samedi 26 juin 2021

La Nación fête le bicentenaire de son fondateur, le président Mitre [Actu]

Bartolomé Mitre, coiffé d'un chambergo
Une silhouette devenue iconique en Argentine
Archives de La Nación


Aujourd’hui, La Nación consacre la majeure partie de son supplément Ideas à son fondateur, Bartolomé Mitre (1821-1906), l’un des plus grands intellectuels argentins du 19e siècle. Ce grand personnage de l’histoire argentine était en effet né il y a deux cents ans, le 26 juin 1821.

Extrait de la une de La Nación ce matin
avec une caricature signée Alfredo, l'un des dessinateurs de la rédaction
Cliquez sur l'image pour une haute résolution

Intellectuel brillant et foisonnant, traducteur, écrivain, historien (au sens préscientifique que ce mot a de son vivant), officier, journaliste, patron de presse, homme politique qui fut aussi le premier président de la période baptisée República Conservadora (République conservatrice), soit vingt ans de gouvernement unitaire et libéral qui fit suite à une première Argentine constitutionnelle gouvernée par des partisans du régime fédéral. Il fut le premier biographe des grands héros de l’indépendance, Manuel Belgrano (en 1859) et José de San Martín (en 1887), et travailla même sur Martín Miguel Güemes (dont on vient de commémorer le bicentenaire de la mort à Salta, le 17 juin). Il fut le premier historien de la Revolución de Mayo, qui eut lieu le 25 mai 1810 et entama le processus qui devait conduire à la déclaration d’indépendance le 9 juillet 1816. Le travail de Bartolomé Mitre est devenu une sorte de référence canonique à laquelle tous les historiens argentins d’histoire événementielle, sans aucune exception, se réfèrent et qu’ils citent sans cesse dans leurs articles et leurs ouvrages, pour reprendra à leur compte ses interprétations ou pour les contester.

Mitre pose, coiffé de son traditionnel chambergo,
(dans l'axe de la troisième colonne à partir de la gauche)
avec la rédaction de La Nación, sur le toit du siège du journal,
à deux pas de la maison où il vivait
et qui est devenu un musée

Il a constitué un trio d’hommes politiques intellectuels avec Domingo Faustino Sarmiento (1811-1888), l’un des trois présidents de la República Conservadora (1860-1880), et Juan Bautista Alberdi (1811-1884), juriste, écrivain, musicien et diplomate à qui l’on doit la constitution actuelle, écrite et adoptée en 1853.

Mitre en 1897 harangue la foule depuis un balcon d'une maison
de Plaza Libertad, à Buenos Aires.
Cette maison était celle de Guerico, le directeur et fondateur
du Museo Nacional de Bellas Artes 

La Nación, le quotidien qu’il fonda et qu’il dirigea jusqu’à sa mort et dont le capital appartient encore à ses descendants, est en ce samedi le seul quotidien à marquer cet anniversaire et il le fait avec une impressionnante série de longs articles, illustrés de nombreuses photos issues des archives du journal. Le quotidien a fait appel à de nombreux spécialistes, parmi lesquels on compte l’historien et académicien Miguel Angel De Marco, Natalio Botana, le président actuel de la Academia Nacional de la Historia, et un économiste de l’université privée Torcuato Di Tella (l’équivalent d’une de nos grandes écoles de commerce).

Mitre "à la plage"
Il se promène ici à Mar del Plata

Cette solitude de La Nación est d’autant plus impressionnante que Bartolomé Mitre est une figure emblématique de la droite argentine et que ni Clarín ni La Prensa ne devraient être indifférents à une telle date, quand bien même leurs propriétaires ne partageraient pas complètement l’idéologie franc-maçonne de ce personnage historique incontournable.

© Denise Anne Clavilier

Pour aller plus loin :

lire l’article sur la modernisation de l’Argentine que l’on doit à Mitre
lire l’article sur son travail d’historien et de collectionneur de documents historiques
lire l’article sur sa traduction de la Divine Comédie de Dante (dont on fête en 2021 les 800 ans de la mort).