Piédestal du cénotaphe de Miranda à Caracas Cliquez sur l'image pour une haute résolution |
"Le Venezuela pleure le chagrin
de n'avoir pas pu retrouver les restes du Général Miranda
de n'avoir pas pu retrouver les restes du Général Miranda
qui ont été perdus, jetés à la fosse commune de la prison
où a expiré ce grand martyr de la Liberté américaine.
La République les garderait [aujourd'hui]
avec tous les honneurs qui leur sont dus
avec tous les honneurs qui leur sont dus
dans ce monument qui a été érigé pour eux
par le décret du Président de la République,
par le décret du Président de la République,
le général Joaquín Crespo, en date du 22 janvier 1895"
(Traduction © Denise Anne Clavilier)
Le 14 juillet 1816, le
Précurseur de l'indépendance de l'Amérique hispanique, Francisco
de Miranda, avait un peu plus de soixante-six ans.
Depuis plus de trois ans,
il expiait, dans la sinistre forteresse de San Fernando, près du
port militaire de Cadix, trente années de lutte passionnée pour
l'émancipation du continent qui l'avait vu naître, le 28 mars 1750,
à Caracas, qui était alors la capitale de la capitainerie-générale
du Venezuela.
Le pays dont rêvait Francisco de Miranda Image tirée de www.franciscodemiranda.info |
Dès que le prisonnier eut
exhalé le dernier soupir, les gardiens emportèrent son corps
enveloppé dans un simple drap, uniquement vêtu de sa chemise de
nuit, pour le jeter sans aucun égard à la fosse commune. Les
religieux, censés apporter leur assistance spirituelle aux détenus,
refusèrent d'accéder aux prières de son valet qui aurait voulu que
lui soient rendus les derniers devoirs de la religion. Le défunt
était agnostique ; les frères n'étaient pas disposés à
accorder la moindre faveur à un conspirateur qui avait porté
atteinte à la grandeur de l'empire espagnol même après son décès.
Une fois débarrassés du corps, les gardiens revinrent dans la
cellule, rassemblèrent tout ce qui s'y trouvait et y mirent le feu.
Un autodafé, comme il s'en pratiquait à nouveau dans l'Espagne de
la restauration.
Le 1er
avril 1816, Miranda avait souffert un accident vasculaire cérébral
qui l'avait laissé fortement handicapé, selon le témoignage
pathétique que nous en a laissé son domestique, qui partageait sa
captivité tout en étant lui-même assez libre de ses mouvements
pour parvenir à communiquer secrètement, au péril de sa vie, avec
les Britanniques de Gibraltar.
Plaque apposée sur la maison où vécut Miranda à Londres |
A Londres en 1811, Miranda
avait laissé une compagne aimante, la très discrète Sarah Andrews, de vingt-quatre
ans sa cadette, et leurs deux fils, de douze et dix ans, Leander et
Francisco, qui n'auront probablement conservé que fort peu de
souvenirs personnels de leur illustre père.
L'information du décès
parvint à Londres au début du mois de septembre, par des chemins
clandestins, car il ne fallait pas que l'on soupçonnât les
contacts que l'Angleterre avait pu garder avec le détenu.
Le 11 septembre, on lit
dans le Hereford Journal cette simple phrase :
"A letter
from Cadix communicates the death of General Miranda, who has at
length fallen a victim to Spanish barbarity."
Une lettre de Cadix nous
apprend la mort du général Miranda qui a péri, victime de la barbarie espagnole.
(Traduction © Denise Anne
Clavilier)
The Caledonian Mercury Cliquez sur l'image pour une meilleure résolution |
Le lendemain, le
Caledonian Mercury (ci-dessus) révélait les détails communiqués par le billet
que le valet avait fait parvenir à Gibraltar (1) :
"Nous
sommes au regret de dire qu'une lettre de Cadix
annonce la mort du général Miranda qui, au terme de ses jours, a péri victime de la barbarie espagnole (2) après un emprisonnement
de près de quatre années dans un horrible donjon, en violation
d'une capitulation des plus solennelles. La vengeance l'a poursuivi
jusqu'au-delà de la tombe. Les moines n'ont pas autorisé son fidèle majordome à lui rendre le moindre rite funéraire. Au contraire, ils
ont emporté le corps sur un misérable matelas et le lit de camp sur
lequel il avait expiré et livré aux flammes tous ses vêtements et
tout ses autres effets."
