembre et qui sort du scrutin du 26 octobre lui sera acquise ou presque.

La seconde affaire vient de conduire à la démission d’une sous-ministre de l’Économie. La jeune femme est la fille d’un riche homme d’affaires impliqué dans le scandale de l’achat en gros des médicaments pour l’agence nationale du handicap, opérations sur lesquelles Karina Mileí est soupçonnée d’avoir prélevé sa part à hauteur de 3 % des montants concernés. La sous-ministre a en effet trafiqué avec son papa des avantages qui étaient autant de signes extérieurs de richesse. Une perquisition à son domicile a permis de mettre la main sur la somme de 700 000 dollars US. La provenance de la fortune paternelle étant désormais suspecte, la jeune femme a dû renoncer à ses fonctions ministérielle. Plus l’enquête progresse, plus le scandale s’étend à de nouvelles personnalités mais il n’a pas encore vraiment atteint l'étrange couple-fratrie présidentiel autrement qu’en réputation.

© Denise Anne Clavilier


Pour aller plus loin :

sur le rapport de la Commission parlementaire
lire l’article de Página/12
lire l’article de La Prensa
lire l’article de Clarín
lire l’article de La Nación
lire l’article disponible sur le site de la Chambre des députés
sur l’affaire des médicaments et la démission de la ministre

Révoquée de la magistrature, la juge Makintach interjette appel [Actu]


La juge Julieta Makintach (ci-dessus) qui avait fait dérailler le procès contre les personnes suspectées d’avoir provoqué la mort de Diego Maradona vient d’être renvoyée de la magistrature par un conseil de discipline au sein du pouvoir judiciaire.

Julieta Makintach avait en effet permis à une équipe de télévision de filmer le procès ainsi que des interviews d’elle-même qui commentait ce qu’il se passait dans le prétoire pour en tirer un documentaire qui était déjà scénarisé jusqu’au verdict et qui, en plein procès, a fait l’objet d’une bande-annonce sur les réseaux sociaux, ce qui a révélé le pot aux roses.

Aujourd’hui, l’ex-juge se dit « déçue » de la décision des onze de ses pairs qui viennent de l’exclure de leur corps. Elle prétend avoir espérer « être blanchie », ce qui montre qu’elle n’a toujours aucune conscience de la gravité des faits. Elle est révoquée pour manquement aux devoirs de sa charge. Elle perd donc son poste, son traitement, son poste d’enseignante du droit dans une université et sa future retraite (à l'âge de 46 ans), dans un métier qui est, avec la diplomatie, l’un des deux les mieux payés de la fonction publique argentine.

La juge a décidé de faire appel devant la Cour suprême. Il serait étonnant que celle-ci lui donne raison, eu égard à l’ampleur du scandale provoqué par la préparation de ce documentaire et la faiblesse des arguments que l’ex-magistrate a développés devant le conseil de discipline.

© Denise Anne Clavilier


Pour aller plus loin :

Carrefour reste en rade en Argentine [Actu]

Un récent bandeau de Carrefour Argentina sur son compte Facebook


Carrefour est en train de se retirer du marché argentin où il est présent depuis plus de 40 ans.

Il y a quelques mois, la filiale argentine du groupe français a annoncé chercher un partenaire argentin. Cette annonce semble en fait recouvrir un projet de retrait pur et simple et la vente de fait du réseau argentin à un autre acteur du marché.

Trois candidats se sont présentés et tous les trois, au terme du délai, demandent encore un peu de temps pour analyser la situation. Ces trois candidats sont le groupe argentin de la grande distribution Coto, un homme d’affaires qui a été le partenaire politique de Mauricio Macri et un fonds d’investissement. A première vue, rien de tout cela n’évoque une économie argentine flamboyante, comme la décrit Javier Mileí qui, dans son dernier livre, ose parler de « miracle argentin ».

