samedi 11 mai 2013

Une histoire de ballon, de terrain vague et de passion [Disques & Livres]



C'est un dictionnaire façon Dictionnaire amoureux qui a été présenté il y a quelques jours à la Feria del Libro par son éditeur, Colihue, et son auteur, Juan José Panno, accompagné d'un trio de copains aussi fanas que lui d'un certain jeu qui se pratique avec un ballon sur un terrain herbeux, gazonné ou totalement râpé (tout dépend du budget des joueurs), et dont les Argentins raffolent.

Un dictionnaire où se mêlent la linguistique, des anecdotes, des métaphores, en 343 entrées, se partageant entre noms communs et noms propres (ceux de quelques joueurs de légende et d'une poignée de personnalités de l'AFA (1) plus ou moins appréciées). Vous avez compris qu'on y parle surtout et avant tout et presque uniquement de foot, de foot et encore de foot, sur 143 pages, que le lecteur, gageons-le, dévorera sans en manquer une seule.

L'ouvrage s'intitule Diccionario Fóbal Club, la imaginación del potrero (2), il est écrit par Juan José Panno, un spécialiste de la question, et illustré par Eduardo Maicas. Sa sortie est si récente que la maison d'édition n'a pas encore mis à jour la page de l'auteur sur son site Internet.

Panno a déjà beaucoup publié sur la question, en particulier le recueil de contes dont je vous donne la couverture en illustration. Et la présentation de son livre, l'autre jour, du côté de Palermo, lui a valu d'apparaître dans son propre journal, Página/12, (il est journaliste) dans les pages Culture et Spectacles. Où l'on voit qu'en Argentine, le foot, c'est bien plus que du sport. Un rite de communion sociale et même un enjeu de construction politique.

Je tâcherai de me procurer le broli (3) susnommé à mon prochain séjour sous la Croix du Sud.

Pour aller plus loin :
lire l'article de Página/12 du 10 mai 2013

Alorsa, chantant Para verte gambetear, le candombe
qu'il a composé et écrit en hommage à un certain Diez (Maradona),
et que j'ai traduit dans
Deux cents ans après,
le Bicentenaire de l'Argentine à travers le patrimoine littéraire du tango
(Tarabuste Editions)


(1) AFA : comme son sigle l'indique, la Fédération Argentine de Football. En fait, en Argentine, on ne parle jamais de fédération (le mot est politiquement explosif) mais d'association (ça met tout le monde d'accord). D'où ce A qui nous dérange bigrement pour y comprendre quelque chose. L'AFA est souvent considérée comme un repaire de profiteurs qui s'en mettent plein les poches et se gobergent sur le dos du pauvre monde et non pas comme une institution représentative de la culture associative et du bénévolat au service du sport (comme c'est un peu plus le cas en France).
(2) Potrero : pré, mais employé plutôt ici dans l'acception de terrain vague (là où, avant le développement de l'automobile, on avait l'habitude de parquer les poulains, potros). En fait, dans la vie quotidienne, le terme est devenu synonyme de terrain (cancha) parce qu'en Argentine, la plupart des joueurs sont amateurs (enfants, adultes...) et jouent majoritairement sur des terrains vagues (ceux qui peuvent utiliser une infrastructure de club ont déjà bien de la chance). Les plus grands champions ont en général réussi leurs premiers shoots dans des ballons pas réglementaires (mais alors pas du tout !) et sur des terrains innommables (mais comme dit Maradona dans le film que lui a consacré Emir Kusturica, c'est ce qui fait la supériorité du joueur argentin sur tous les autres et notamment sur ceux des pays du Nord : avoir joué au clair de lune et avoir dû écouter le bruit du ballon pour savoir où il était sur le terrain et déterminer la tactique en fonction d'un tel indice).
(3) Et ça, c'est du verlan -usage très courant à Buenos Aires pour ce terme : libro.