(Traduction © Denise Anne
Clavilier)
Dans l'Europe
soumise presque entière à la restauration et très éprouvée de
surcroît par une année froide et pluvieuse qui avait affecté la
production agricole dans tout l'hémisphère nord, peu de journaux
continentaux eurent l'audace de défier les souverains en
reproduisant cette information sulfureuse, à la notable exception de
La Gazette de Lausanne qui reprenait, dès le 1er
octobre, le peu que son éditeur et fondateur, Gabriel Antoine
Miéville, avait pu apprendre mais il lui faudra encore un an pour
écrire le fonds de sa pensée et rendre enfin l'hommage mérité à
Miranda, qu'il pourrait bien avoir connu personnellement lors du
circuit exhaustif que le Sud-Américain avait réalisé en Suisse en
1789 (3).
La Gazette de Lausanne, le 25 novembre 1817 Cliquez sur l'image pour une meilleure résolution |
En 1816, Miranda était
encore un homme extrêmement célèbre dans toute l'Europe.
Après dix années de
service dans l'armée espagnole, il avait participé, de 1780 à
1783, à la guerre d'indépendance des Etats-Unis d'Amérique comme
officier supérieur dans le corps expéditionnaire espagnol, envoyé
aux insurgés à côté des troupes de La Fayette.
Calomnié par un autre officier qui le jalousait, Miranda quitte le service du Roi et visite les Treize Colonies qui viennent de gagner leur indépendance du Royaume-Uni. Il y restera jusqu'en décembre 1785 et y rencontrera la plupart des membres du Gouvernement, y compris le président George Washington.
De retour en Europe, Miranda entame depuis Londres un long et exhaustif tour d'Europe jusqu'en décembre 1789. Il rencontra ainsi des personnalités aussi prestigieuses que Frédéric de Prusse et Catherine de Russie qui lui exprimèrent leur admiration et lui apportèrent protection et ressources financières, malgré l'opposition manifeste des ambassadeurs espagnols.
Calomnié par un autre officier qui le jalousait, Miranda quitte le service du Roi et visite les Treize Colonies qui viennent de gagner leur indépendance du Royaume-Uni. Il y restera jusqu'en décembre 1785 et y rencontrera la plupart des membres du Gouvernement, y compris le président George Washington.
De retour en Europe, Miranda entame depuis Londres un long et exhaustif tour d'Europe jusqu'en décembre 1789. Il rencontra ainsi des personnalités aussi prestigieuses que Frédéric de Prusse et Catherine de Russie qui lui exprimèrent leur admiration et lui apportèrent protection et ressources financières, malgré l'opposition manifeste des ambassadeurs espagnols.
Ecrivain polyglotte,
Francisco de Miranda nous a laissé des carnets de voyage minutieux,
plusieurs essais et discours, des monographies sur la musique, la
botanique ou les arts des contrées qu'il traversait. Il arrive en
France lorsque la Révolution éclate. Il parcourt alors le pays du
sud au nord, se lie d'une amitié indéfectible avec de nombreux
girondins. Il est de retour à Londres au début de l'année 1790.
Lorsque la France abolit la monarchie deux ans plus tard, il revient à Paris où il veut s'adresser à la Convention Nationale mais... la patrie est en danger. Elle lève en masse une armée citoyenne et les girondins demandent à Miranda de prendre du service contre la première coalition. Sous les couleurs du drapeau national, Miranda sert à Valmy puis à Jemappes, il monte jusqu'à Anvers et Maastricht avant d'être défait à Neervinden, à cause d'une stratégie incohérente de Dumouriez dont les ordres absurdes sont une diversion dont le but est de couvrir son passage dans le camp des émigrés.
Lorsque la France abolit la monarchie deux ans plus tard, il revient à Paris où il veut s'adresser à la Convention Nationale mais... la patrie est en danger. Elle lève en masse une armée citoyenne et les girondins demandent à Miranda de prendre du service contre la première coalition. Sous les couleurs du drapeau national, Miranda sert à Valmy puis à Jemappes, il monte jusqu'à Anvers et Maastricht avant d'être défait à Neervinden, à cause d'une stratégie incohérente de Dumouriez dont les ordres absurdes sont une diversion dont le but est de couvrir son passage dans le camp des émigrés.
Au lendemain de l'acquittement de Miranda, Chauvau Lagarde publia sa plaidoirie pour informer le public partout dans le pays Détail de la page de garde de l'édition originale conservée à la BNF |
Traîné devant le
Tribunal révolutionnaire en 1793 à la suite de cette défaite et
accablé par la haine de Robespierre et de Saint-Just, Miranda
obtient malgré tout son acquittement. Il doit cette heureuse issu de
son procès à son propre charisme et à sa passion contagieuse pour
la liberté mais aussi au long et génial plaidoyer de son défenseur,
Claude-François Chauveau-Lagarde, qui, le lendemain, exulte de ce
succès retentissant qui sauve la vie d'un homme exceptionnel. Après
le 9 Thermidor, on pourrait penser que l'horizon se dégage pour
Miranda mais l'éclaircie est de très courte durée. Sous le
Directoire, les difficultés réapparaissent pour Miranda qui plaide sa cause, sans se lasser, pour être que le gouvernement l'autorise à rester en France.
