La Casa Rosada, l'agence
Télam, la Televisión Pública et les sites Internet de plusieurs
quotidiens ont mis en ligne sur leur canal Youtube des
retransmissions intégrales ou sous forme d'extraits des différentes
manifestations officielles de ce long week-end très festif, tant à
Tucumán samedi, le jour même, qu'à Buenos Aires, dimanche.
Hier, j'ai profité
du temps (interminable) des journaux télévisés français qui ne
parlaient que de foot pour me faire un rapide aller-retour virtuel à Buenos
Aires, pour voir une heure et demie de ce très long meeting international de
musique militaire où la formation d'un régiment de parachutistes stationné à Toulouse participait à la rencontre, en uniforme garance
et bleu marine du plus bel effet sur la pelouse verte du terrain de
polo du quartier de Palermo.
Dans le désordre et pour autant que ma mémoire ne me fasse pas défaut, j'ai entendu Auprès
de ma blonde, La Marche du Régiment de Sambre et Meuse, La Galette, La Marche consulaire et un Mi Buenos Aires querido chanté assez
peu tanguero (mais quel hommage de Toulouse à son fils argentin,
Carlos Gardel !). Ils auraient eu encore plus de succès en balançant la Marcha de San Lorenzo (après tout, San Martín est mort en France et il est le principal héros de ce chant patriotique argentin !). Le chanteur aurait entendu tout le monde l'accompagner avec une ferveur dont il ne serait pas revenu à l'heure qu'il est !
La version militaro-franchouillarde d'un
des classiques du répertoire populaire national dont cette formation nous a gratifiés a bien fait rigoler
la très sévère ministre de la Sécurité, Patricia Bullrich, au
visage plutôt revêche à son ordinaire. Elle s'est bien marré
aussi en écoutant la fanfare des US Marines dans une interprétation
(sans risque) (1) de Don't Cry To Me, Argentina mais ce qui a dû la
faire sourire, c'est que la réalité historique sur quoi surfe Evita, ce n'est pas vraiment la tasse de thé
de l'actuelle majorité au pouvoir.
Quant à la délégation chilienne, elle a consacré une partie de sa prestation à deux morceaux de Astor Piazzolla, Adiós Nonino et Libertango. Je n'ai pas vu que ça ait
provoqué de sourires amusés sur les visages des ministres et du
Président, qui n'était plus là lorsque les Français se sont
présentés sur la pelouse. On a plutôt vu des sourires attendris
par le salut symbolique et amical du peuple frère et même l'aboyeur
officiel a relevé ce choix lorsque la fanfare chilienne se retirait
(pas un mot au départ des Français et des Marines).
Un défilé sur Avenida
del Libertador, dans Palermo, a duré plus de cinq heures : un mélange de
défilé militaire traditionnel et de corso fleuri en plein hiver,
avec chars et autres éléments fantaisistes, avec toutes les tenues
traditionnelles et les activités sportives et culturelles du pays.
C'était la première fois que des régiments défilaient à nouveau
dans les rues de la capitale fédérale pour une célébration
nationale. Les journaux disent que ce défilé d'une armée enfin
démocratique et d'un peuple représenté dans sa diversité a connu
un vrai succès populaire et les images semblent le confirmer.
Casa Histórica de San Miguel de Tucumán, toute parée pour le bicentenaire Photo Casa Rosada |
Tôt dans la matinée,
épuisé par sa récente tournée en Europe suivie des déplacements
à Salta puis à Tucumán, le Président Macri avait fait savoir
qu'il déclarait forfait et n'assisterait pas aux festivités d'hier.
Son tweet a causé une tel scandale dans la presse et l'opinion
publique qu'il s'est résolu à prendre sa place dans les deux
tribunes d'honneur, avec sa fille qui vient d'entrer à l'école
primaire, à l'image des scènes similaires à Washington avec les présidents Clinton et Obama, tous deux père de fillettes au moment de leur élection.
Encore heureux, tout de même, qu'il ait surmonté sa fatigue : c'est lui qui l'a voulu, ce mandat de chef d'Etat !
Encore heureux, tout de même, qu'il ait surmonté sa fatigue : c'est lui qui l'a voulu, ce mandat de chef d'Etat !
Pour vous en mettre plein
la vue :
la célébration du bicentenaire de la Déclaration d'indépendance à la Casa Histórica
de San Miguel de Tucumán pendant 3h03 (en haute définition), avec
une visite spéciale du musée sur les pas du couple présidentiel
(on ne fait pas mieux) – soit dit en passant, la première dame
était d'une élégance extraordinaire !
la rencontre internationale des musiques militaires (3h17 en haute définition)
le défilé militaire et civil sur
Avenida del Libertador (5h17 en basse définition), avec les
régiments historiques de l'époque révolutionnaire, le Regimiento
de Patricios (la milice de notables qui était commandée par
Cornelio de Saavedra, en mai 1810,
reconnaissable à son écharpe rouge sur vareuse azur son chapeau haut-de-forme et son plumet retenu par une cocarde rouge, une tenue très proche de la tenue des civils portègnes en 1800) et le Regimiento de Granaderos a Caballo General San Martín
(le corps d'élite fondé par San Martín le 12 mars 1812 et qui a
été reconstitué en 1903 comme escorte présidentielle et symbole
d'unité nationale). Autre présence très populaire dans ce défilé,
auquel a assisté une partie militariste et droitière de la
population, c'est certain : les associations de vétérans de la
guerre des Malouines de 1982, une guerre qui marque profondément la
conscience argentine eu égard au caractère très particulier de cet
archipel dans l'histoire du pays (il a été pris par une action de
guerre par la Grande-Bretagne, en 1833, sans déclaration de guerre,
un acte particulièrement illégal même dans le monde tel qu'il
existait en 1833, où l'Argentine était un pays indépendant reconnu
par le Royaume-Uni en 1824)
la synthèse des trois jours de fête en un tout petit moins de deux heures par Televisión Pública
la synthèse des trois jours de fête en un tout petit moins de deux heures par Televisión Pública
(1) Evita est une comédie
musicale typiquement anglo-saxonne, qui n'a donc que fort peu à voir
avec ce que représente Evita Perón en Argentine... Les Français se
sont beaucoup plus exposés que leurs confrères de la marine des
Etats-Unis : chanson en castellano pur portègne garanti que le
chanteur a interprétée dans le texte. Une gageure sur le sol
argentin !