mardi 23 mars 2021

ARA San Juan : le Conseil de Guerre a la main légère [Actu]

Clarín est le seul à en faire autant à la une
A droite, la photo d'un Macri à moitié endormi
avec son épouse au lit dans le fond
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Le Conseil de Guerre, saisi de l’affaire il y a quarante mois, s’est réuni pour émettre son jugement sur les cinq officiers de la chaîne de commandement qui avait en charge la sécurité en manœuvre du sous-marin ARA San Juan, perdu en Atlantique sud, à quelques encablures de la côte argentine, en novembre 2017 à la suite de toute une série d’erreurs techniques, de malversations économiques et de manquements hiérarchiques et retrouvé un an plus tard, à grands renforts d’aides de toutes sortes qui ont coûté un fric fou, alors qu’il apparaît qu’il avait été localisé quelques jours seulement après la catastrophe. 44 marins ont péri, qui n’ont reçu des honneurs officiels que l’année dernière, à l’initiative du nouveau président qui venait de prendre ses fonctions.

Au centre, les mesures que le gouvernement s'apprête à prendre
pour limiter l'expansion de l'épidémie
En haut, l'affaire de la visioconférence de la droite
En bas, au centre "Sanctions pour le naufrage"

Hier, le Conseil a rendu publique sa proposition de sanctions et elles ne sont pas très lourdes : certes contre le capitaine de vaisseau qui commandait la flotte de sous-marins (trois bâtiments conventionnels plutôt anciens) (1), celui-là même qui a reçu les appels de détresse du bâtiment en difficulté, il propose une destitution pure et dure mais en ce qui concerne son supérieur, l’ancien chef d’état-major de la Marine, l’ex-amiral Marcelo Srur, il ne serait que mis aux arrêts de rigueur pour 45 jours. Ce n’est pas cher payé pour autant de vies perdues, quand bien même la plus lourde des responsabilités serait celle du pouvoir exécutif (ce que doit déterminer l’instruction civile en cours). D’autant que Srur avait plus de galons que de sens de l’honneur : il n’a pas eu la dignité de démissionner de lui-même, le ministre l’y a contraint pour se protéger lui-même un mois après la tragédie et cela s’est traduit de facto par une honteuse (mais matériellement confortable) mise à la retraite.

Ce peu de sévérité du Conseil de guerre fait scandale aujourd’hui dans la presse argentine (même si seul Clarín en fait son gros titre) et il a soulevé le cœur des familles des sous-mariniers disparus qui attendent beaucoup plus de la justice pénale auprès de laquelle elles se sont portées partie civile (2). Leurs avocats souhaitent que ces sanctions proposées et leurs attendus (qui seront publiés vendredi) soient versés au dossier d’instruction comme autant de preuves de la culpabilité de ces chefs militaires bien peu glorieux.

L'info apparaît à droite
C'est le titre au milieu
L'affaire Macri n'apparaît pas en première page
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Les 250 pages d’attendus et de propositions vont maintenant remonter jusqu’au bureau du ministre qui a la compétence pour mettre en œuvre les sanctions suggérées par les amiraux.

© Denise Anne Clavilier

Pour aller plus loin :


Au sujet de Mauricio Macri que l'on voit sur les unes et à qui son successeur vient de tailler un costard sur mesure puisqu’à 10 h hier, avec des yeux encore lourds de sommeil, il a branché Zoom, en T-shirt ou en pyjama, pour une visio de travail (en année électorale) avec les ténors de son parti et que Madame apparaît, toujours au lit, à l’arrière-plan (3) :


Mise à jour du 24 mars 2021 :
La Prensa a publié sa une très tard hier et cette une interroge : elle fait mine d'approuver les décisions du conseil de guerre !

"La Marine argentine a appliqué des sanctions sans précédent",
dit le gros titre
au-dessus d'une photo du bureau dirigeant du Partido Justicialista
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Mise à jour du 27 mars 2021 :
lire l'article de Clarín sur la publication des attendus



(1) seulement deux maintenant, dont un seul en service (l’autre est en cale sèche pour entretien).

(2) A cette heure, l’instruction vise trois inculpés, Mauricio Macri, le président en exercice au moment du naufrage, Oscar Aguad, son ministre de la Défense, et Marcelo Srur.
(3) C’est le service communication de Juntos por el cambio, l’organisation politique et électorale qui allie la droite libérale et l’UCR, qui a publié les photos de cette visio. Avec ce genre d’amis, Macri n’a pas besoin d’ennemis !