Mais celui-ci veut l'expulser car, depuis 1795, la France et
l'Espagne se sont alliées après la défaite de celle-ci dans la
guerre du Roussillon.
Le 22 décembre 1798, la mort dans l'âme, Miranda se résout enfin à gagner Londres une nouvelle fois, en espérant que le Royaume-Uni, qui représente alors à ses yeux un ordre politique conservateur, voire réactionnaire, comme pour tous les révolutionnaires sincères (4), acceptera de lui fournir un soutien armé et diplomatique pour donner sa liberté à l'Amérique espagnole.
Le 22 décembre 1798, la mort dans l'âme, Miranda se résout enfin à gagner Londres une nouvelle fois, en espérant que le Royaume-Uni, qui représente alors à ses yeux un ordre politique conservateur, voire réactionnaire, comme pour tous les révolutionnaires sincères (4), acceptera de lui fournir un soutien armé et diplomatique pour donner sa liberté à l'Amérique espagnole.
C'est à Londres, en 1802,
qu'il fait la connaissance de Sarah Andrews. Elle est sa logeuse et
elle devient sa maîtresse (5). Elle lui donne deux enfants. Dans la capitale anglaise, il va obtenir en 1806
une double opération qui sera un double désastre, l'une vers
Caracas, sous son commandement direct mais avec des moyens
insuffisants, et l'autre vers Buenos Aires, où le corps
expéditionnaire écossais sera rejeté à la mer par les Portègnes,
commandés par le capitaine du port, le Français Jacques de Liniers.
Miranda est revenu à Londres depuis deux ans lorsque Caracas se soulève enfin. La capitale de la capitainerie-générale du Venezuela refuse de prêter serment au Conseil de Régence qui gouverne l'Espagne fidèle au roi contre l'occupation française. Le 18 avril 1810 a en effet éclaté cette révolution qu'il appelait de ses vœux depuis au moins 1783.
En 1811, le Précurseur parvient, non sans mal, à rejoindre la terre qui l'a vu naître. Il se bat pendant
deux ans aux côtés de Bolívar mais les bonnes relations entre
l'aîné et le cadet ne résistent pas à l'épreuve de l'action et
lorsque Miranda s'estime acculé à une capitulation qu'il pense
honorable, Bolívar préfère le livrer à l'ennemi plutôt que de
se soumettre à cette décision qu'il estime inique. Le traité de capitulation devait assurer
la sécurité de Miranda mais les Espagnols violeront très vite
leur promesse à laquelle ils ne se sentaient nullement tenus envers
celui dont ils avaient maintes fois depuis trente ans demandé
l'extradition à tous les souverains, même à la Grande Catherine elle-même, tout là-bas, dans la très
lointaine Russie.
Miranda est revenu à Londres depuis deux ans lorsque Caracas se soulève enfin. La capitale de la capitainerie-générale du Venezuela refuse de prêter serment au Conseil de Régence qui gouverne l'Espagne fidèle au roi contre l'occupation française. Le 18 avril 1810 a en effet éclaté cette révolution qu'il appelait de ses vœux depuis au moins 1783.
"Avant d'aborder les
points que j'ai indiqués dans le numéro 17, il m'a semblé opportun
d'insérer dans la présente édition les portraits de quelques
personnalités du congrès [constituant] du Venezuela pour mieux
éclairer le public dans un domaine aussi important. Si nous ne nous
voyons pas dans la nécessité de donner au monde la preuve manifeste
de la rectitude de nos procédés, il n'y aurait nul besoin de
prendre la plume pour démontrer que nous devons être indépendants*,
eu égard aux raisons que ce très sage congrès a exposées.
Congrès du
Venezuela, séance du 3 juillet
Après que
plusieurs députés s'étaient exprimés, Monsieur Miranda prit la
parole et soutint la nécessité de l'indépendance avec de très
solides raisons qui forment un long discours énergique.
Une des
principales raisons sur lesquelles il appuyait sa position a été
l'ambiguïté que notre conduite induisait dans les calculs que font
l'Angleterre et les autres puissances capables de venir nous aider.
