C'est avec fierté ce
matin que le quotidien La Nación affiche son entretien exclusif avec
le Pape François dans ces derniers jours avant la célébration du
bicentenaire de l'indépendance, assombri il y a quelques semaines
par l'annonce de la suppression du match pour la paix qui devait
initialement se jouer à La Plata le 10 juillet, au lendemain de la
date anniversaire. Comme pour guérir les blessures et les
déceptions. A plusieurs reprises, l'Argentine a pu espérer, avec de
bons motifs, une visite de François en cette année solennelle et
symbolique.
Depuis l'annonce de la
tenue du match au profit de la fondation privée papale Scholas
Occurentes, le Pape était revenu sur cette décision à cause des
affaires plus que troubles du football argentin en un temps où les
pauvres souffrent de la politique de rigueur qui sévit depuis
janvier dernier.
Dans cet entretien,
accordé à un polémiste et éditorialiste de la rédaction et non
pas à la correspondante du journal à Rome, le Saint-Père dément
toute mésentente avec Mauricio Macri, avec lequel il ne reconnaît
qu'un seul différend en six ans pendant lesquels ils ont exercé en
même temps des responsabilités à Buenos Aires, lui comme
archevêque, Macri comme chef du Gouvernement portègne. Il rappelle
aussi ce que les services du Vatican ont répété jusqu'à
l'épuisement : nul ne peut se dire porte-parole du Pape en
dehors du service de communication du Saint-Siège. "Il faut que je le
répète ?" demande le Pape. "Je le répète". Et il répète la
phrase mot pour mot, avec ce sens de la dérision qui porte si bien
son discours jusqu'aux simples fidèles.
François donne aussi des nouvelles rassurantes de sa santé (ses dernières analyses médicales sont celles d'un homme de 40 ans, lui a dit son médecin) et explique pourquoi il a reçu Hebe de Bonafini le 27 mai dernier (lire mon article du 28 mai 2016). Il est très clair et très franc sur le comportement détestable de la présidente de Madres de Plaza de Mayo, dont il n'est pas dupe une seule seconde (il eût été surprenant qu'il le soit) et dont il ne valide aucun des propos tenus devant les journalistes aussitôt après l'audience... Le Pape revient aussi sur le chapelet envoyé à la dirigeante kirchneriste Milagro Sala, en prison pour des faits de corruption visiblement très graves (même si l'opposition veut voir en elle la victime d'une chasse aux sorcières politiques) - voir mon article du 15 février 2016.
François donne aussi des nouvelles rassurantes de sa santé (ses dernières analyses médicales sont celles d'un homme de 40 ans, lui a dit son médecin) et explique pourquoi il a reçu Hebe de Bonafini le 27 mai dernier (lire mon article du 28 mai 2016). Il est très clair et très franc sur le comportement détestable de la présidente de Madres de Plaza de Mayo, dont il n'est pas dupe une seule seconde (il eût été surprenant qu'il le soit) et dont il ne valide aucun des propos tenus devant les journalistes aussitôt après l'audience... Le Pape revient aussi sur le chapelet envoyé à la dirigeante kirchneriste Milagro Sala, en prison pour des faits de corruption visiblement très graves (même si l'opposition veut voir en elle la victime d'une chasse aux sorcières politiques) - voir mon article du 15 février 2016.
L'Osservatore Romano, daté des 4 et 5 juillet 2016 (page 5) Interview intégrale, en iralien (ajout du 5 juillet 2016) |
Comme il l'avait fait avec sa toute première interview de François (voir mon article du 7 décembre 2014), le quotidien distille les
propos du Pape en plusieurs articles pour mieux en mettre en valeur
certains. Le journal revient aussi sur les rumeurs politiques qui
s'attachent au Souverain Pontife, toujours soupçonné d'intervenir
pour un oui ou pour un non dans les plus intimes détails de la vie
politique argentine. Le journal y revient d'une manière insistante,
en accusant les confrères d'en faire beaucoup trop en la matière
(comme si son propre retour sur la question aujourd'hui, avec ses
faux airs d'analyse sociologique, ne participait pas de la
polémique).
