Cette comédie musicale du compositeur et arrangeur Gerardo Gardelin, sur des chansons écrites par Eladia Blázquez, se donnera à Paris, au Théâtre du Châtelet, du 2 au 21 septembre prochain. La chorégraphie du spectacle est de Mora Godoy, une chorégraphie réputée du tango escenario (sans doute la meilleure derrière Juan Carlos Copes), et la mise en scène est de Omar Pacheco. Le spectacle est parrainé par le chef d’orchestre classique argentino-israëlien (et même palestinien depuis quelques mois) Daniel Barenboïm, ce qui est un gage de qualité.
Le texte de présentation du spectacle pourrait néanmoins faire craindre le pire, tant il accumule les clichés racoleurs et creux, dignes des pires slogans publicitaires du tango à touristes :
"Une comédie musicale où la passion et la sensualité s'incarnent dans la danse et le chant : Tanguera offre un retour aux racines du tango et nous plonge dans l'ambiance électrique des quartiers populaires de Buenos Aires. Un spectacle argentin incandescent !"
L’argument, annoncé par le théâtre, dit :
"Une jeune française, Giselle, débarque à Buenos Aires avec la première vague d'immigration du début du 20e siècle. Appâtée par les belles promesses de Gaudencio, tenancier d'un cloaque de bas étage, elle devient danseuse et se retrouve entraînée dans la prostitution. Elle est maintenant une "Tanguera", dépendante du tango, vivant sous la menace des hommes de main de Gaudencio. Très vite, son talent en fait la meilleure danseuse du cabaret. Lorenzo, docker rencontré sur le port lors de son arrivée, s'est épris d'elle. Il va tout faire pour conquérir son amour et la sortir de cet endroit sordide, au risque d'y laisser sa vie.
Vu les costumes portés sur l’affiche, si Giselle est venue avec la première vague d’immigration au début du 20e siècle, elle est sérieusement en avance sur son temps, point de vue vestimentaire. Quant au vocabulaire de cette présentation, il est aussi anachronique que les calembours dans Astérix : les demi-mondaines qui dansaient avec la clientèle masculine riche des cabarets s’appelaient des milongueras, abrégé parfois en milongas (et non pas tangueras). Qui plus est, les cabarets étaient certes des lieux de mauvaise vie mais en aucun cas des bouges sordides. Bien au contraire, c'était des endroits très chics, façon One Two Two ou Chabanais. Les bouges existaient mais les filles n'y dansaient guère... Quant à l'histoire, elle semble réduire ici à un schéma mélodramatique vaguement populiste et hyper-sentimental le sacro-saint trio milonguera-protecteur-amant. Or ce trio est en fait dans le répertoire du tango un archétype qui sert de support à une contestation sociale et politique particulièrement riche bien plus qu'à un quelconque érotisme, qu'il soit langoureux ou enflammé...
Une fois exprimées ces réserves sur la présentation officielle du spectacle, tous ceux qui aiment les chapeaux portés de guingois par des rouleurs de mécaniques, les longues cuisses dénudées de filles sculpturales, lees morceaux de bravoure chorégraphiques, les ganchos ébouissants à la hauteur de la taille et les concours de vitesse dans l’exécution des tours en auront pour leur argent... Qu'ils ne se privent donc pas...
5 catégories de places, de 17,50 € (au poulailler, comme on dit dans les Enfants du Paradis, ici le 5ème étage biais) à 80,50 € à l’orchestre, au 1er étage face et biais et au 2ème étage (2 premiers rangs face et premier rang biais).
On peut réserver ses places en ligne sur le site du théâtre du Châtelet :
http://www.chatelet-theatre.com/2008-2009/index.php#/tanguera-267-fr/