© Denise Anne Clavilier


Pour aller plus loin :

mardi 18 novembre 2025

Samedi, c’est la Noche de las Librerías dans Buenos Aires [à l’affiche]


Le samedi 22 novembre 2025, à partir de 18h et jusqu’à 1h du matin, Buenos Aires vivra une nouvelle nuit des librairies avec la piétonisation de Avenida Corrientes, l’artère des théâtres, des cinémas et des librairies (en tout cas, les survivantes car beaucoup ont disparu à cause du confinement puis de la très difficile reprise qui s’est étirée sur un temps beaucoup plus long qu’en France et en Europe).

Au programme : des conférences, des rencontres avec les auteurs, des librairies ouvertes toute la nuit et certaines disposant leurs étals sur le trottoir, la participation de plusieurs Bares Notables et autres cafés, pizzerias, confiterías et restaurants.

La Ville propose des parcours composés dans différents quartiers de l’est de la ville, son centre historique. Et comme c’est le printemps, on attend des températures douces même après le coucher du soleil.

© Denise Anne Clavilier


Pour aller plus loin :

lire l’article de Página/12
lire laprésentation sur le site officiel des Festivals de Buenos Aires (mais le programme à télécharger est celui de la Noche de los Museos… Une grossière erreur sans doute due à des réductions de personnel dans ce secteur du gouvernement municipal.

Un Plenario extraordinaire avec Gustavo Varela, penseur du tango [à l’affiche]


Jeudi 20 novembre 2025, à 18h, la Academia Nacional del Tango propose une soirée exceptionnelle, en plus des Plenarios ordinaires du 1er et 3e lundi de chaque mois, pour rendre hommage à un essai et à son auteur qui ont transformé la manière d’envisager le tango en Argentine il y a dix ans.

L’essai s’intitule Tango y Política, il traite des rapports du genre avec les évolutions politiques et sociales alors que l’Argentine était revenue à la démocratie depuis un quart de siècle. L’ouvrage a été édité par Planeta.

L’auteur est Gustavo Varela, philosophe, sociologue et historien, qui viendra parler de son travail et de son parcours de chercheur au Salón de los Angelitos Horacio Ferrer, au 1er étage, du 833 avenida de Mayo.

Les deux danseurs dansent par dessus
une urne électorale

Entrée libre et gratuite.

© Denise Anne Clavilier


Pour aller plus loin :

lire la présentation du livre sur Planeta Argentina.

lundi 17 novembre 2025

Carlos Andreoli de passage à Buenos Aires [à l’affiche]


L’auteur-compositeur-interprète argentin Carlos Andreoli, installé à Grenade en Espagne, sera ce soir, lundi 17 novembre 2025, à 18h, à la Academia Nacional del Tango, avenida de Mayo 833, pour le second Plenario ordinaire de novembre.

L’artiste sera accompagné ce soir en autre par le poète Alejandro Szwarcman, dont j’ai traduit une dizaine de tangos iconoclastes dans Deux cents ans après, le Bicentenaire de l’Argentine à travers le patrimoine littéraire du tango, paru en décembre 2010 chez Tarabuste Éditions.

Entrée libre et gratuite comme d’habitude.

© Denise Anne Clavilier

vendredi 14 novembre 2025

Préparatifs de carnaval dans la province de Buenos Aires [à l’affiche]


Le ministère de la Culture de la province de Buenos Aires a lancé il y a quelques jours l’appel à candidatures pour les murgas et autres ensembles du carnaval qui défilent dans les rues au mois de février, qui correspond au second mois des grandes vacances d’été.

Les candidatures seront closes le 10 décembre prochain.

A La Plata, capitale de la province, le gouvernement reste aux mains des péronistes plus ou moins fidèles au courant kirchneriste, même si la montée dans le parti du jeune gouverneur, Alex Kiciloff, qui veut secouer le cocotier, comme il est normal pour la génération de la relève. La province dispose donc toujours d’un ministère local de la culture favorable aux expressions culturelles populaires alors que le gouvernement fédéral et le président Javier Mileí leur sont foncièrement opposés.