Toutes, dit-il, veulent savoir de manière positive quel est le
véritable état de nos relations avec cette autre puissance à
laquelle nous avons été unis jusqu'à présent" **
[...]
(Traduction ©
Denise Anne Clavilier)
*
Nous sommes en novembre 1812. Le moins que l'on puisse dire est que
les révolutionnaires argentins sont loin d'être déjà convaincus
de la nécessité de cette indépendance. Lorsque cette année-là, Manuel Belgrano a présenté son besoin de créer un drapeau qui soit propre
aux patriotes (révolutionnaires), il s'est fait sévèrement
reprendre par le pouvoir politique (et n'en a guère tenu compte,
puisque les circonstances opérationnelles rendaient indispensable ce
drapeau spécifique). De même lorsque San Martín est arrivé en
mars 1812, il est déjà indépendantiste à titre personnel et il se
marie dans une famille déjà acquise depuis longtemps à cette
conception politique, mais il se garde bien d'en dire un mot au
Triumvirat toujours très frileux sur le sujet. Le fondateur du Grito
del Sud n'est autre que Bernardo de Monteagudo, l'un des membres les
plus actifs de la toute récente Sociedad Patriótica, et son
principal rédacteur est Juan Manuel Cano (c'est lui qui dit "je"
dans le journal).
Le périodique est apparu le 14 janvier 1812. Le
deuxième numéro est sorti le 21 juillet et le titre a cessé de
paraître en février l'année suivante. Trop audacieux pour son
époque, sans doute. Comme le savent mes fidèles lecteurs, il faudra
attendre le 9 juillet 1816 et tout le poids politique de
personnalités comme San Martín et Belgrano pour que les députés
argentins osent déclarer l'indépendance.
**
l'Espagne bien sûr, mais le rédacteur ne veut même pas la nommer.
Une pénible agonie l'attend donc dans la sinistre prison de Cadix mis cette déréliction se verra compensée outre-tombe par une gloire posthume inégalable :
Les archives de Miranda, bapstisées Colombeia, ont été publiées en 23 volumes (11 464 pages), de 1929 à 1950. Plusieurs tomes ont été imprimés à Caracas, les autres l'ont été à La Havane, à Santiago du
Chili et à Buenos Aires. On avait longtemps cru perdus ces documents dont l'existence était manifeste dans son testament de 1805 et c'est
l'historien de l'université d'Urbana, dans l'Illinois, William Spence
Robertson, qui les découvrit en 1922 dans le manoir d'un descendant
d'un haut fonctionnaire du Foreign Office qui les avait entreposées
chez lui, comme des documents privés, après avoir quitté ses fonctions au ministère.
Plaque sous la statue de Miranda à Valmy Cliquez sur l'image pour une haute résolution |
"Vainqueur à Valmy aux côtés de Dumouriez et Kellerman,
il est entré dans la citadelle d'Anvers
comme commandant d'une armée française.
comme commandant d'une armée française.
Orateur, écrivain, entraîneur d'hommes, il a joué ensuite,
tout imprégné des énergies de la pensée française,
le grand rôle de précurseur de l'indépendance de l'Amérique latine
(1750-1816)"
(1750-1816)"
En 1930, pour le
champ de bataille de Valmy, un sculpteur vénézuélien, Lorenzo
González Cabrices (1877-1948), a conçu une puissante statue
pédestre qui se dresse sur un haut piédestal sur lequel on peut
lire un éloge enflammé, rédigé dans un français d'une belle
concision (ci-dessus). Cette statue a été reproduite dans des nombreuses villes
et lieux de mémoire, à La Havane, Caracas, Philadelphie, São Paolo
et Paris (square de l'Amérique Latine, XVIIème
arrondissement). A Paris, le nom de notre général est en outre
gravé sur l'Arc de Triomphe, où les représentations diplomatiques
du Venezuela présentes à Paris, accompagnées par le Souvenir
Napoléonien, ont déposé une gerbe le 22 juin dernier.
Londres et Cadix s'ornent
de deux autres statues pédestres, qui le représentent toutes deux
dans une attitude pacifiée, en penseur et en orateur, et non plus en
général au cœur de la bataille. A Londres, le Venezuela a acheté
la maison où il a vécu à partir de 1802, celle où Sarah Andrews a
terminé ses jours en 1847. Cette maison du plus pur style londonien
est devenue un musée, comme la maison où San Martín a vécu à
Boulogne-sur-Mer. Devenue, quant à elle, un musée argentin.
Enfin, Caracas a édifié
un cénotaphe très émouvant à la mémoire du Précurseur.
