Hier à l'heure du
déjeuner, Estela de Carlotto a participé à l'émission très
people de Mirtha Legrand, une des vedettes télévisuelles
emblématiques de la droite. La présidente de Abuelas de Plaza de
Mayo a longtemps refusé ne serait-ce que d'envisager de participer à
cette émission. Sa présence hier à cette célèbre table est donc le signe non
négligeable d'une rectification de la part d'une personnalité qui se
situe clairement dans l'opposition depuis le 10 décembre, jour de l'accession au pouvoir de Mauricio Macri, une opposition
démocratique, prête au dialogue mais sans ambiguïté pour autant.
Au cours du déjeuner qui
est le prétexte à l'entretien au cœur du programme, Estela de
Carlotto a dit ne pas être une amie de Cristina Kirchner et de
n'avoir pas été la "chouchoute" du gouvernement précédent. En
revanche, elle a désigné Hebe de Bonafini pour ce rôle, ce qui
chez elle ne peut pas êre interprété autrement que comme un signe de désolidarisation politique (au sens
partisan du terme). La rupture est en effet consommée entre Carlotto et Bonafini, depuis que celle-ci se comporte en adversaire de la démocratie puisqu'elle s'entête à nier la légitimité des résultats
de l'élection présidentielle pour la seule raison qu'elle considère
Macri comme son "ennemi".
En tenant ces propos dimanche midi,
Estela de Carlotto confirme donc son adhésion aux processus
démocratiques, y compris lorsqu'ils provoquent une alternance, et
prend sans doute ses distances avec la mouvance kirchneriste dont les
cas de corruption avérée sont maintenant nombreux, particulièrement
graves et grossiers et à très haut niveau de responsabilité
institutionnelle (même si rien n'a encore été prouvé contre
Cristina elle-même, qui est pourtant dans le collimateur de la
justice depuis décembre, et on pourrait remonter plus haut sans
qu'aucune preuve n'ait jamais été produite). Estela de Carlotto s'est efforcée de ne pas mentir, elle a fait une distinction sémantique entre être ami (amigo/a) et être en relation (tratar), affirmant sans doute avec raison que ses nombreux rendez-vous avec la Présidente ne faisaient pas une amitié (mais une coopération opérationnelle).
En cela, il n'est pas impossible qu'elle protège aussi son association, puisque la cause qu'elle sert a été notoirement atteinte par la proximité de ces ONG avec le pouvoir de Cristina Kirchner, qui les a fait passer pour des larbins du gouvernement, à la remorque duquel plusieurs de leurs activités étaient attachés (une grosse partie du financement des propositions culturelles était de l'argent public).
Sur cette émission qui
marque une étape, on trouve un article dans La Prensa et La Nación,
deux journaux de la majorité.
Ajout du 27 juillet 2016 :
lire cet article de Página/12 sur le rapport du procureur spécial sur les crimes de la dictature qui souligne une décélération des audiences de jugement depuis l'arrivée au pouvoir de Mauricio Macri (il est effectif qu'une partie de la population,et cela se reflète dans tous les corps constitués y compris la magistrature, n'est pas favorable à la tenue de ces procès et pense que l'oubli est préférable, ce que l'expérience historique infirme pourtant très nettement).
Ajout du 27 juillet 2016 :
lire cet article de Página/12 sur le rapport du procureur spécial sur les crimes de la dictature qui souligne une décélération des audiences de jugement depuis l'arrivée au pouvoir de Mauricio Macri (il est effectif qu'une partie de la population,et cela se reflète dans tous les corps constitués y compris la magistrature, n'est pas favorable à la tenue de ces procès et pense que l'oubli est préférable, ce que l'expérience historique infirme pourtant très nettement).