La province apparaît ainsi comme un sanctuaire pour le carnaval, une manifestation profondément populaire que la classe possédante a toujours combattu au nom de la décence et de la dignité.

Une murga (photo Archives de Página/12)

En Argentine, le carnaval est un grand moment de musique, de danse, d’humour et de critique politique.

© Denise Anne Clavilier


Pour aller plus loin :

lire l’article de Página/12 sur le sujet
lire l’article de présentation sur le site de l’Instituto Cultural du gouvernement de la Province de Buenos Aires, qui s’est vu supprimer sa chaîne You Tube qui n’aurait pas respecté les normes de la plateforme aux mains de la techno-oligarchie états-unienne aujourd’hui rangée sous le drapeau MAGA...

Accord conclu entre l’Argentine et les États-Unis et les droits de l’Homme au tapis ! [Actu]

Dans ce montage photo, Mileí salue comme
dans l'armée des Etats-Unis
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Javier Mileí et la Maison Blanche l’ont annoncé : les États-Unis et l’Argentine vont signer dans les jours qui viennent un traité de libre-échange. Eu égard à la seule différence de structure et de solidité des économies des deux pays, hors prise en compte de la dette politique de Mileí envers Trump qui l’a soutenu, au détriment de ses compatriotes, pendant le shut-down, juste avant l’élection de mi-mandat du 26 octobre, cet accord entraîne une mise en coupe réglée de l’Argentine au profit des États-Unis. La première va devoir ouvrir ses frontières à tous les produits des seconds, comme rarement elle a dû le faire dans son histoire, et les États-Unis vont pouvoir puiser dans ses ressources minières et les épuiser à leur profit tout en s’approvisionnant en viande bovine puisque leur marché subit actuellement le contre-coup d’une maladie qui dévaste les élevages et l’empêche d’être approvisionné à la hauteur de la demande des consommateurs. Il va sans dire que les éleveurs des États-Unis seront eux aussi les victimes collatérales de ce sinistre accord, des victimes dont Trump semble se moquer comme de son premier building.

"Le commerce, levier du développement national",
dit le gros titre sur cette photo des deux ministres
des Affaires étrangères
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Quant à l’économie argentine, le temps nous dira ce qu’il en adviendra mais il ne faut pas être grand clerc pour imaginer que tous les secteurs sont d’ores et déjà menacés : l’agriculture, l’industrie minière et pétrolière, l’industrie de capitaux locaux faite d’un tissu de PME déjà en grande difficulté depuis l’arrivée de Mileí au pouvoir, la culture et, même, sans doute, le secteur touristique qui ne va pas gagner en qualité… De son côté, Mileí triomphe : pour obtenir ce résultat, il a fait 14 voyages aux États-Unis, aux frais de l’État, depuis qu’il est en fonction. Beaucoup trop aux yeux de son opposition qui lui reproche ces dépenses souvent difficilement justifiables (il a beaucoup voyagé pour se faire remettre des prix reconnus par à peu près personne ou aller festoyer à Mar-a-Lago) au point que cela gêne jusqu’à certaines personnalités de droite et du centre.

