Hier,
la Présidente argentine a annoncé une nouvelle série
d'augmentations des allocations et minimums sociaux à une date
peu habituelle (en général, ces annonces se font à
la rentrée, pas à la fin mai).
En
résumé :
La
AUH (Asignación Universal por Hijo, allocation familiale
versée à tous, de création récente, à
l'intention des travailleurs ou chômeurs dépourvus de
sécurité sociale) passe en juin de 340 à 460
pesos par mois, ce qui représente un peu plus de 13% du revenu
moyen des parents allocataires. La AUH est soumise à diverses
obligations de suivi médical et de scolarisation des enfants.
Les
autres allocations, soumises à plafond de ressources et
distribuées aux salariés déclarés, de
création beaucoup plus ancienne, sont elles aussi
revalorisées. Pour les classes sociales les plus modestes,
l'allocation est du même montant que l'AUH.
Augmentent
également les allocations de naissance, d'adoption et de mariage
dont la dernière revalorisation remonte à 2007. La
prime scolaire, versée d'ordinaire seulement à la
rentrée, sera doublée cette année : 2,6 millions
d'enfants donneront droit en juin à un nouveau versement de
340 pesos. Sur ce point, de toute évidence, on est bien en année
électorale !
L'aide
que l'Etat verse aux familles des retraités pour faire face
aux frais des obsèques augmente elle aussi, elle passe de 1800 pesos à 4000 pesos
à partir de juin.
Enfin,
un changement de taille est institutionnalisé : l'AUH sera
désormais versée aux mères et non plus aux
familles parce que le Gouvernement prend en considération les
abandons de famille de la part des pères, ce qui laisserait
supposer que l'Argentine prend le chemin de l'Europe, avec des pères
qui font de plus en plus défaut. Ce n'est pas une bonne
nouvelle pour le pays. On sait en Europe les ravages que produit dans
la société l'augmentation exponentielle du nombre de
familles monoparentales.
Même
si on ne peut que se réjouir pour les bénficiaires de
ces mesures, il semble clair qu'elles ont un caractère
électoraliste, sans quoi elles auraient été
annoncées à la rentrée, à la date
habituelle. De fait, et dans la foulée, la Présidente a
aussi présenté un plan Mirar para Cuidar (Regarder pour
Faire attention) qu'elle a confié aux mouvements politiques
qui la soutiennent, dont la fameuse Campora, qui rassemble la
jeunesse kirchneriste et que conduit son fils Máximo. Il
s'agit de surveiller les prix dans les grandes surfaces pour
s'assurer que l'accord de gel annoncé avant-hier (voir mon article sur le sujet) sera bien respecté. Une mission qui
aurait dû être confiée à une instance
paritaire ou au contrôle direct de l'Etat. On est en campagne
électorale, et voilà tout !
Pour
aller plus loin :
lire
l'article de Página/12 (pro-Kirchner) sur les augmentations
sociales
lire
l'article de Clarín (anti-Kirchner) sur le même sujet
lire
l'article de Página/12 sur le plan Mirar para Cuidar
lire
l'article de Clarín sur ce plan
lire
le communiqué officiel émis par la Salle de Presse de
la République Argentine.