vendredi 22 janvier 2016

On a découvert un dinosaure à Mendoza / "¡Muerto sí, claro!" (Article n° 4700) [Actu]

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Depuis 1993, c'est une blague permanente en Argentine dès qu'on parle de dinosaure : demander s'il est vivant, comme le fit cette année une vedette quelque peu évaporée (et dont on taira le nom) dans une conversation à bâtons rompus avec la super-vedette Mirtha Legrand, qui n'a pas pu s'empêcher d'éclater de rire devant la stupidité de la question...


Une partie de l'équipe et l'humérus du petit dino...
González Riga est au centre 

On a donc bien trouvé, dans le sud de la province de Mendoza, sur le territoire de la commune de Malargüe, quelques élément d'un gigantesque fossile appartenant au plus grand dinosaure connu à ce jour, baptisé du nom latin de Notocolossus gonzalezparejazi (ce qui se traduit "Colosse du Sud [en hommage à] Jorge González Parejas", un chercheur qui a travaillé à Mendoza pendant vingt ans sur ce sujet).

La petite bête mesurait 30 mètres (approximativement) et devait peser 60 tonnes. Elle vivait il y a 86 millions d'années. L'un de ses pieds est parfaitement conservé, la structure en est intacte, on voit très bien les articulations qui lui permettaient de se mouvoir. Son humérus, qui a été retrouvé intact lui aussi, mesure rien mois que 1,76 m, soit la taille d'un homo sapiens sapiens d'aujourd'hui comme on le voit sur la photo... La découverte a fait l'objet d'une publication dans la revue scientifique britannique Nature, le 18 janvier 2016, sous le titre : "A gigantic new dinosaur from Argentina and the evolution of the sauropod hind foot".

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Le paléontologue auquel on doit la découverte, le Pr. Bernardo Javier González Riga (1), du CONICET (équivalent du CNRS français), directeur du laboratoire des Dinosaures de la Universidad Nacional de Cuyo (UNCuyo), à Mendoza, a fait une partie de ses études à Córdoba, ce qui vaut à cette dernière cité de se sentir doublement honorée aujourd'hui : elle fête le premier saint argentin, qui est l'un de ses fils, et s'attribue un petit bout du prestige d'une découverte qui fait le tour du monde scientifique et médiatique.

Copie d'écran du site de Nature
en couleur les parties du squelette qui ont été retrouvées

Le fossile, de la famille des sauropodes mendocins, a été identifié en 2009 dans un gisement fossile lui-même découvert en 2006. Aujourd'hui, la nouvelle atteint le grand public grâce à la traduction en espagnol pour la presse généraliste. De son côté, l'université, en pleine période de vacances d'éta, publie une interview du chercheur et c'est un véritable dossier de vulgarisation en espagnol, réalisé à partir de l'article scientifique tel qu'il a été envoyé à la revue en avril 2015, qui est disponible en ligne. La presse provinciale met la nouvelle à la une.

La municipalité de Malargüe se prépare à ouvrir prochainement un parc thématique consacré aux découvertes paléontologiques réalisées sur son territoire. Ce nouvel atout culturel et touristique devrait s'appeler le Parque Cretácico Huellas de Dinosaurios (parc crétacique Empreintes de Dinosaures) et être développé pour la partie de vulgarisation scientique en partenariat avec l'UNCuyo.

Pour aller plus loin :
Du côté scientifique :
lire l'article de Nature (en anglais)
lire l'interview de González Riga sur le journal en ligne grand public de la UNCuyo, Unidiversidad
lire l'article d'hier sur le mode de vie du Notocolossus sur le même journal
lire l'article du 2 octobre 2012 sur un état antérieur de la découverte scientifique, toujours sur Unidiversidad
visiter le site Internet de la UNCuyo

Ajout du 7 février 2016 :
lire le communiqué du Conicet, le centre national de recherche scientifique et technologique argentin.



(1) Les Argentins disent Doctor González Riga, parce que le titre donné à quelqu'un est celui de son diplôme universitaire le plus élevé. En France, en Belgique et en Suisse, on utilise plutôt le titre relevant des fonctions universitaire.