mercredi 3 mars 2021

Página/12 se paye la tête de Macri & consorts grâce à un classique du tango – Article n° 6500 [Actu]


Il se pourrait bien que le président Alberto Fernández ait visé juste en rappelant lundi à tout l’électorat les dommages qu’une politique néolibérale a causés à l’ensemble du pays et notamment à quelques uns de ses services publics (santé, éducation et recherche) avec l’emprunt démesuré contracté auprès du FMI. La désormais opposition s’est beaucoup montré ses dernières heures pour tenter de justifier à tout prix ces décisions contestables. On est au début d’une année d’élections de mi-mandat et ce rappel, un 1er mars, du passif de la droite pourrait bien avoir son effet dans les urnes dans six mois.

Página/12 s’en donne donc à cœur-joie ce matin avec cette une qui représente l’équipe ministérielle en charge de l’économie sous la présidence de Mauricio Macri : un orchestre de tango moderne et plutôt underground (tout ce qu’ils ont toujours détesté), avec l’ancien président à la place de Piazzolla (qui a été le premier à jouer debout, un pied sur un tabouret pour soutenir l’instrument, ce qui a donné l’exemple à beaucoup d’instrumentistes actuels) et sur fond d’un tango des années 1920 : Mano a mano (nous sommes quittes).

Le juge (à gauche) à Macri : Vous avez endetté le pays comme jamais auparavant.
Macri : Oui
Le juge : Mais tout cet argent, il est où maintenant ?
Macri : Quelques petits malins l'auront placé à l’étranger.
Le juge : Qui ça ?
Macri : Je connais mes droits.
On ne peut pas m’obliger à déposer contre moi-même.
(Traduction © Denise Anne Clavilier)


Dans cette chanson, le parolier, le poète Celedonio Flores, fait parler un homme du peuple qui prend congé de sa maîtresse devenue cocotte depuis qu’elle a accepté de se faire entretenir. Il lui dit : « et si j’ai laissé quelque petite dette (Página/12 lui fait parler de « grosse dette »), tu la mettras sur le compte de l’abruti qui te paye tes factures ».

La musique de ce grand classique est signée du duo Carlos Gardel-José Razzano. Il a été enregistré pour la première fois en 1923 par Carlos Gardel. Écoutez-le sous ce lien (1) sur le site encyclopédique consacré au genre, Todo Tango.

A noter que ce matin, dans les journaux de droite, on ne retrouve pas les plaidoiries pro domo des ex-ministres visés par le président dans sa catilinaire de lundi. Seraient-ils en train de vraiment laisser tomber ces hommes ?

© Denise Anne Clavilier
www.barrio-de-tango.blogspot.com

Pour aller plus loin :



(1) Mano a mano fait bien entendu partie du corpus de chansons que j’ai traduit dans Barrio de Tango, recueil bilingue de tangos argentins, paru aux Éditions du Jasmin.