jeudi 7 juillet 2016

Sortie de scène pour Dario Lopérfido [Actu]


Finalement, le ministre de la culture portègne a fini par donner sa démission. La colère du secteur artistique et culturel se manifestait depuis le début, depuis qu'en janvier il avait tenu des propos négationnistes sur les exécutions pendant la dernière dictature militaire et s'en était sorti en se contentant de présenter ses excuses. La semaine dernière (voir mon article du 1erjuillet 2016), l'opposition a haussé le ton d'un bon niveau pour se faire entendre et hier, le secteur culturel de Buenos Aires a obtenu gain de cause contre ce ministre, au visage particulièrement revêche et arrogant et aux provocations permanentes.

La démission est traitée en manchette à gauche
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Il conserve toutefois son poste de directeur du Teatro Colón, où il a succédé au baryton kirchneriste Pedro Pablo García Caffi (1), poussé à la démission par le Gouvernement portègne. Il avait en effet conservé ses responsabilités à la tête de l'opéra tout en acceptant le portefeuille de la culture de Buenos Aires. Une véritable folie, qui semblerait donner raison à La Nación quand sa rédaction entrevoit dans la crise actuelle une profonde difficulté du PRO de trouver, parmi ses partisans, de bons professionnels dans le domaine culturel. Rien d'étonnant à cela : une grosse majorité du secteur vote à gauche et a soutenu la candidature de Daniel Scioli, battu par Mauricio Macri lors de la dernière présidentielle. Et ce n'est pas la façon dont Darío Lopérfido les a abordés, par le mépris et l'insulte, qui a pu réaliser le nécessaire compromis pour que tout le monde travaille ensemble au progrès de la culture dans la ville !

Sur la une de La Prensa, qui consacre sa photo principale à Macri en Allemagne
l'info est traitée en manchette, à droite
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Tous les quotidiens aujourd'hui parlent de cette démission qui embarrasse le gouvernement portègne mais était sans doute inéluctable tant l'opposition devenait personnelle et menaçait de paralyser complètement le système. C'est celui des ministres contestés pour des raisons qui, en démocratie, dépassent les arguments partisans, qui s'est le plus longtemps accroché à son poste ministériel mais ce n'est pas le premier qui est contraint à la démission. Les autres se sont toutefois retirés très rapidement après avoir pris leurs fonctions, dans les jours qui ont suivi le dénonciation des erreurs ou des fautes qu'ils avaient commises dans leur passé plus ou moins lointain.

L'info est traitée dans l'article de la colonne droite (article 3)
La photo est pour la réunion du Congrès à Tucumán (très jolie, d'ailleurs)
voir mon article du jour sur le sujet
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Seul Página/12 préfère mettre en avant la démission du ministre local à l'embargo sur les biens de Cristina Kirchner, ordonnée par la justice fédérale qui vient de l'inculper pour la vente à terme de dollars, un motif d'inculpation qui est bien léger sur le plan pénal et montre les difficultés du juge Claudio Bonadio à démontrer l'implication réelle de l'ancien présidente dans les affaires de corruption qu'une partie de l'opinion publique veut lui imputer.

Pour aller plus loin :
lire l'éditorial de La Nación sur la pénurie de responsables crédibles pour la culture à droite.

Ajout du 8 juillet 2016 :
lire cette lettre ouverte d'une ancienne détenue (peu de temps) pour raison politique pendant la dictature qui regrette, dans La Nación, que les propos de Lopérfido ait donné lieu à des oukazes contre lui de la part de l'opposition plutôt qu'à des démonstrations qu'il avait tort. Il semblerait en effet que le chiffre de 30 000 disparus recouvre une réalité plus complexe. Seules 8000 disparitions auraient fait l'objet d'un dépôt de plainte de la part des familles. Le reste couvre donc des personnes dont les familles ne se seraient jamais inquiétées. Et dans ce cas, pourquoi ?
Remarquons qu'une part non négligeable des disparus sous l'Occupation ont été selon toute vraisemblance victimes de faits divers et de vendetta plutôt que de répression politique... Le débat devrait donc être ouvert en Argentine, dit cette femme qui est chercheur en sciences de la pédagogie.



(1) frère du président, maintenu en poste, de l'Instituto Nacional Sanmartiniano, le batteur et percussionniste Eduardo García Caffi, qui a fait une belle carrière notamment dans le monde radiophonique.