Photo service de presse de la Province de Santa Fe |
Omar Perotti (ci-dessus), gouverneur de Santa Fe (allié politique du président), a inauguré hier la maison, restaurée, de son prédécesseur de l’époque indépendantiste, Estanislao López (1786-1838). Elle abrite désormais un musée consacré à cet officier et homme politique qui fut l’un des acteurs de la guerre civile (1820-1880) qui suivit la déclaration d’indépendance (9 juillet 1816).
Estanislao López a combattu dans les rangs des fédéraux, majoritaires dans l’Intérieur du pays et en particulier dans cette province, contre le jacobinisme et l’impérialisme interne de Buenos Aires, que le camp des unitaires a dominée la plupart du temps. López a vécu dans cette maison depuis son mariage en 1819 jusqu’à sa mort, un 15 juin. C’est donc cette date symbolique que le gouverneur a choisie pour saluer les travaux effectués par la province et lancer les nouvelles missions de l’institution.
Estanislao López fut l’un des lieutenants du général Manuel Belgrano (1770-1820) lors de sa campagne du Nord puis son interlocuteur lorsque le second eut pour mission en 1819 de rétablir la paix dans ce coin de l’Argentine. López fut aussi un allié politique de José de San Martín (1778-1850), qui ne rompit jamais le dialogue avec lui puisqu’il chercha continûment à rapprocher les deux camps indépendantistes en passe de devenir ennemis. C’est ainsi que López lui montra sa gratitude en lui sauvant la vie au cours de l’hiver 1823. Lorsque San Martín, désormais retiré des affaires publiques, voulut quitter Mendoza pour rejoindre Buenos Aires où sa femme, atteinte de tuberculose, était à l’agonie, le gouverneur de Santa Fe eut vent d’un guet-apens que des affidés du gouvernement de Buenos Aires s’apprêtait à lui tendre sur la route. En l’avertissant, López le sauva d’une mort certaine. Sans cette intervention, San Martín eût en effet été fait prisonnier, conduit comme un brigand de grand chemin jusqu’à Buenos Aires où l’un de ses ennemis politiques, le ministre unitaire Bernardino Rivadavia (1780-1845), se serait fait un plaisir de le faire fusiller pour avoir refusé en 1818 de jeter l’armée de Andes, levée au service exclusif de l’indépendance, dans la guerre fratricide entre l’État central installé à Buenos Aires et la Ligue des Peuples Libres, dont López faisait partie et qui s’était établie à Santa Fe.
Par la suite,
López joua un rôle très important dans la définition de sa
province comme État
républicain au sein de la Confédération argentine. C’est en
grande partie dans sa capitale et par son impulsion qu’on été
jetées les bases du fédéralisme argentin.
Le bâtiment s’élève dans le cœur historique de la ville de Santa Fe, capitale provinciale et ville de naissance et de mort du héros : elle occupe l’un des angles entre les avenues 9 de Julio et General López. La province veut en faire une attraction pour le tourisme culturel au niveau national. C’est l’une des rares demeures patriciennes qui soit parvenue complète jusqu’à nous en Argentine où la préservation de ce patrimoine architectural est une préoccupation récente.
López ayant combattu dans les rangs des fédéraux, qui, la fin des fins, ont perdu la guerre civile, même si la première et seule constitution mise en œuvre fait de la République argentine un État fédéral (1853), il ne fait pas vraiment partie intégrante du panthéon national. Rien d’étonnant donc qu’aujourd’hui, seul Página/12, dans son édition locale Rosario/12, rende compte de l’inauguration d’hier. Même El Litoral, le principal quotidien de la province, reste muet sur cette actualité sur son site Internet (il a publié un reportage sur sa chaîne Youtube).
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