"Le grand pari de l'augementation du commerce
grâce à l'accord avec les Etats-Unis", dit le gros titre
En-dessous, la photo d'un ancien ministre de Cristina Kirchner
multi-condamné pour corruption
(il s'est rendu à la police hier et a été une nouvelle fois incarcéré)
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Ce qui va souffrir aussi dans la foulée, ce sont les droits de l’Homme car Mileí les vomit, tout comme Trump. Désormais, plus aucun scrupule ne pourra dissuader l’Argentin de s’aligner complètement sur Trump, sans doute au détriment du Mexique, du Venezuela et de la Colombie, tous les trois gouvernés à gauche, à raison de deux démocraties et d’une dictature qui ont en commun une idéologie anti-yanquo-impérialiste (et tous les trois fort tolérants envers l’impérialisme russe). A l’ONU, hier, le sous-secrétaire d’État aux droits de l’Homme argentin a tenu un discours ouvertement négationniste à la Vance : il a en effet affirmé que le nombre officiel de disparus sous la dictature militaire, nombre reconnu par l’ONU depuis une quarantaine d’années, soit 30 000 personnes, était un chiffre fallacieux, inventé par une conspiration des associations de droits de l’Homme pour obtenir des réparations financières. C’est, pour ma part, la première fois que j’entends cet argument complotiste (qui n’a ni queue ni tête) alors que la contestation du nombre en soi est, quant à elle, très ancienne et très fréquente chez les responsables politiques de droite (on l’entendait déjà dans la bouche de certains ténors de la majorité et de quelques éditorialistes de Clarín ou de La Nación sous la présidence de Mauricio Macri). Il est à noter que des négationnistes de la destruction des juifs d’Europe ont recours au même argument : le chiffre de 6 millions de victimes aurait été inventé dans le but de réclamer des indemnités. Dans un cas comme dans l’autre, il s’agit d’un mensonge historique. Dans les deux cas, les preuves de diverses origines et de diverse natures abondent.

"Les Etats-Unis et l'Argentine ont scellé
un accord de commerce étendu", dit le gros titre
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Bien entendu, selon qu’ils sont de droite ou de gauche, les journaux ont des analyses différentes de l’accord avec les États-Unis et si, en outre, ils sont de droite, ils restent muets sur l’écœurante intervention du sous-ministre hier à Genève.

A vendre, dit le dessin. 60% de réduction
Dessin de Miguel Rep pour Página/12 ce matin

A noter que dimanche prochain, le Chili vote pour le premier tour de son élection présidentielle. Après un mandat à gauche, celui de Gabriel Boric (qui, lui, soutient l’Ukraine !), la droite a l’avantage dans les sondages (la gauche présentant une candidate issue du parti communiste, ce qui fait peur). Si c’est un des candidats de droite qui l’emporte, Mileí obtiendra un soutien international de poids à l’échelle du continent et cela profitera à l’Amérique de Trump.

© Denise Anne Clavilier


Pour aller plus loin :

lire l’article de Une de Página/12, qui reprend le stéréotype de la colonisation européenne en Afrique
lire l’article de Página/12 sur les propos tenus par le sous-secrétaire d’État à Genève
lire l’article de La Prensa, sur l’accord bilatéral
lire l’article de Clarín sur l’accord bilatéral
lire l’article de La Nación sur l’accord bilatéral.

Faillites en cascade dans l'industrie laitière [Actu]

"Lait coupé", dit le gros titre
en paraphrasant l'expression café cortado (café noisette)
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Au début du mois de novembre, ARSA, qui produisait des yaourts et des desserts lactés pour San Cor, une coopérative laitière historique en redressement judiciaire depuis le début de cette année avec une dette de 400 millions de dollars, a fermé boutique. Le juge a ordonné l’arrêt de l’activité dans toutes les installations industrielles qui fournissaient pourtant 70 000 points de vente dans toute l’Argentine.

Cette décision du tribunal du commerce a mis à la rue plus de 400 travailleurs dans les provinces de Buenos Aires, Córdoba et Santa Fe.

Vue d'ensemble sur l'usine de La Suipachense

ARSA avait été la propriété d’un géant du secteur agro-alimentaire argentin, Vicentín, lui aussi fragilisé mais qui reste une proie qui continue de faire saliver les investisseurs. Vicentin produit de l’huile, du lait en poudre, de la farine et autres formes de céréales, etc.). Vicentín, acteur-clé de l’économie de la province de Santa Fe, avait vendu ses parts de ARSA à deux investisseurs venezueliens qui ont laissé l’ensemble couler corps et biens.

