Bartolomé Mitre, coiffé d'un chambergo Une silhouette devenue iconique en Argentine Archives de La Nación |
Aujourd’hui,
La
Nación
consacre la majeure partie de son supplément Ideas
à son fondateur, Bartolomé Mitre (1821-1906), l’un des plus
grands intellectuels argentins du 19e
siècle. Ce grand personnage de l’histoire argentine était en
effet né il y a deux cents ans, le 26 juin 1821.
Extrait de la une de La Nación ce matin
avec une caricature signée Alfredo, l'un des dessinateurs de la rédaction
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Intellectuel brillant et foisonnant,
traducteur, écrivain, historien (au sens préscientifique que ce mot
a de son vivant), officier, journaliste, patron de presse, homme
politique qui fut aussi le premier président de la période baptisée
República Conservadora (République conservatrice), soit vingt ans
de gouvernement unitaire et libéral qui fit suite à une première
Argentine constitutionnelle gouvernée par des partisans du régime
fédéral. Il fut le premier biographe des grands héros de
l’indépendance, Manuel Belgrano (en 1859) et José de San Martín
(en 1887), et travailla même sur Martín Miguel Güemes (dont on
vient de commémorer le bicentenaire de la mort à Salta, le 17 juin). Il fut le
premier historien de la Revolución de Mayo, qui eut lieu le 25 mai
1810 et entama le processus qui devait conduire à la déclaration
d’indépendance le 9 juillet 1816. Le travail de Bartolomé Mitre
est devenu une sorte de référence canonique à laquelle tous les
historiens argentins d’histoire événementielle, sans aucune
exception, se réfèrent et qu’ils citent sans cesse dans leurs
articles et leurs ouvrages, pour reprendra à leur compte ses
interprétations ou pour les contester.
Il a constitué
un trio d’hommes politiques intellectuels avec Domingo Faustino
Sarmiento (1811-1888), l’un des trois présidents de la República
Conservadora (1860-1880), et Juan Bautista Alberdi (1811-1884),
juriste, écrivain, musicien et diplomate à qui l’on doit la
constitution actuelle, écrite et adoptée en 1853.
Mitre en 1897 harangue la foule depuis un balcon d'une maison
de Plaza Libertad, à Buenos Aires.
Cette maison était celle de Guerico, le directeur et fondateur
du Museo Nacional de Bellas Artes
La Nación,
le quotidien qu’il fonda et qu’il dirigea jusqu’à sa mort et
dont le capital appartient encore à ses descendants, est en ce
samedi le seul quotidien à marquer cet anniversaire et il le fait
avec une impressionnante série de longs articles, illustrés de
nombreuses photos issues des archives du journal. Le quotidien a fait
appel à de nombreux spécialistes, parmi lesquels on compte
l’historien et académicien Miguel Angel De Marco, Natalio Botana,
le président actuel de la Academia Nacional de la Historia, et un
économiste de l’université privée Torcuato Di Tella
(l’équivalent d’une de nos grandes écoles de commerce).
Mitre "à la plage"
Il se promène ici à Mar del Plata
Cette solitude de La Nación est d’autant plus impressionnante que Bartolomé Mitre est une figure emblématique de la droite argentine et que ni Clarín ni La Prensa ne devraient être indifférents à une telle date, quand bien même leurs propriétaires ne partageraient pas complètement l’idéologie franc-maçonne de ce personnage historique incontournable.
Pour aller
plus loin :
lire l’article sur son travail d’historien et de collectionneur de documents historiques
lire l’article de De Marco sur son rôle militaire