C'est
un dictionnaire façon Dictionnaire amoureux qui a été
présenté il y a quelques jours à la Feria del
Libro par son éditeur, Colihue, et son auteur, Juan José
Panno, accompagné d'un trio de copains aussi fanas que lui
d'un certain jeu qui se pratique avec un ballon sur un terrain
herbeux, gazonné ou totalement râpé (tout dépend
du budget des joueurs), et dont les Argentins raffolent.
Un
dictionnaire où se mêlent la linguistique, des
anecdotes, des métaphores, en 343 entrées, se
partageant entre noms communs et noms propres (ceux de quelques
joueurs de légende et d'une poignée de personnalités
de l'AFA (1) plus ou moins appréciées). Vous avez
compris qu'on y parle surtout et avant tout et presque uniquement de
foot, de foot et encore de foot, sur 143 pages, que le lecteur,
gageons-le, dévorera sans en manquer une seule.
L'ouvrage
s'intitule Diccionario Fóbal Club, la imaginación del
potrero (2), il est écrit par Juan José Panno, un
spécialiste de la question, et illustré par Eduardo
Maicas. Sa sortie est si récente que la maison d'édition
n'a pas encore mis à jour la page de l'auteur sur son site
Internet.
Panno
a déjà beaucoup publié sur la question, en
particulier le recueil de contes dont je vous donne la couverture en
illustration. Et la présentation de son livre, l'autre jour,
du côté de Palermo, lui a valu d'apparaître dans
son propre journal, Página/12, (il est journaliste) dans les
pages Culture et Spectacles. Où l'on voit qu'en Argentine, le
foot, c'est bien plus que du sport. Un rite de communion sociale et
même un enjeu de construction politique.
Je
tâcherai de me procurer le broli (3) susnommé à
mon prochain séjour sous la Croix du Sud.
Pour
aller plus loin :
lire
l'article de Página/12 du 10 mai 2013
Alorsa, chantant Para verte gambetear, le candombe
qu'il a composé et écrit en hommage à un certain Diez (Maradona),
et que j'ai traduit dans
Deux cents ans après,
le Bicentenaire de l'Argentine à travers le patrimoine littéraire du tango
(Tarabuste Editions)
(1)
AFA : comme son sigle l'indique, la Fédération
Argentine de Football. En fait, en Argentine, on ne parle jamais de
fédération (le mot est politiquement explosif) mais
d'association (ça met tout le monde d'accord). D'où ce
A qui nous dérange bigrement pour y comprendre quelque chose.
L'AFA est souvent considérée comme un repaire de
profiteurs qui s'en mettent plein les poches et se gobergent sur le
dos du pauvre monde et non pas comme une institution représentative
de la culture associative et du bénévolat au service du
sport (comme c'est un peu plus le cas en France).
(2)
Potrero : pré, mais employé plutôt ici dans
l'acception de terrain vague (là où, avant le
développement de l'automobile, on avait l'habitude de parquer
les poulains, potros). En fait, dans la vie quotidienne, le terme est
devenu synonyme de terrain (cancha) parce qu'en Argentine, la plupart
des joueurs sont amateurs (enfants, adultes...) et jouent
majoritairement sur des terrains vagues (ceux qui peuvent utiliser
une infrastructure de club ont déjà bien de la chance).
Les plus grands champions ont en général réussi
leurs premiers shoots dans des ballons pas réglementaires
(mais alors pas du tout !) et sur des terrains innommables (mais
comme dit Maradona dans le film que lui a consacré Emir Kusturica,
c'est ce qui fait la supériorité du joueur argentin sur
tous les autres et notamment sur ceux des pays du Nord : avoir joué
au clair de lune et avoir dû écouter le bruit du ballon
pour savoir où il était sur le terrain et déterminer
la tactique en fonction d'un tel indice).
(3)
Et ça, c'est du verlan -usage très courant à
Buenos Aires pour ce terme : libro.