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Hier, se tenait le
troisième jour des festivités du Bicentenaire, concentrées sur la
capitale fédérale. Les unes des journaux portaient toutes sur le
succès populaire qu'ont connu les célébrations à San Miguel de
Tucumán et dans toutes les autres villes d'importance car pas une
n'avait boudé l'événement, même dans les trois provinces dont les
gouverneurs n'ont pas voulu se rendre à San Miguel se joindre au
président de la Nation.
Toutes les unes sauf celle
de Página/12 qui se tient sur une réserve dédaigneuse et ne
consacre au discours de Mauricio Macri qu'une petite manchette où il déforme
les propos du chef de l'Etat : "Cher Roi, ces hommes [les députés
qui ont voté l'indépendance] ont dû avoir quelque angoisse de se
séparer de l'Espagne", alors que, je peux le dire pour l'avoir écouté in extenso, Macri parlait des
hésitations (bel et bien historiques) (1) des constituants à l'heure de
rendre le pays indépendant comme on peut avoir des craintes à
s'assumer et à prendre la responsabilité de construire un pays sans
plus pouvoir reporter la faute des éventuels échecs aux autres
(claire allusion aux slogans kirchneristes, qui attribuent aux
puissances impérialistes les difficultés de l'Argentine). La phrase
de Macri ne s'adressait pas à l'Espagne et n'était nullement une
remise en question de la décision prise il y a deux cents ans (mais
alors vraiment pas !) mais une critique, certes très sévère
et même cruelle, du complotisme permanent qui sous-tend le discours
péroniste (notamment celui de Página/12) (2). Le reste de la une
parle d'autre chose et profite de l'occasion pour faire un bilan
ravageur de la politique économique du nouveau gouvernement, accusé
de toutes les perversions politiques, mensonge, maquillage des
données (avant, c'était l'opposition qui accusait l'INDEC de
fournir des chiffres faussés), appropriation des décisions
efficaces du gouvernement précédent. Bref, Página/12 fait
aujourd'hui ce qu'il reprochait il y a sept mois à La Nación et à
Clarín. C'est triste...
Hier, La Prensa n'a pas
publié en ligne sa une du jour.
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Ce matin, deux éditoriaux
montrent ce renversement dans le paysage médiatique argentin.
Dans La Prensa, c'est un
gouverneur radical (alliance Cambiemos majoritaire dans le pays) qui
décrit le changement intervenu dans le pays, l'arrivée d'un
pluralisme authentique et ce en quoi il voit une neutralité
idéologique dans les cérémonies officielles (3).
Dans Página/12, c'est
Horacio González qui part en croisade contre un gouvernement à qui
il reproche de ne plus tenir le même discours historique que le
précédent, alors que le discours du précédent était lui aussi un
récit tout aussi simpliste que celui qu'on critique aujourd'hui. Je l'analyse dans un autre article de ce jour.
Pour aller plus loin :
lire l'éditorial de Página/12.
(1) C'est bien parce qu'ils éprouvaient une certaine angoisse devant la gravité de leur décision, sachant quelles représailles s'étaient abattues sur les peuples qui avaient déjà déclaré leur indépendance en 1811 dans le nord du continent, qu'ils ont mis aussi longtemps à faire cette déclaration. Depuis Mendoza, San Martín a travaillé au corps les trois députés de Cuyo avant d'arriver à les convaincre de prendre cette décision. Donc, oui, Macri avait raison : ils ont été pris de vertige à l'idée de se séparer de la puissance coloniale.
(2) Et comme d'habitude,
il est des plus probable que la vérité politique se trouve au
milieu. Il y a dans les échecs de l'Argentine une responsabilité
des pays industriels qui font tout ce qu'ils peuvent pour tenir dans
un degré inférieur de développement les pays issus de la
colonisation et une responsabilité des gouvernants nationaux et des
citoyens qui les élisent, puisqu'ils font souvent des choix
politiques contraires aux intérêts du pays et se laissent souvent
aller à une corruption rampante et omniprésente, qui ruine les
potentialités du pays tout entier.
(3) Neutralité est sans
doute un bien grand mot mais il est clair que les lignes choisies
sont pacifiées et relèvent beaucoup moins qu'avant d'un sectarisme
partisan.