mercredi 22 mai 2013

Prix en conserve pour tenir tout l'hiver jusqu'au printemps (ou aux élections ?) [Actu]



Une sélection d'articles de consommation courante, dont les prix ont été garantis contre les augmentations inflationnistes depuis le début février jusqu'à fin mars dans un premier temps (soit un mois après la rentrée scolaire) puis jusqu'à fin mai, viennent de se voir maintenus en l'état jusqu'au mois d'octobre par un accord entre le Gouvernement argentin et la Chambre de la grande distribution. L'accord est valable pour 500 produits de base, pour la plupart des produits alimentaires et hygiénique (hygiène corporelle et domestique).

Il se trouve qu'il y a quelques jours, la date des élections de mi-mandat a été fixée définitivement au mois d'octobre. On élira alors une partie des députés, provinciaux et nationaux, et des sénateurs. Il n'est toutefois pas interdit de penser que la motivation de fond de cet accord soit une lutte sincère contre l'inflation qui dévaste l'économie du pays et en particulier la trésorerie des familles les plus défavorisées.
Un rapport de l'Université Catholique Argentine à Buenos Aires (UCA), repris ce matin par le service d'information du Vatican, vient de publier des chiffres effarants sur le niveau de pauvreté dans le pays : 39% des mineurs vivent en-dessous du seuil de pauvreté, 4 enfants sur 10 sont indigents, c'est-à-dire que leurs parents ne peuvent pas leur assurer la suffisance alimentaire.
En Argentine, il est prévu que l'école obligatoire fournisse aux enfants scolarisés un service de repas gratuits (sans participation financière des parents). En général, cette institution assure le déjeuner et le goûter des écoliers. Dans la Province de Buenos Aires, elle offre aussi souvent le petit-déjeuner. Mais les cuisiniers des écoles tirent le diable par la queue pour concevoir des repas appétissants et équilibrés avec les budgets qui leur sont alloués et le prix des denrées (1). Dans la ville de Buenos Aires même, cette obligation fait parfois les frais d'un jeu politique délétère comme lorsque, pour soutenir le secteur agraire en guerre ouverte avec le Gouvernement national, Mauricio Macri a fait servir en 2008 du pâté de soja dans ces cantines qui ne sont fréquentées que par des gamins pauvres, ce qui a été une catastrophe nutritionnelle (voir mon article du 27 septembre 2008).

Pour aller plus loin :
lire l'article d'aujourd'hui dans Página/12 (illustration ci-dessus)
lire mon article du 5 février 2013 sur la mesure initiale
lire mon article du 27 mars 2013 sur la prolongation de l'accord
lire tous mes articles sur le sujet en cliquant sur le mot-clé Niveau Vie dans le bloc Pour chercher, para buscar, to search, ci-dessus.


(1) Ce problème social grave et durable a inspiré au poète Raimundo Rosales un candombe intitulé Mañana Clara (musique de Javier González), que j'ai traduit dans Deux cents ans après, le Bicentenaire de l'Argentine à travers le patrimoine littéraire du tango, janvier 2011, numéro spécial de la revue Triages, Tarabuste Editions (page 41). Pour en savoir plus, cliquez sur la couverture du livre que vous trouverez dans la Colonne de droite de ce blog ou rendez-vous sur la page de mon site Internet qui lui est consacrée. Mañana Clara (que l'on peut traduire soit par "Matin Claire" -avec un jeu de mot qui fonctionne mal en français à cause d'un changement du genre- soit par "Demain, Claire") raconte le dévouement de la cuisinière d'un de ces comedores infantiles, qui fonctionnent toute l'année, y compris pendant les vacances scolaires, pour nourrir toute cette marmaille affamée (c'est qu'on a bon appétit entre 6 et 14 ans).