Pour le reste, rien de
bien nouveau : les lecteurs non argentins n'apprendront rien sur
les projets du Pape, sa vision de l'Eglise ou du monde. Les lecteurs
argentins de bonne volonté pourront y trouver de quoi se rassurer
sur la nature des intentions pontificales sur leur pays, qu'il espère
pouvoir visiter l'année prochaine si Dieu le veut.
Pour en savoir plus :
lire l'article de La Nación sur la visite du Pape dans son pays natal déjà plusieurs fois annoncée et reportée sine die
lire l'article de La Nación sur les propos du Pape sur le Brexit et l'Europe, qu'il
trouve trop fermée sur elle-même
lire l'article de La Nación sur les différents gestes qui ont marqué depuis mars 2013
les relations entre François et l'Exécutif argentin
lire l'article de La Nación sur les déclarations de l'épiscopat concernant les récents
scandales de corruption qui ont touché une communauté dans le
diocèse de Mercedes-Luján (Province de Buenos Aires) – voir à ce
propos mon article du 17 juin 2016.
L'intégralité de l'entretien devrait se retrouver demain en italien dans l'édition de L'Osservatore Romano et sans doute également sur le site Internet du Vatican.
Ajouts du 4 juillet 2016 :
lire dans La Nación la réaction de Mauricio Macri, en tournée européenne, aux propos lénifiants du Pape qui l'a traité de "personne noble". Le Président est content !
lire, toujours dans La Nación, l'article sur les attaques d'un polémiste du groupe Clarín, Jorge Lanata, un personnage vulgaire et très déplaisant, en perpétuelle recherche du scandale mondain, qui s'est efforcé de compromettre hier dans sa nouvelle émission de télévision la fondation du Pape, Scholas Occurentes
lire l'article sur ces mêmes révélations scandaleuses dans Clarín. Tout cela ne fait que confirmer ce que La Nación semblait vouloir analyser hier dans son article de une : la hargne d'une partie de l'intelligentsia argentine contre ce pape qui, visiblement, la dérange.
lire la reprise des propos du Pape dans La Prensa de ce jour et dans Clarín. Página/12 ne s'y est pas intéressé.
lire l'article de Clarín sur les déclarations de Elisa Carrió, femme politique argentine très difficile à suivre, qui s'affiche catholique pratiquante mais passe son temps à critiquer le Pape pour un oui ou pour un non, en ne lisant jamais les signes de la foi dans son comportement (bizarre pour une croyante). Cette fois-ci, elle est satisfaite ; le Pape a dit du bien de son champion politique, Mauricio Macri.
Lire le résumé de l'interview en français par les équipes de Radio Vatican
lire l'intégralité de l'interview en italien sur le site Internet de L'Osservatore Romano dont l'édition papier la reproduit aussi ce soir.
Ajouts du 4 juillet 2016 :
lire dans La Nación la réaction de Mauricio Macri, en tournée européenne, aux propos lénifiants du Pape qui l'a traité de "personne noble". Le Président est content !
lire, toujours dans La Nación, l'article sur les attaques d'un polémiste du groupe Clarín, Jorge Lanata, un personnage vulgaire et très déplaisant, en perpétuelle recherche du scandale mondain, qui s'est efforcé de compromettre hier dans sa nouvelle émission de télévision la fondation du Pape, Scholas Occurentes
lire l'article sur ces mêmes révélations scandaleuses dans Clarín. Tout cela ne fait que confirmer ce que La Nación semblait vouloir analyser hier dans son article de une : la hargne d'une partie de l'intelligentsia argentine contre ce pape qui, visiblement, la dérange.
lire la reprise des propos du Pape dans La Prensa de ce jour et dans Clarín. Página/12 ne s'y est pas intéressé.
lire l'article de Clarín sur les déclarations de Elisa Carrió, femme politique argentine très difficile à suivre, qui s'affiche catholique pratiquante mais passe son temps à critiquer le Pape pour un oui ou pour un non, en ne lisant jamais les signes de la foi dans son comportement (bizarre pour une croyante). Cette fois-ci, elle est satisfaite ; le Pape a dit du bien de son champion politique, Mauricio Macri.
Lire le résumé de l'interview en français par les équipes de Radio Vatican
lire l'intégralité de l'interview en italien sur le site Internet de L'Osservatore Romano dont l'édition papier la reproduit aussi ce soir.