vendredi 1 juillet 2016

Un Stabat Mater très politique, bien criollo, aux parfums d'alpage suisse et de grand-place... [à l'affiche]

Quel manque de goût dans la communication du CCK !

Le tout nouveau Stabat Mater qui sera créé demain, samedi 2 juillet 2016, à 20h, au CCK, dans la grande salle dont le nom évolue (1), a été commandé à un compositeur suisse, Simon Ho. Il est établi à Bruxelles et a déjà vécu à Buenos Aires, en 2006, à l'invitation de la mezzo-soprano qui interprétera l'oratorio demain, Susana Moncayo. C'est elle qui a souhaité que le pianiste Simon Ho compose cette œuvre qui sera présenté demain avec la Misa Criolla, composée en 1964 par Ariel Ramírez, la première messe chantée sur l'ordinaire hispanophone (temporaire) issu de Vatican II (dont les travaux n'étaient pas encore terminés).

Le compositeur helvète est reconnu pour son excellente connaissance de la musique argentine dans toute sa diversité et ses nuances culturelles et esthétiques. Comme quoi, même en Europe, on peut découvrir l'Argentine musicale autrement qu'à travers une danse de couple...

Entrée libre et gratuite, mais limitée par un système de retrait des places aussi peu commode que possible.

Une culturelle de Página/12 avec les trois artistes
de gauche à droite : Susana Moncayo, Jaime Torres et Simon Ho

Cette méditation en musique sur la douleur de la Vierge debout au pied de la Croix où son Fils agonise est dédiée à toutes les mères qui luttent pour leurs enfants, ce qui en Argentine renvoie immédiatement au tragique et courageux combat des Mères de la Place de Mai, avec leurs deux associations divergentes, Madres de Plaza de Mayo, la plus connue au niveau international, et Madres de Plaza de Mayo Linea Fundadora, beaucoup moins sectaire du point de vue idéologique.

L'oratorio est écrit, selon la tradition européenne, pour trois voix, une soprano, une mezzo-soprano et un baryton, un quatuor de cordes, un orgue et la touche criolla est apportée par le charango, qui sera joué par Jaime Torres, le créateur de la Misa Criolla. Tout un symbole !
L'Ambassade suisse apporte son soutien à cette création mondiale.

Pour aller plus loin :
lire l'article de Página/12 (interview de Simon Ho, Susana Moncayo et Jaime Torres)
lire l'article de Clarín (interview de Simon Ho).

Ajout du 2 juillet 2016 :
lire l'article de La Nación



(1) Depuis l'ouverture de ce vaste et prestigieuse centre culturel il y a un an, cette salle s'appelle Ballena Azul (en hommage aux cétacés dont la Patagonie, si chère au cœur de la famille Kirchner, est l'un des sanctuaires). Sur le site Internet relooké de l'institution, il n'est question que de la Sala Sinfónica. Mais sur le visuel digital, on voit apparaître le nom plus poétique de Ballena Azul. Et pour le reste, la communication officiel du centre est d'une tristesse et d'une austérité tout à fait affligeante, bien propre à faire peur au public, comme la modalité de retrait des places qui est, comme d'habitude dans la Buenos Aires macriste, une usine à gaz impraticable pour les gens qui sont astreints à des horaires de bureau, comme la grande majorité des Portègnes puisque la ville vit à 75 % des activités tertiaires.