L'une des marques phares de San Cor que l'on trouvait partout en Argentine
Ici un yaourt nature, très difficile à trouver.
Si exotique pour les Argentins qu'il est indiqué comme un yaourt pour cuisiner
Les Argentins ne consomment que des laitages parfumées et sucrés

ARSA avait une participation majoritaire dans une vieille laiterie de Suipacha, dans la province de Buenos Aires : La Suipachense. Elle a été mise en liquidation hier par un autre tribunal de commerce, celui de Mercedes, car la disparition de l’actionnaire principal a fait s’écrouler tout l’édifice, fragilisé par les négligences des deux repreneurs venezueliens. 70 ans d’existence, une présence locale de ses produits dans les commerces de la province et 140 ex-salariés vivant tous dans cette petite ville dont le tissu économique ne pourra pas leur redonner du travail à tous. C’est donc un effondrement du marché local, tant de la consommation que de l’offre de services, qui menace l’agglomération d’environ 12 000 habitants.


Cette énième faillite doit beaucoup à la chute du pouvoir d’achat de la majorité des Argentins depuis que Javier Mileí a décidé de passer sa maudite tronçonneuse partout et de déguiser les chiffres de l’économie réelle pour que nos soi-disant experts nous chantent ses louanges dans les médias de droite, ici, aux États-Unis, en Argentine même. Et ce n'est pas le nouvel accord international avec l'Oncle Sam qui va arranger les choses.

Tout va donc pour le mieux… Madame la marquise !

© Denise Anne Clavilier


Pour aller plus loin :

lire l’article de El Día du 6 novembre (journal local de la Province de Buenos Aires)
lire l’article de Infobae, du même jour (site d’information, de droite)
lire l’article de Baenegocios du lendemain (site spécialisé dans l’économie)

Rosario : de nouveau une « capitale du crime » ? [Actu]

"Cerné de plus en plus près", dit le gros titre
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Rosario, la capitale économique et culturelle de la province de Santa Fe et aujourd’hui la seconde ville culturelle d’Argentine, était au début du 20e siècle aux mains d’une mafia qui en avait fait son fief, comme une autre avait fait à Chicago aux États-Unis à peu près à la même époque.

Aujourd’hui, différents scandales secouent la ville.

Il y a quelques années, on a vu des menaces très claires être adressées publiquement à Lionel Messi et sa famille, qui vit et travaille à Rosario, par des réseaux locaux de narco-trafiquants.

Hier (Une ci-dessus), on apprenait qu’un magistrat avait fait l’objet d’une perquisition en bonne et due forme pour des faits d’abus de pouvoir sur fond de trafic de dollars, alors que le marché des changes est régulé afin de ne pas épuiser les réserves fédérales.

Aujourd’hui, Página/12, toujours lui, titre son édition locale (ci-dessous) sur un complexe trafic de carburant opéré dans la province de Santa Fe par un gang qui a adopté la même organisation que la police et que dirigerait un ancien haut responsable des forces de l’ordre locales.

"En bande organisée" dit le gros titre
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Une régression historique pour cette belle ville qui vu naître le drapeau national en 1812.

© Denise Anne Clavilier


Pour aller plus loin :

lire l’article de Página/12 d’hier
lire l’article de Página/12 d’aujourd’hui

mercredi 12 novembre 2025

Le Grupo Octubre lance sa chaîne d’information en continu [à l’affiche]

L'équipe journalistique de Ar/12
au centre, Victor Hugo Morales
A gauche, la marque distinctive de la chaîne : la barre oblique
que l'on retrouve aussi dans Página/12


Le Grupo Octubre, propriétaire de Página/12, de Caras y Caretas, de la radio AM 750 et de la télévision généraliste Canal 9, lance aujourd’hui sa chaîne télé d’information en continu pour faire entendre une analyse divergente de l’actualité tandis que ce secteur était détenu jusqu’à présent entièrement par des médias de droite, voire, pour le secteur public, des médias totalement alignés sur Javier Mileí et consorts.

