jeudi 24 mai 2012

Les vols de la mort ont commencé dès le coup d'Etat [Actu]


C'était l'un des 30 000 disparus de la Dictature argentine. Sa fille est l'une des petites-filles retrouvées par l'association Abuelas de Plaza de Mayo. Il s'appelait Roque Orlando Montenegro, il a été enlevé par les sbires de la Junte le 13 février 1976, c'est-à-dire avant le coup d'Etat en Argentine (24 mars) mais après celui qui s'était produit en 1973 en Uruguay. Et son corps vient d'être identifié. Il reposait anonymement dans un cimetière de Colonia, une ville située sur la rive orientale du Rio de la Plata.

La mère de la jeune femme est toujours portée disparue, elle s'appelait Hilda Ramona Torres.

C'est l'histoire terrible qui a été révélée au public hier lors d'une conférence de presse tenue au siège social de Abuelas de Plaza de Mayo, par la présidente de l'ONG, Estela de Carlotto, et la jeune femme, Victoria Montenegro Torres, elle-même "retrouvée" (recuperada) et identifiée en juillet 2000.

Le corps de Roque Montenegro était apparu sur la côte uruguayenne, sur une plage de Colonia, le 17 mai 1976, sans doute rejeté là par les remous du fleuve dans lequel il avait été jeté, vivant, d'un avion, un de ces avions de la mort dont il apparaît de plus en plus clairement qu'ils opéraient un véritable plan systématique et qui plus est, défini dès le début du gouvernement putchiste, ce qui avait été dénoncé très rapidement par le journaliste argentin Raúl Walsh, qui ne tarda pas à payer de sa vie ses prises de position courageuses dans l'Argentine des années de plomb.

L'identité du disparu a été établie en août de l'année dernière et formalisée en décembre, dans le cadre d'une procédure bien plus compliquée que d'habitude puisqu'elle exigeait la coopération, si délicate, des instances judiciaires et de police scientifique des deux pays. Or si l'un des deux est très en pointe dans les techniques et les protocoles de recherche des disparus (l'Argentine), l'autre, l'Uruguay, traîne les pieds et voudrait continuer à se voiler la face devant sa propre histoire.

Depuis lundi dernier, les restes de Roque Montenegro reposent dans une église. Dans les jours qui viennent, sa fille unique, Victoria, les fera inhumer près de ses oncles et tantes, dans le cimetière d'un petit village de la Province de Salta, dont il était originaire.

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