L'info est traitée en haut, au centre Titre principal : l'incertitude au 2nd tour de l'élection présidentielle au Pérou |
Une nouvelle fois, la justice fédérale clôt un dossier dans lequel la vice-présidente Cristina Kirchner était impliquée, soupçonnée de persécution politique, donc illégale et inconstitutionnelle, contre un fonctionnaire du contre-espionnage argentin. L’ancienne présidente aurait utilisé ses pouvoirs pour espionner l’espion. Comme dans d’autres affaires impliquant l’ancienne cheffe d’État, dans celle-ci, les faits n’étaient pas établis en bonne et due forme mais comme ils fragilisaient la crédibilité de la leader politique, ils arrangeaient l’opposition et les médias qui la soutiennent, lesquels ont donc préféré donner à tout cela l’apparence de la certitude. Les preuves manquaient, comme c’est le cas dans toutes les causes ouvertes contre elle. Pour les mieux construites d’entre elles, elles ne reposent que sur des faisceaux d’indices et pas toujours vraiment concordants.
En l’occurrence, un officier des renseignements avait disparu (il s’était installé aux États-Unis). Or il venait d’être entendu par la procureure portègne dans le cadre de l’instruction sur la mort violente du procureur fédéral Alberto Nisman. La justice et la presse, persuadées d’avoir de bons motifs pour soupçonner Cristina Kirchner d’être la commanditaire de la mort de Nisman, ont alors donné libre cours à leur imagination : en est sorti un véritable roman impliquant la présidente dans la disparition du magistrat alors que les évolutions ultérieures de l’enquête s’acheminent vers la probabilité d’un suicide, en dépit de tout ce qu’on a dit sa famille.
Au moment où la mort du procureur fédéral déclenchait un énorme scandale à rebondissements spectaculaires, une procédure normale avait été déclenchée par le chef du renseignement pour exiger d’une centaine de fonctionnaires sous ses ordres qu’ils rendent des comptes sur leurs activités professionnelles. L’officier auditionné par le parquet de Buenos Aires ne s’y est pas présenté, il a donc été considéré comme en fuite et par conséquent, il a été radié des cadres. Un ordre d’arrêt international a été émis par l’Argentine contre lui. Là-dessus, un procureur fédéral a considéré que cette procédure interne aux services de renseignements était inconstitutionnelle. Il y a vu dans le chef du gouvernement une tentative de réduire des témoins gênants au silence. Une instruction satellite a donc été ouverte et s’est accrochée à celle portant sur la mort de Nisman. La campagne électorale de 2015 a fait le reste pour déconsidérer la présidente et l’impliquer à fond dans cette disparition sanglante et dans le roman qui n’a cessé de se développer autour.
Le juge en charge de cette enquête secondaire vient de jeter l’éponge en libérant de toute poursuite les trois inculpés : la vice-présidente et les numéros 1 et 2 des services de renseignements de l’époque, le second étant à présent vice-ministre national de la Justice.
Bien entendu, comme Cristina est maintenant le deuxième personnage de l’État, ces trois non-lieu restent suspects aux yeux de ceux qui aimeraient beaucoup la voir derrière les barreaux. « Calomniez, calomniez, disait Francis Bacon, il en restera toujours quelque chose ! »
C’est imparable.
Pour aller
plus loin :
lire l’éditorial de Página/12 sur le lawfare (en cette nouvelle période pré-électorale)
lire l’article de La Prensa