Depuis 1808, les
biographies de Miranda sont nombreuses au Venezuela, en Colombie, aux
Etats-Unis, en Grande-Bretagne, et ailleurs dans le monde. Sa vie a
inspiré plusieurs cinéastes ainsi que des musiciens, comme le
Vénézuélien Luis Ochoa...
A Paris, le Souvenir
Napoléonien prolongera les commémorations de ce bicentenaire avec
une conférence que je donnerai le 20 octobre 2016, à la mairie du
VIIIème
arrondissement, à 18h (entrée libre et gratuite).
Pour aller plus
loin :
consulter le site Internet privé d'un passionné d'histoire qui porte le nom de
Miranda sans se réclamer de sa descendance. Site en espagnol mais
administré depuis la Suisse
consulter le site Internet que le Venezuela a consacré au Colombeia, le fonds
d'archives que Miranda avait disposé par testament qu'il soit remis
à la bibliothèque publique de Caracas et qui est désormais
entreposé à la Academia Nacional de Historia (Venezuela).
* * *
Cet article conclut donc
l'ensemble des articles que j'ai consacrés, depuis 2010, au
Bicentenaire de l'Argentine puisque Miranda appartient autant à
l'Argentine qu'aux autres pays de l'Amérique hispanique. Cela ne
veut pas dire que j'en aie fini avec ce mot-clé de Bicentenaire.
Tout d'abord parce que
l'Alliance Française m'a réservée en Argentine quelques occasions
de prendre tout prochainement la parole dans le cadre de ces
célébrations en août prochain. Ensuite parce que le 24 août 2016,
Mendoza, San Juan et San Luis fêteront les deux cents ans de la
naissance d'une personne qui leur est très chère, Mercedes Tomasa
de San Martín Escalada, la fille biologique du Padre de la Patria,
or je serai dans ces provinces à cette date. Enfin parce que nous
entrons à présent dans le bicentenaire de la geste continentale de
San Martín, avec de belles célébrations à venir, autour du
parlement de San Martín avec les Pehuenches, en septembre à San
Carlos puis autour de la Traversée des Andes en janvier et février.
Ce sera ensuite les grandes dates du Chili (2017-2018) puis celles du
Pérou (2020-2022), sans oublier les deux cents ans du passage à
l'immortalité de Manuel Belgrano, le 20 juin 2020. Et plus tard, si
Dieu me prête vie, le Bicentenaire de l'Uruguay se profile à
l'horizon 2028-2030...
(1) Le rédacteur choisit
délibérément un vocabulaire qui renvoie au Moyen Age, que le
romantisme naissant s'imagine volontiers en repoussoir obscurantiste et cruel, et,
depuis son protestantisme ou simplement ses sentiments anti-papistes,
il s'en prend avec mépris cet emblème du catholicisme qu'est le
moine.
(2) Les Britanniques en
savaient quelque chose : en 1806, lorsque l'expédition de
Miranda échoua à Caracas, les Espagnols saisirent un des bâtiments
de l'escadre britannique. Ils considérèrent les marins, du haut en
bas de la hiérarchie, comme autant de pirates, alors qu'il
s'agissait de militaires réguliers. Douze officiers furent pendus,
plusieurs autres condamnés au bagne comme plusieurs hommes
d'équipage dont certains furent eux aussi exécutés. Après un tel
crime de guerre de la part des autorités espagnoles, on imagine sans
peine ce que coûta aux Britanniques de retourner leur alliance
traditionnelle en juillet 1808, après l'invasion de la Péninsule
par les troupes de l'Empire français !
(3) C'est un peu
l'impression que me donne le ton assez personnel de ces quelques
lignes. Or chez Miéville, quand le ton devient sensible à ce point,
c'est souvent le signe de son engagement personnel. Miéville était
né en 1766. Lors du passage de Miranda en Suisse, il avait donc 23
ans.
(4) En 1815, la perception
va changer : les libéraux vont s'éprendre de la monarchie
parlementaire à l'anglaise puisque le pays aura su conserver pendant
toute la tourmente révolutionnaire et napoléonienne la constance de
ses mœurs politiques, ses libertés individuelles, sa liberté de la
presse. Et le modèle anglais va devenir le modèle par excellence
pour les opposants aux restaurations du continent.
(5) J'évite ici d'entrer
dans la polémique vénézuélienne sur la nature du lien entre les
deux amants. Y eut-il un mariage ? Et dans ce cas, fut-ce un
mariage catholique ou un mariage anglican ? Et comment écarter
une union libre à la mode des premiers révolutionnaires de France,
dont Miranda pourrait bien avoir été adepte ?