La chaîne d’opinion (de gauche) émettra du lundi au vendredi avec les meilleures signatures du groupe et pour animateur-journaliste vedette Victor Hugo Morales, un homme très cultivé, passionné de foot et redoutablement engagé dans la militance kirchneriste. Le week-end, la chaîne fera des rediffusions de la semaine passée et diffusera des émissions originales coproduites avec Canal 9.

La Une du supplément culturel de Página/12 ce matin
avec le nom complet de la nouvelle chaîne
et un aperçu de la charte graphique que l'on retrouvera à l'écran
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A cette occasion, le site Internet de Página/12 s’est refait une beauté tant dans la mise en forme que dans le mode de fonctionnement. Il va falloir s’habituer.

Plus obscur qu'obscur, dit le gros titre
pour dénoncer le manque de transparence
du duo Bessent-Caputo, les deux ministres de l'économie,
sur l'accord entre Etats-Unis et Argentine
En haut : l'annonce de la naissance de la nouvelle chaîne
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Le groupe a expliqué qu’il a retardé le lancement de la chaîne pour ne pas entrer en collision avec la période des élections de mi-mandat.

Pas un mot sur cette nouvelle chaîne dans les autres quotidiens ! Le pluralisme médiatique n'est pas une tradition argentine.

© Denise Anne Clavilier


Pour aller plus loin :

Pour survivre, les fraisiculteurs bonaerenses s’organisent en modèle alternatif [Actu]

La fraises du dessert, dit le gros titre
(remarquez qu'elles ne sont pas mûres à point !)
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La Province de Buenos Aires est la première région fraisicole d’Argentine et dans la province, le territoire municipal de Florencio Varela est le premier producteur de ce fruit dont c’est actuellement la pleine saison. Il se trouve que je connais un peu Florencio Varela qui est une petite ville de la banlieue sud de Buenos Aires.
C’est là qu’il y a de nombreuses années maintenant, j’ai fait ma première intervention en milieu scolaire. Le groupe scolaire avait déployé une grande banderole à mon nom pour m’accueillir. Souvenir émouvant (cf. cet article du 30 septembre 2015 dans Barrio de Tango) !

L’édition locale du quotidien de gauche Página/12 à La Plata consacrait lundi sa Une à ce secteur qui, à Florencio Varela, est en train de se réorganiser pour survivre dans cette nouvelle Argentine anarcho-capitaliste où le pouvoir d’achat des classes moyenne et populaire se dégrade à vue d’œil.

Quatorze producteurs de cette commune se sont regroupés dans l’association 1610 (c’est l’année d’arrivée des premiers Espagnols dans la région) pour cultiver désormais la quantité de fraises qu’ils savent pouvoir écouler sur le marché argentin au lieu de planter à tout-va comme auparavant, sans tenir compte de la demande et du pouvoir d’achat des consommateurs. Or Florencio Varela produit 90 % des fraises cultivées dans la province. C’est donc un gros enjeu pour les agriculteurs locaux et pour le marché des fruits de printemps.


D’ailleurs le ministre provincial de l’agriculture (de gauche) est allé vanter la qualité gustative des fruits de sa province à la Fête de la Fraise qui s’est tenue le week-end dernier à Coronda, dans la province de Santa Fe, laquelle est gouvernée à droite toute.

© Denise Anne Clavilier


Pour aller plus loin :

lire l’article de Página/12 sur les fraisiculteurs varelenses
lire l’article de Página/12 sur le discours aligné sur Mileí tenu à Coronda par le gouverneur de Santa Fe, grande province industrielle et agricole en Argentine (le bonhomme veut exporter à tout va. D’ici qu’on voit arriver à Noël sur nos marchés de la fraise argentine cueillie avant maturité pour supporter le voyage tandis que les Argentins en manqueront, il n’y a qu’un pas)
visiter le site Internet de la Fiesta de la Frutilla de Coronda